Elle :
Two lovers est un film magnifique tant pour sa beauté visuelle qu’émotionnelle. C’est un film d’une grande intensité sur la façon d’aimer ; soit on choisit son destin, soit on se le laisse imposer un schéma par sa famille sécurisante. Léonard hésite entre Sandra, une femme rassurante et aimante et Michelle, une femme imprévisible et éblouissante. La vie toute tracée et l’amour sage ou le risque accompagné de la fulgurance de l’amour. Les ambiances nocturnes sont sublimes, les déambulations dans New York sont presque déchirantes. Joaquin Phoenix impose la forte présence d’un homme chez qui tout peut basculer. Gwyneth Paltrow et Vinessa Shaw sont également émouvantes. L’amour et la tendresse filtrent de l’image à chaque plan.
Note :
Lui :
Revenu vivre chez ses parents après une rupture douloureuse, Leonard va devoir choisir entre un amour raisonnable et une passion plus instable. Avec Two Lovers, James Gray délaisse (enfin) le monde de la Mafia pour nous livrer un mélodrame sentimental de toute beauté. Ses personnages ont une telle profondeur, il y a tant d’intensité dans cette histoire d’amour à plusieurs facettes que le film ne semble jamais nous lâcher ; aucun temps mort, aucune scène ne paraît plus faible qu’une autre. Joaquim Phoenix livre une interprétation très riche, empreinte d’une forte sensibilité. Gwyneth Paltrow, que l’on a l’habitude de voir dans rôles plus futiles, est à la fois resplendissante et tourmentée. La photographie est très belle, James Gray montre tout son talent dans les scènes de nuit à New York, de superbes images mise en parfaite harmonie avec la musique, et aussi dans les scènes d’intérieur, souvent en demie pénombre, focalisant notre attention par un subtil jeu de lumières. Que ce soit sur le contenu ou sur la forme, Two Lovers est vraiment du grand cinéma.
Note :
Acteurs: Joaquin Phoenix, Gwyneth Paltrow, Vinessa Shaw, Moni Moshonov, Isabella Rossellini, Bob Ari
Voir la fiche du film et la filmographie de James Gray sur le site IMDB.
Voir les autres films de James Gray chroniqués sur ce blog…
autant je partage totalement votre avis sur le film,qui est sublime et trés émouvant, autant je me sens obligée de vous faire remarquer que Leonard « n’hésite » pas du tout entre les deux femmes! il n’a pas le choix! il est amoureux de Michelle (G.Paltrow) qui ne l’aime pas en retour,qui aime son amant marié. par contre la jeune femme intérprétée par Vinessa Shaw elle oui, aime Leonard,mais il ne va vers elle que parce qu’il est finalement abandonné par Michelle. j’ai souvent lu cette interprétation de l’homme prit entre deux femmes, qui est réfutée par James Gray lui même! a part ça votre critique me fait trés plaisir, j’adore ce film.
Oui, vous avez raison, le terme « hésiter » n’est probablement pas le meilleur terme dans le sens où au final il n’a pas le choix (quoique si, il fait un choix… qui ne sera pas possible). D’un autre côté, comme je fais toujours attention à ne pas dévoiler la fin des films, « hésiter » est un terme générique qui ne donne qu’une indication globale…
Ce liste est dans ma liste d’oeuvres à découvrir. Merci de ne pas hésiter 😉 à éviter de nous raconter la fin…
Houlala, j’en sorts de ce film, vu tardivement. Quel pot de miel dégoulinant. Où voyez-vous du talent ? Même le triste Woody Allen fait mieux. J’ai bien ris par contre devant tant de mièvrerie, ça vaut bien un Laurel et Hardy par moment et cela se regarde les pieds dans les chips. Film ronflant !
Je l’ai revu récemment. Je partage l’avis d’Ana. Il ne choisit pas, mais doit juste composer avec la réalité.
La scène du toit, le regard de la mère lors du dernier plan… Ce film est bourré de subtilités, de bouts de phrases, de petits regards qui sont à peu près tout sauf mièvres. Y’a rien de gentillet, rien de fade. C’est tout le contraire.
« Léonard hésite entre Sandra, une femme rassurante et aimante et Michelle, une femme imprévisible et éblouissante. »
Contresens complet. Léonard est malade, d’une maladie bien connue et décrite par Shakespeare dans Mesure pour Mesure ou Rohmer dans La Collectionneuse, Ma nuit chez Maud ou Le Genou de Claire, pour ne pas faire une liste trop longue. Il n’a pas de vie parce qu’il est irrésistiblement attiré l’impossible. Il recherche l’impossible comme promesse d’un assouvissement infini et incomparable avec les asosuvissement relatifs qui nous sont donné par la vie. C’est parce que ces joies sont données et limitées qu’ils les rejette et c’est parce que les autres lui sont interdites qu’il les poursuit. Léonard pourrit sur place. Il n’a pas de vie. Et Michelle n’est pour lui qu’une occasion de plus de s’assurer de la frustration de son désir, elle lui donne la sécurité qu’il ne se passera rien – car il est étranger à son monde et elle ne l’aime pas. Avec Michelle, Léonard verrouille son système : la promesse d’un assouvissement infini, l’impossibilité, la souffrance, la preuve de l’infini par la souffrance. Avec Sandra, tout est possible, elle l’aime, elle est de son monde, les familles sont amies, par elle il peut travailler comme photographe… il peut avoir un métier, de l’argent, une femme et des enfants… commencer à vivre, prendre LE risque. Two Lovers est un film post-freudien (avec Tetro de Coppola pour d’autres raisons), parce qu’il rompt avec le mythe de la famille comme bouc émissaire de la frustration. Les parents de Léonard ne mettent aucun obstacle à son entrée dans la vie, la vie réelle, concrète, risquée, avec des factures à payer, des enfants à habiller, des joies, des disputes et parfois des tragédies. L’obstacle est posé par Léonard lui-même, tout seul. James Gray exprime avec profondeur cette rupture quand Sandra explique à Léonard que si les apparences avaient pu lui faire croire que leur rencontre avait été arrangée par leurs mères, en réalité, c’est elle, Sandra, qui leur avait demandé d’organiser la rencontre… La famille n’est pas ici obstacle, elle est au contraire médiation et ouverture sur la réalité et la vie. La rencontre « arrangée » avait ainsi été librement désirée, mais la rencontre « spontanée » complètement arrangée… Dans le métro… souvenez-vous du cirque de Léonard pour simuler le hasard. Cette spontanéité arrangée, cette machination, cette sécurisation sont nécessaires, et le mécanisme est de blocage. Léonard est bloqué comme photographe, comme homme, comme personne, à cause de son désir asservi à l’impossible. Il ne peut désirer que l’impossible, rien ne lui est donc jamais arrivé. Et il ne lui arrive rien avec Michelle qui part sans lui, résultat : le néant. Mais Sandra lui offre la possibilité de commencer à vivre.
Merci. Votre analyse est très intéressante.