Titre original : « Wild River »
Lui :
Dans les années trente, au moment de la construction de grands barrages sur le fleuve Tennessee surnommé « le fleuve sauvage » à cause de ses crues fréquentes et meurtrières, un jeune ingénieur est chargé par l’Administration d’aller convaincre une vieille femme qui refuse de vendre sa terre. Il s’agit en réalité d’une petite île sur laquelle elle vit avec sa famille et de nombreux ouvriers agricoles noirs. Dans cet affrontement entre l’intérêt collectif et l’individualisme, le plus étonnant est qu’Elia Kazan ne prend pas partie. Il ne prend, en tout cas, certainement pas le chemin que l’on pensait le voir prendre (il a souvent mis en avant des personnages forts et un certain individualisme). Le Fleuve Sauvage est ainsi un film complexe. Il est avant tout profondément humaniste. Le personnage principal, brillamment interprété par Montgomery Clift, peut paraître fade au tout premier abord mais révèle ensuite une profondeur étonnante. Très belle interprétation également de Lee Remick qui montre beaucoup de présence à l’écran tout en ayant un jeu assez retenu. Il y a aussi dans Le Fleuve Sauvage un lyrisme peu coutumier au réalisateur, lyrisme inspiré par cette nature sauvage qui semble l’inspirer. Le film déconcerta le public à sa sortie. Il reste aujourd’hui encore mal connu, assez injustement.
Note :
Acteurs: Montgomery Clift, Lee Remick, Jo Van Fleet, Albert Salmi, Frank Overton
Voir la fiche du film et la filmographie de Elia Kazan sur le site IMDB.
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Très grand film méconnu qui a eu le mérite de montrer l’autre côté du progrès triomphant: une campagne desertifiée et appauvrie, une population qui n’avait plus rien à espérer sinon mourir sur sa terre.
Vous oubliez Jo Van Fleet dans le rôle de la vieille dame mais il est vrai qu’elle était imbattable et inévitable dans ce genre de rôle à l’époque!
Effectivement c’est un très bon film, technique excellent. Mais il est vrai que le message est très ambigu. On ne sait si c’est le progrès qui est critiqué ou l’étatisme rooseveltien. C’est toujours comme ça avec Kazan, après avoir vendu ses copains à la commission McCarthy, il n’arrive plus qu’à prendre le parti de l’individualisme.
La direction des acteurs est excellente, et Jo Van Fleet bien sûr. ON peut reprocher cependant une fin un peu convenue.
Effectivement, on ne sait s’il a voulu critiquer l’étatisme rooseveltien ou l’individualisme ou le progrès. A aucun moment, il ne critique le bien-fondé de l’établissement du barrage et d’ailleurs il débute son film par le témoignage (images réelles d’archives?) d’une victime des crues qui a perdu toute sa famille.
De l’autre côté, son symbole de l’individualisme est une vieille femme qui surexploite plusieurs familles de noirs qu’elle loge dans des conditions absolument lamentables… le tableau n’est guère reluisant. Mais il montre aussi le bien-fondé de son opposition à l’expropriation.
Le seule chose qui soit sûre, c’est que son film est très humaniste et aussi très nettement anti-ségrégationniste. La mentalité du Sud n’est guère montrée à son avantage…