Lui :
Adapté du roman Creezy de Félicien Marceau, La race des seigneurs nous plonge dans le monde de la politique et du pouvoir : un homme de gauche, sur le point d’accepter un portefeuille de ministre dans un gouvernement de droite, doit choisir entre sa carrière politique et son amour pour une jeune femme mannequin…(!) Le film de Granier-Deferre offre à Alain Delon un rôle qui semble avoir été fait sur mesure pour lui. Il colle merveilleusement à son personnage, une « bête politique », hyperactif, qui vise son but ultime ignorant les méandres et déconvenues en chemin. Delon occupe logiquement tout le terrain mais il est bien épaulé par de beaux seconds rôles bien définis et surtout remarquablement interprétés (Claude Rich, Jeanne Moreau, …) La plastique de Sidne Rome est bien mise en valeur par une belle photographie, le côté légèrement sulfureux du film (plans assez appuyés sur sa poitrine nue) ayant bien entendu disparu avec le temps. Le film de Granier-Deferre fait partie de ces grands films commerciaux français de qualité des années 70. Le fond du propos de La race des seigneurs, sur les sacrifices nécessaires à faire pour réussir sa carrière politique, est toujours aussi actuel et le film n’a donc pas vieilli.
Note :
Acteurs: Alain Delon, Sydne Rome, Jeanne Moreau, Claude Rich, Jean-Marc Bory, Jean-Pierre Castaldi
Voir la fiche du film et la filmographie de Pierre Granier-Deferre sur le site IMDB.
Voir les autres films de Pierre Granier-Deferre chroniqués sur ce blog…
Ce film est moins intéressant pour l’intrigue amoureuse que pour le regard sur les moeurs politiques.
Derrière l’intrigue, il s’agit en fait d’une étude de moeurs, balzacienne, des arcanes du pouvoir de la Vème République. Derrière le personnage de Delon beau, opportuniste, dynamique, on reconnaît en filigrane le Jacques Chirac des années 70 à la conquête du pouvoir.
Pour s’enconvaincre, il suffit de voir le rôle de l’éminence grise jouée par Jeanne Moreau qui ressemble trait pour trait à Marie-France Garaud, conseillère de l’ombre, longtemps la femme la plus puissante de France.
Contrairement aux Etats-Unis qui n’hésitent pas à se pencher sur leur histoire et système politique, le cinéma français par paresse intellectuelle ou par peur de censure s’est peu intéressé aux faits politiques contemporains. Donc, quelque soient les faiblesses du film, il faut souligner le bel effort de Granier Defferre: une plongée dans les eaux troubles de la Vème République.
Dans ce même esprit, on parle d’un film prochain sur la mort tragique de Pierre Beregovoy…
Oui, vous avez raison de bien souligner ce point.
Il est vrai que le personnage joué par Jeanne Moreau fait penser à Marie-France Garaud même si Granier-Deferre la rend un peu plus âgée et surtout en dehors des sphères de la majorité en place (elle est dans l’opposition, de centre-gauche pourrait-on dire).
Mais au delà de ressemblances directes, c’est comme vous le dites un film sur les moeurs politiques.
On peut effectivement minimiser l’aventure de Delon avec son mannequin, mais (comme on vient de le voir très récemment) ce genre d’aventure peut avoir un impact démesuré en politique. Cela reste très actuel.