Titre original : « Cha no aji »
Elle :
Il est indéniable qu’il y a une écriture particulière dans ce film. Atmosphère poétique teintée d’onirisme et de fantastique. De l’imaginaire certes mais qui finit par me lasser. Abandon au bout d’une heure.
Note :
Lui :
Je suis assez mitigé sur ce film : j’ai assez apprécié l’approche assez poétique et l’atmosphère que le réalisateur a su insuffler, mais je suis très loin de partager ce sentiment d’enthousiasme qui a accompagné ce film. D’une part, je ne suis pas franchement convaincu par la forme, que je ne trouve pas vraiment novatrice d’ailleurs, et d’autre part le film est vraiment très lent pour un contenu à mes yeux très léger. S’il est vrai que l’esprit de certains plans peut évoquer les films d’Ozu (de la dernière période), la comparaison ne peut à mon avis s’appliquer au contenu, qui reste ici essentiellement dans le registre contemplatif… Les appréciations élogieuses mentionnent souvent l’univers du manga ; voilà peut-être pourquoi nous sommes restés plutôt insensibles à ce film : le nombre de mangas que j’ai du lire est passablement réduit et je suis à peu près certain de n’avoir jamais vu un seul épisode de Goldorak de ma vie. Pas ma génération… Cependant, si je me suis plutôt ennuyé pendant la première moitié du film, je me suis laissé un peu gagner par son atmosphère par la suite.
Note :
Acteurs: Takahiro Sato, Tadanobu Asano, Satomi Tezuka, Maya Banno
Voir la fiche du film et la filmographie de Katsuhito Ishii sur le site imdb.com.
Ah, tiens, je suis étonné de vos avis plutôt négatifs sur ce film. Peut-être êtes-vous allés le voir après son succès, et en attendiez-vous trop ?
Pour ma part, je l’avais vu dès sa sortie, sans vraiment savoir à quoi m’attendre : seule la présentation laconique du Pariscope m’avait donné envie de le voir (à l’époque, j’avais acquis un « savoir-faire » pour identifier les films susceptibles de m’intéresser à partir des quelques lignes du Pariscope). Personne n’en avait encore parlé, je n’avais aucun a-priori, rien ne me laissait penser que ce petit film sans prétention allait être autant apprécié.
Dans ce contexte, j’y ai d’abord vu un film éminemment sympathique, sans prétention, ce qui lui permettait d’exprimer sa fantaisie sans maniérisme et sans complexe. Et la fantaisie totale de ce film, son empathie pour des personnages ratés, minables ou anodins… mais assumant leur marginalité et la transformant en créativité et en pulsion de vie, m’avaient complètement enchanté.
Je n’appartiens pas à la culture « manga » (oui, j’ai vu quelques dessins animés japonais à la télé étant enfant, mais c’était au tout début de leur diffusion, ils restaient marginaux, et ne m’ont vraiment pas marqué culturellement ; je n’ai pratiquement jamais lu de manga BD). Je suis plutôt réservé vis-à-vis du Japon urbain, moderne et machiste. Je ne raffole pas des films branquignols avec des personnages gratuitement haut-en-couleur.
Et pourtant, j’ai été emporté par ces gens simples, par la vision de ce Japon rural si rarement évoqué au cinéma (je parle du Japon rural contemporain !, car le Japon rural médiéval ou du début du XXe siècle l’a bien sûr été souvent), par ce burlesque, par cette façon de donner leur place entière à des gens « fêlés » qui auraient été moqués ou qui auraient eu des rôles marginaux dans d’autres films.
Oui, j’y ai trouvé de la poésie, cette poésie audacieuse qui n’a pas peur de surprendre, de choquer parfois, de mettre provisoirement mal-à-l’aise pour nous permettre d’entrer dans une autre vision du monde.
J’ai beaucoup « goûté » ce taste of tea. Pas parce qu’il aurait une « forme novatrice » ou un contenu philosophique inoubliable : ce n’est pas un grand film, je pense qu’il n’en a jamais eu la prétention, et c’est pour moi un contresens de le juger à cette aune. Mais parce qu’il s’agit de cinéma empathique, à auteur d’humain, onirique, doucement dérangeant et finalement enthousiasmant.
Merci pour cet éclairage sur ce film qui vient contrebalancer nos avis assez négatifs. Peut-être faudrait-il que je le revoie…