25 juin 2006

Le promeneur du Champ de Mars (2005) de Robert Guédiguian

Le promeneur du Champ de Mars Elle :
Cette adaptation des « Mémoires interrompues » de Georges-Marc Benamou est davantage une promenade de fin de vie dans les derniers mois d’existence de François Mitterrand qu’un film sur les coulisses de la politique. Le nom du président n’est jamais prononcé et la France du quotidien est gommée totalement. Seules les références au passé avec la famille, l’affaire Bousquet et au présent avec la maladie qui le ronge de l’intérieur sont mises en avant. Le président se retrouve sur le même pied d’égalité qu’un homme ordinaire confronté à la vieillesse et à la maladie. Michel Bouquet est éblouissant dans ce rôle d’homme désemparé et sarcastique. Il pense à la trace qu’il va laisser dans l’histoire et à la mort prochaine qu’il tente d’apprivoiser. Le jeune journaliste devenu le confident du président sans trop savoir pourquoi, recueille le témoignage tout en essayant de prendre du recul sur l’histoire malgré sa fascination pour le personnage. La mise en scène aux ambiances feutrées pour des confidences intimes est sobre et belle. Un bon film à découvrir que l’on soit de droite ou de gauche.
Note : 5 étoiles

Lui :
Michel Bouquet est vraiment saisissant de vérité dans son interprétation de François Mitterrand à la veille de sa mort. Le film de Robert Guédiguian nous montre plus l’homme que l’homme d’état : il sait que sa mort est proche et les rapports qu’il entretient avec le jeune journaliste chargé d’écrire un livre de mémoires sont presque hors du temps. Le film évite tout contenu politique (mis à part un discours devant des mineurs) et aussi la facilité de montrer les coulisses du pouvoir. Non, Le promeneur du Champ de Mars est un film qui se regarde bien plus simplement. C’est surtout un film de réflexion sur la fin de vie et sur la mort.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Michel Bouquet, Jalil Lespert
Voir la fiche du film et la filmographie de Robert Guédiguian sur le site IMDB.

Voir les autres films de Robert Guédiguian chroniqués sur ce blog…

2 réflexions sur « Le promeneur du Champ de Mars (2005) de Robert Guédiguian »

  1. Mais c’est qu’il est sympathique, ce blog!
    Bon, vous me donnez envie d’enregistrer Le promeneur du Champ de Mars…..Ici, à Tahiti, c’est la dernière fois qu’ils le diffusent sur canal plus demain.
    Je programme, et mets ce blog dans mes favoris!
    Merci!

  2. « Il faut mépriser l’évènement par la passion de l’indifférence ».

    Cette phrase divine fait partie d’un conversationnel de fin de vie entre un bilan satisfait et un doute existentiel. Ce qui a été formate par le souvenir ce qui a peur d’être. Ce qui fut se grave dans l’histoire en blanchissant des perceptions dérangeantes contestées par des mémoires plus rationnelles. Ce qui est essaie de comprendre ce qui fut afin de garder intact une admiration envers un passé détenteur de repères Politiques.

    L’homme en noir rongé par la maladie chasse de sa mémoire ce qui ne correspond pas à une reconnaissance éternelle pendant qu’un oisillon victime d’une époque où la jouissance des êtres et des biens sont réduits au rang de consommables exige l’explication d’un héritage historique.

    Bousquet est dérangeant, retranché dans un contexte repeint par une mémoire imposant ses propres images. La gloire éternelle se doit d’être l’icône officielle d’un parcours retaillé à son avantage afin d’offrir une loyauté à des enfants susceptibles d’adorer un souvenir.

    Le président moribond se grise en restaurant le périple d’une vie considérée comme sans failles, il se braque puis explique calmement une incohérence rapidement oubliée par la sécurisante ambiance d’un Guiness.

    « Je suis le président qui a effectué le plus long mandat présidentiel, après moi il n’y aura que des présidents comptables ».

    Un « moi » de plus en plus surgonflé voyage en parallèle dans une fin de règne elle-même talonnée par une fin de vie en se fabricant un pedigree honorable sous le regard d’une énergie montante corridor entre l’honneur de la patrie et l’opportunité du gain par les nouvelles technologies.

    Michel Bouquet est sans nul doute un comédien exceptionnel, pathétique, manipulateur parfaitement en fréquence dans la peau d’un personnage en lutte contre une architecture interne dépareillée avec l’image qu’il désire laissée préférant se remettre à niveau par ses propres pensées plutôt que par ses actes

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