Elle :
Talentueux et irrésistible duo d’acteurs que sont Fernandel et Fernand Charpin ! Marcel Pagnol se livre à une peinture acerbe du milieu du cinéma rongé par ses bassesses et intrigues. Irénée (Fernandel), un brave type naïf de Marseille qu veut devenir acteur est victime d’un canular tendu par une équipe de cinéma peu scrupuleuse. Malgré quelques longueurs, on passe un bon moment.
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Lui :
Sans être à la hauteur des meilleurs Pagnol, Le Schpountz permet de voir un Fernandel assez exceptionnel et des scènes bien pittoresques de “pagnolade” avec un Fernand Charpin assez en forme lui aussi. Les autres acteurs sont nettement un ton en dessous et l’ensemble est un peu décousu, Pagnol oscillant entre la comédie franche et les réflexions sur le monde du cinéma, sur la fonction du comique, réflexions intéressantes mais bien mal amenées. L’ensemble reste néanmoins très plaisant 65 ans après sa sortie, comportant même quelques scènes d’anthologie.
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Acteurs: Fernandel, Orane Demazis, Fernand Charpin
Voir la fiche du film et la filmographie de Marcel Pagnol sur le site imdb.com.
Note : ce film a eu un remake en 1999 réalisé par Gérard Oury.
Voir les autres films de Marcel Pagnol chroniqués sur ce blog…
Charpin assez en forme ? Les autres nettement en dessous ? Vattier, Poupon, Bellières, Brasseur, Demazis, Castan, en dessous ? En dessous de quoi ? De vos pauvres regards de petits péteux sans doute ? Complaisance, condescendance, indulgence, voici des mots qui vous vont bien mais comme vous les portez mal cependant ! « le Schpountz » est un miracle de film et même s’il ne l’est pas tant que ça, même si les défauts et les manquements peuvent lui être comptés, il se situe néanmoins à mille lieues de tout ce que vous pourrez nous pondre ! Quand on se mêle de critiquer, les amis, et qu’on pousse la subtilité ( votre seule sans doute) jusqu’à préférer la conciliance humiliante à l’éreintement propre, on fait un effort; de vocabulaire et de style; de pensée aussi, si ce n’est pas trop demander. Une critique n’est pas un CV, elle n’est pas faite de mots clés, en tout cas ne doit pas l’être. Or je retrouve dans le vôtre, tous ces pauvres vocables inhérents au genre et qui sont l’outillage des fâcheux qui se mêlent d’écrire, eux qui ne savent pas même penser !
Qui se mêlent de donner leur avis, s’ils en ont jamais eu l’ombre !
Je dois avouer avoir toujours du mal à comprendre ce genre de réaction, ce besoin d’éprouver tant de mépris et de l’exprimer si expressément.
Il y a tout de même quelque chose d’amusant : si j’ai bonne mémoire, le Schpountz est un personnage un peu naïf qui se retrouve parachuté dans le milieu du cinéma, au milieu de personnes qui se pensent intellectuellement supérieures à lui et qui le considèrent de haut.
Le commentaire ci-dessus serait-il un clin d’oeil, ou une illustration de la critique assez sévère que Pagnol porte ainsi au milieu du cinéma ?
Hum…
🙂
Ce film est un régal. Il est également le reflet d’une époque.
Mais même si la société a évolué, combien d’Irénées existent encore de nos jours?
En effet, Pagnol à travers ce chef-d’oeuvre démontre bien qu’il existait déjà des personnes se croyant dotées d’un « don de Dieu » qui pouvait leur rapporter des millions de francs, « tous simplement ».
A mon avis, le cinéaste ne critique pas le milieu du cinéma mais dépeint avec son génie une situation qui serait encore d’actualité comme le remake de Gérard Oury tourné avec Smaïn nous l’a rappelé.
Pascal Djemaa, co-auteur de « Fernandel, mon père » avec Franck Fernandel
Voilà bien le « parisianisme » dans toute sa splendeur !!!
TOUTE la filmographie de Pagnol ou inspirée de son oeuvre est admirable, du plus modeste au plus génial !!!
Se permettre de juger voire de jauger les seconds rôles de ce film, entre autre, quel manque de discernement !!!
Ah !! Qu’il est loin ce temps où même « ceux-ci » valaient leur cachet et ne couraient pas derrière « la statuette » !!!
Les critiques de cinéma et d’arts en général sont aussi utiles que les pigeons pour les statues !
« Quelques scènes d’anthologie » dans un « ensemble un peu décousu » : je trouve que vous avez bien résumé ce film.
Le fait qu’il ait été tourné pendant les temps morts de Regain et en partie improvisé se voit quand même clairement par moments : les grandes « périodes » du film ne sont pas très habilement articulées les unes avec les autres. L’art de l’ellipse est magnifique et central dans le cinéma et la BD, il n’est pas très bien pratiqué ici.
Il est évident que le récit est ajusté au chausse-pied pour parvenir à placer quelques grandes scènes qui semblent avoir été conçues chacune isolément (et non pas imaginées dans la continuité parce qu’elles servaient le récit) : les variations sur une phrase du code pénal, le retournement de stigmate du Schpountz vers ses manipulateurs (beaucoup trop brutal pour être crédible, dommage), la tirade du producteur sur le vieillissement, le grand (et certes beau) dialogue sur l’infâmie puis la grande beauté du cinéma comique *, la scène convenue du retour du fils prodigue.
Ce côté « assemblage » ne me gênerait pas si le jeu d’acteurs n’était pas si surrané, si théâtral. Il est frappant d’ailleurs de voir comment le cinéma français est longtemps resté ampoulé dans un jeu théâtral figé et outrancier (qui fait d’ailleurs que j’ai du mal à accrocher aux « grands rôles » d’Arletty tant elle est toujours ampoulée et mélodramatique dans ses moindres répliques, ce que certains appellent sa « gouaille », bof), au moins jusqu’aux années 1950, alors que dans le même temps les comédies étatsuniennes devenaient fluides et naturelles dès le milieu des années 1930. À ce titre, comme vous le soulignez, la plupart des rôles du Schpountz ne font vraiment pas l’objet d’une interprétation crédible. Fernand Charpin, Fernandel et même Orane Demazis sont les seuls à jouer avec cohérence et naturel. Oui, même Orane Demazis qui a souvent été dénigrée me semble ici l’une des moins mauvaises, son interprétation n’est que peu théâtrale et elle correspond assez bien à son personnage.
Plein d’imperfections donc, ce qui n’est pas honteux pour un film partiellement improvisé, mais un bon moment de cinéma quand même, et des scènes qui valent la peine.
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* Cette scène est d’autant plus réussie que toute la partie où Fernandel dénigre le cinéma comique est crédible. Les arguments sont valables, et il y a même une sorte de cri du cœur dans cette analyse critique du mécanisme qui conduit à exagérer la laideur et le ridicule de l’acteur comique pour permettre au public de se sentir supérieur en trouvant un minable à mépriser. La pertinence de cette analyse rend d’autant plus forte et brillante sa réfutation dans la deuxième partie de la scène. Les deux parties de la réflexion sont vraies, mais la deuxième, celle de la noblesse de l’acteur qui offre aux petites gens une occasion de dépasser leur misère et de s’élever par le rire, prend évidemment le dessus et justifie le sacrifice. C’est parce que la première analyse est vraie que la deuxième en devient si noble. Cette scène arrive de façon téléphonée, mais elle est magnifique.