Titre original : « Mulholland Dr. »
Elle :
David Lynch aime faire vivre à ses spectateurs une expérience qui les entraîne dans un labyrinthe de mondes réels ou imaginaires, des mondes dans lesquels il met en scène ses propres rêves et fantasmes. C’est le cas dans Mulholland Drive avec Betty-Diane, l’actrice ratée et Rita-Camilla, la vamp amnésique. On pense comprendre ce qui les unit malgré quelques scènes énigmatiques. La dernière demi-heure balaie toutes nos certitudes. On ne sait plus ce qui est rêve ou réalité. On a beau essayer de reconstruire le puzzle, il s’effondre car d’autres pistes sont possibles. En ce sens, Lynch est très fort pour manipuler nos émotions et nous prendre à contrepied mais on ressent quand même une certaine frustration de ne pas avoir décrypté le sens du film. Belle mise en scène bien rythmée et très bon duo d’actrices.
Note :
Lui :
Mulholland Drive est un film qui ne se livre pas au premier abord : après l’avoir vu une première fois, il faut y réfléchir pour faire le tri entre la réalité, le rêve, le fantasme, recoller tous les morceaux, essayer de donner un sens à tout ce que l’on a vu pendant 2h30 et ce processus, cette impression de rassembler un puzzle à plusieurs dimensions, est une partie non négligeable du plaisir que peut procurer ce film et une source de réflexions somme toute assez intéressantes. Les facettes sont d’autant plus nombreuses, qu’étant originellement conçu comme un pilote pour une série télé, le film comporte bon nombre de fils, de pistes, de personnages qui auraient pu être développés par la suite. La maîtrise de Lynch dans la mise en scène est une fois de plus flagrante : chaque scène est un véritable bijou, un ensemble parfait, un délice pour l’oeil, un cinéma très doux, velouté pourrait-on dire, mais aussi très fort, puissant et surtout extrêmement riche. L’humour est toujours très présent, d’abord dans certaines scènes mémorables (le mafiosi avec son expresso, l’exécution par le tueur à gages qui tourne mal, …) mais aussi distillé par petites touches qui soulagent le spectateur de la tension générée par d’autres scènes. Seule la musique semble un peu en retrait dans cette oeuvre presque parfaite. David Lynch est vraiment un grand cinéaste.
Note :
Acteurs: Naomi Watts, Laura Harring, Justin Theroux
Voir la fiche du film et la filmographie de David Lynch sur le site IMDB.
Voir les autres films de David Lynch chroniqués sur ce blog…
Très interessante votre critique, film que je dois revoir …ne l’ai pas apprécié à sa juste mesure
je mets une voie lactée à ce film infini..je suis, je ne suis pas, ceci, cela ?? et comme je ne suis pas l’histoire, je m’envole!
Rien compris…
Je suis particulièrement d’accord avec « lui » dans la mesure où ce film est un chef-d’oeuvre. Cependant, je ne pense pas que la musique du film (composé par un ange ne l’oublions pas :p) soit en décalage avec le film. En effet, Lynch prend un sérieux temps (de grandes prises de tête avec la prod, by the way…) pour le choix de la musique de chacun de ses films. « Un film, c’est avant tout une musique et réciproquement ». Je crois que, justement, au contraire, la musique est le coeur de l’histoire.
C’est le « cube bleu » ouvert qui change la direction du film. La première partie est celle qui « aurait dû être »… La seconde partie (lorsque le cube bleu réapparait tombant sur le lit, par l’actrice blonde) est celle qui « est vraiment »… C’est une idée parmi tant d’autres, Lynch ne nous guide pas, il nous oblige à réfléchir sur toutes les possiblités… TRES FORT!
Musique dans le cabaret avec magicien des « illusions » acapella par chanteuse Espagnole, à pleurer tellement dans la vraie émotion… Qui d’ailleurs, pourrait me dire le nom de cette chanteuse et le titre de la chanson ?
En conclusion, film magique !!!
La chanteuse s’appelle Rebekah Del Rio.
Le morceau s’appelle « Llorando », version espagnole du « Crying » de Roy Orbison.
un film qui ne m’a pas fait grande impression sur le coup, mais une semaine après l’avoir vu j’en parle encore !!!
certaines scènes sont très bonnes, d’autres n’ont rien à faire dans le film.
Tout est là, il y a du très bon comme de l’inutile.
Mais l’émotion en écoutant Rebekah est bien réelle, magnifique cette chanson !!!
Namoi Watts est excellente tout simplement.
Un film qui, que l’on aime ou on que l’on aime pas marque les esprits.
Outre ce qui est écrit ci-dessus, il me semble que l’analyse du film doit tenir compte de sa génèse (si j’écris des bêtises, vous pouvez effacer cet article !), même si cela ne change finalement pas notre regard :
A l’origine du projet, il y a une série TV, dont Lynch entreprend le tournage du pilote. Le studio américain ayant été déçu, il abandonne le projet. Alain Sarde décide alors de reprendre les droits (avec l’aide de Canal+) et d’aider Lynch à en faire un long métrage.
Les articles de l’époque permettront d’attester ce qui a été rajouté pour « rallonger la sauce », mais on peut légitimement penser que nombre de détails, apparemment incompréhensibles (je me souviens par exemple du générique d’ouverture, surprenant rétrospectivement, et de nombreux plans dans la première moitié) devait donner lieu à exploitation dans le reste de la série. Il n’en reste pas moins qu’ils participent d’une cohérence, confirmée par leur présence au montage final. Et donc nous poussent à ces question sans fin, évoquées ci-dessus.