Elle :
Un quadragénaire esseulé et une jeune femme délaissée par un mari branché se rencontrent dans un grand hôtel aseptisé de Tokyo. Avec Lost in Translation, Sofia Coppola a choisi de décrire la solitude, la perte des repères, la remise en cause de l’existence et de l’identité qui les étreint dans ce Japon moderne, bruyant et déshumanisé. Elle a le mérite d’aller contre les clichés habituels du coup de foudre charnel et préfère mettre en avant l’attirance, le désir esquissé, l’amitié, le soutien moral qui les réunit pendant quelques jours. Elle aime ses personnages et les filme avec beaucoup de douceur et d’émotion. Elle capte des regards qui en disent long et préfère nous laisser imaginer le sens de cette curieuse relation. Elle parsème également Lost in Translation de petites touches d’humour sur les mœurs de la société japonaise contemporaine. Bill Murray excelle pour exprimer l’air désabusé et la chaleur humaine qui se dégage de cet acteur sur le déclin. Scarlett Johansson utilise davantage le registre du regard et du sourire. Les belles images colorées sont accompagnées d’une musique étrange et décalée qui accentue cet effet de dissonance avec le monde qui les entoure.
Note :
Lui :
Plongés dans un environnement qui leur est étranger et impénétrable (Tokyo), deux êtres vont se rapprocher pour tromper leur solitude et une sorte de connivence va se créer entre eux. Sofia Coppola filme cette histoire avec beaucoup de douceur et de délicatesse. Le film n’apporte pas d’éléments qui nous permettraient de qualifier cette relation tout en demi-teintes, qui semble osciller entre deux pôles : amitié… amour ? Lost in Translation est un beau film de Sofia Coppola, on peut juste lui reprocher d’avoir un peu trop typé (par humour) certains personnages secondaires. Belle interprétation de Bill Murray et de Scarlett Johansson.
Note :
Acteurs: Bill Murray, Scarlett Johansson
Voir la fiche du film et la filmographie de Sofia Coppola sur le site IMDB.
Voir les autres films de Sofia Coppola chroniqués sur ce blog…
Deux êtres en perdition dans un océan de solitude et d’ennui se rencontrent et se soutiennent le temps d’une semaine.Bill Murray et Scarlet Jonhansson sont filmés amoureusement par Miss Coppola.Une alchimie bouleversante.
Le commentaire de Fab est tellement bien écrit que je m’abstiendrai d’en faire un à mon tour…mais je pense exactement la même chose. 🙂
« The Virgin Suicides », le précédent film de Sofia Coppola, ne m’avait pas laissé un souvenir impérissable. Sans doute une re-visitation serait-elle nécessaire ! Mais, autant l’avouer tout de suite, ce « Lost in translation », encensé par la plupart des critiques, est loin de m’avoir transporté ! L’idée de départ est intéressante : une sorte d’équation mathématique simple : motivations bancales + décalage horaire + barrière de la langue + fossé entre civilisations = débarquement sur la planète Mars, pour ne pas dire sur Aldébaran ! En quelques courtes séquences, le spectateur est plongé corps et biens dans un univers hermétique, totalement étranger à notre appréhension des codes et habitudes. Bill Murray, sorte de Droopy lunaire déboussolé, génère une sympathie immédiate. Il en est de même pour Charlotte, dont le sourire (malgré une bouche horrible !), ne résistera pas longtemps aux pressions suffocantes de l’environnement. La réalisatrice sous-entend avec tact, suggère avec élégance, se montre d’une grande justesse et surtout d’une infinie délicatesse dans la peinture de ces deux inconnus qui, sortis d’un contexte oppressif, ne se seraient sans doute jamais remarqués, encore moins rapprochés. Elle nous conte une sympathique histoire d’apprivoisements : celle de l’autre et celle d’un environnement hostile, livre une exploration fine de l’éventualité d’un possible manqué, offre quelques beaux moments poétiques (le voyage de Charlotte à Kyoto). Cependant, à force de mollesse et d’hésitations, l’ensemble apparaît lent, poussif, d’une répétitivité en osmose avec la situation, mais au final lassante, et d’une douceur générale anesthésiante.
Une oeuvre subtile, transparente, délicate, mais dont la retenue excessive ne correspond pas vraiment à mes goûts profonds.
Bien aimé ce film tout en délicatesse et retenue. En prime, on se promène agréablement dans ce Japon grouillant et bruyant à souhait. Les deux acteurs sont épatants. Bill Murray lunaire et faux désabusé forme un duo sympathique avec Scarlett Johansson. Bonne détente.
Traits tirés, bâillements et œil glauque se maintiennent éveilles en contemplant la luminosité artificielle d’un hôtel de luxe croulant sous les courbettes et les canaux télévisés propres à une terre inconnue ou les repères yankees sont portés disparus.
A l’extérieur tout est différent, chaque secteur répond à ses concepts propres. De la main verte aux jeux vidéo sans contourner l’inévitable karaoké tout n’est qu’un bric à brac de combinaisons maintenant une terre déjantée dans une transaction étonnante menacée à chaque instant par un potentiel tremblement de terre rendant ces lieux complètement sous l’emprise d’une extravagance surdimensionnée.
Vue d’en haut tout devient acceptable presque beau, la ville se laisse contempler en masquant ses aberrations humaines sous des buildings grisâtres que l’on scrute en demi cercle dans l’espoir de néantiser son ennui par un intérêt visuel.
Ce climat déprimant pour un non initié est porteur d’humour et de sensibilité dans un écoulement temporel minuté par la tendresse d’un amour amitié entre deux êtres se connectant brillamment presque naturellement par l’intermédiaire des sentiments dans une mégapole rigide et libérée ensevelie par les lumières.
Deux générations constituées d’assurances et de doutes communiquent par des procédures sensitives mises au monde par l’éloignement. Un choc des cultures effarant dans un pays survolté anime le besoin de se connaitre sur un sol de références technologiques comprimé par des traditions tenaces.
« Lost in Translation « est l’œuvre que l’on espérait plus. Une magnifique alchimie entre ce qui se construit et ce qui décline, ce qui charme et ce qui se retient de succomber.
Une œuvre sensible, sur ce que l’on ne voit plus dans le septième art depuis bien longtemps un nectar Platonique merveilleux nommé solitude, rencontre, communication, séparation dans le plus improbable des endroits filmé de manière remarquable par une réalisatrice maitre à bord.
Scarlett Johansson et Bill Murray sont extraordinaires dans une sensibilité presque pure mêlée d’un érotisme uniquement contemplatif donnant la vie à un nouveau concept à peine imaginable. Une passion inassouvie sexuellement conclue dans un processus émotionnel méritant une statue.
Tokio l’inclassable est bénéfique. A New-York ces deux la ne se serait jamais aperçus.
Le sexe chainon manquant de cette courte rencontre est balayé par une étreinte finale bien plus forte. Un souvenir impérissable, une volonté de respecter l’autre malgré le désir de conclure.
Je n’ai jamais autant ressenti le jet-lag au cinéma, joli décalage horaire.
Tiendra-t-il la route quelques années plus tard ?… Je le lui souhaite.
Un film sublime . Bravo aux commentaires