Elle :
Le drame de la tuerie du lycée de Columbine est évoqué de manière originale sans violence et hémoglobine. Gus Van Sant place le spectateur en observateur de la journée de ces deux jeunes meurtriers avec des allers et retours dans le temps, des ralentis, plusieurs angles de vue du même évènement. L’atmosphère sonore composée de bruits de fond métalliques est oppressante. Les effets visuels flous et saturés rendent l’ambiance cotonneuse et irréelle. Enfin, les longues déambulations de ces lycéens sans passion dans les couloirs du lycée accentuent l’effet de bocal. Cependant, la forme a tendance à occulter le contenu d’où une sensation d’ennui. Puisque d’emblée, on connaît l’issue du drame, le réalisateur a un peu de mal à remplir ce qui a précédé.
Note :
Lui :
Elephant de Gus Van Sant est surtout intéressant par sa forme : éclatement total de la notion du temps qui semble s’éffilocher, repartir constamment en arrière et surtout une caméra extrêmement douce (choix particulièrement original vu le sujet) et fluide, des plans où l’on suit les personnages marchant dans les couloirs interminables de leur lycée, plans presque hypnotiques. Il parvient bien à faire monter la tension très graduellement. Par contre, côté scénario et contenu, on peut certes passer sur le fait que Van Sant ne veuille pas tenter de donner une explication et qu’il préfère montrer des tranches de vie de ces adolescents, mais il est frustrant que la mise en place de ses personnages n’aboutissent sur rien et nous donne un certain sentiment de vacuité et finalement de déception.
Note :
Acteurs: John Robinson, Alex Frost
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Voir les autres films de Gus Van Sant chroniqués sur ce blog…
Je ne suis pas d’accord avec vous deux,j’ai beaucoup aimé ce film et je trouve qu’il a mérité sa récompense au festival de Cannes d’ailleurs. 🙂
Je me suis baigné dans l’atmoshpère qu’a su instauré le réalisateur.
De plus,je ne trouve pas ça génant de connaitre le dénouement d’une histoire.
Il y a une quantité astronomique de films historiques ou tirés d’autobiographies dont on connait l’issue mais cela ne gène jamais vraiment,non? 😉
C’est peut-être justement en raison de la vacuité des motivations ayant mené à cette tuerie que le film lui-même ne cherche pas à donner du sens. Vacuité aussi de la vie de ces adolescents préoccupés par des sujets qui nous paraissent futiles…
D’ailleurs le débat sur le port d’armes aux USA n’a pas vraiment été remis en cause depuis malgré d’autres tueries similaires.
C’est une oeuvre d’art à mon sens et pas une évocation de ce fait divers. Le fait de connaître l’issue joue ici à fond car sinon, on en serait réduit à une sorte de documentaire stylisé sur la vie dans les high schools américaines…
C est le film le plus plat au monde.
Les personnes dans le film font juste que marcher pendant des heures et des heures. On a regardé le film en appuyant presque toujours sur fastfoward.
Le titre du film est Elephant mais je vous garantie a 100% que je n’ ai jamais compris pourquoi.
Le titre du film fait référence à un mini film anglais de 1989 qui portait ce nom Elephant, et qui traitait de la violence entre catholiques et protestants en Irlande du Nord.
http://www.imdb.com/title/tt0097270/
APESANTEUR POÉTIQUE SUR UN CAUCHEMAR
On sait bien que les avis des uns sont souvent à l’opposé de ceux des autres, tout dépend de ce qu’on cherche ou espère trouver au cinéma devant un film
Concernant certains films radicaux, et celui-ci l’est – la réponse est encore plus brutale, comme le sujet du film par exemple
Gus van Sant est un peu au sommet de son art dans cette période où il tourne relativement vite et beaucoup . Cet esthète pour qui la forme ne saurait être minorée, a compris d’évidence qu’il ne présenterait pas un reportage, document, reconstitution calibrée d’un événement connu
La grande réussite de ce film d’auteur , contemplatif et sans rebondissement particulier, mis à part la froide préparation des deux tueurs (sur fond de ciel et sonate de Beethoven) qui précède à l’aboutissement sauvage final, est d’aller et venir dans une boucle temporelle non linéaire en arpentant par de longs plans séquences et travellings poussés parfois jusqu’au ralenti et à leur répétition, croisant tous les protagonistes, tueurs compris, (tous non professionnels) avec une réelle douceur, comme en apesanteur.
Cette construction narrative dans laquelle on entre peu à peu montre bien que rien ne permettait de laisser deviner, prévoir un tel carnage final, violence gratuite pour la violence. Harcèlement scolaire, homosexualité refoulée, adultes absents, influences de jeux vidéos violents, différences entre ados, et j’en passe, sont ces petits cailloux noirs d’indices possibles que Van Sant se garde bien de décrypter, expliquer, analyser, juger
Une totale réussite qui a valu au film de nombreux prix dont deux à Cannes, la palme d’or et le prix de la mise en scène
Revoir le film aujourd’hui à la lumière de récents événements de plus en plus fréquents et redoutables (j’évoque ici la France des collèges et lycées) montre que les choses ne s’améliorent pas