Titre français parfois utilisé : « La petite Annie »
Lui :
(Film muet) Après deux essais commercialement infructueux pour changer radicalement de registre, Mary Pickford décide de revenir à ce qui a fait son succès et de donner au public ce qu’il réclame. Donc, à 32 ans, l’actrice reprend son costume de gamine intrépide de 12 ans aux longues tresses. Et aussi incroyable que cela puisse paraître, elle est parfaitement crédible. Elle écrit elle-même le scénario de Little Annie Rooney sous un pseudonyme (1) et appuie très fort sur la pédale : dans les quartiers très pauvres de New York, la petite Annie se bagarre avec les garçons de son âge dans de véritables batailles rangées (2). En revanche, quand elle rentre à la maison, elle s’occupe avec amour de son petit papa, prenant la place d’une mère (absente). C’est un peu la clé du succès considérable de Mary Pickford (3) : elle est tout à la fois, garçon manqué, femme aimante, jeune fille en quête d’amour… elle n’a pas d’âge, elle a tous les âges. Little Annie Rooney n’est toutefois pas le film idéal pour la découvrir car l’histoire manque ici un peu d’épaisseur. Le film montre néanmoins plus de force vers la fin avec notamment de belles scènes se déroulant à l’hôpital. Néanmoins, ce film ressemble un peu trop à un film de commande où Mary Pickford donne au public tout qu’il désire. Et cela marcha : le film fut un gigantesque succès.
Note :
Acteurs: Mary Pickford, William Haines, Walter James, Gordon Griffith
Voir la fiche du film et la filmographie de William Beaudine sur le site IMDB.
Voir les autres films de William Beaudine chroniqués sur ce blog…
Remarques :
Les rapports entre William Beaudine et Mary Pickford furent un peu difficiles : le réalisateur était en effet d’un style dirigiste alors que l’actrice (qui était aussi productrice) était depuis longtemps persuadée qu’elle n’avait pas besoin de metteur de scène et qu’elle était parfaitement capable de se diriger elle-même. Les tensions se poursuivirent sur le tournage du film suivant, le très beau Sparrows.
(1) Katherine Hennessy est en réalité le nom de sa grand-mère maternelle.
(2) Il est amusant de constater à quel point l’humour de type « slapstick » de l’époque est assez violent : les gamins se lancent à la figure tout ce qui leur passe sous la main, leur projectile préféré étant la brique. Et quand ils reçoivent une brique sur la tête, ils font simplement « ouille », se frottent la tête deux secondes et repartent de plus belle !
(3) Pour situer la popularité de Mary Pickford, rappelons que l’actrice était au milieu des années vingt non seulement l’actrice la mieux payée d’Hollywood mais aussi l’une des quatre ou cinq femmes les plus riches du monde.
Note : Le DVD édité par Bach Films comporte une musique qui semble être un montage fait avec la musique d’un autre film (bruitages intempestifs, ambiance parfois inadaptée).