Titre original : « Nagareru »
Elle :
Les femmes des films de Naruse sont toujours très touchantes. Non seulement leur visage laisse souvent transparaître la tristesse mais leur destin est tragique et sans espoir. Naruse nous plonge au coeur d’une maison de geishas qui n’ont qu’un sombre horizon devant elles car elles se font exploiter ou abandonner par leurs amants vociférants et lâches. Cette vision traditionnelle au son du shamisen côtoie un Japon en mutation dans lequel les jeunes femmes s’interrogent sur leur avenir et rêvent de fonder une famille et d’exercer un vrai métier. Dans les petites ruelles, les kimonos et sabots de bois de ces femmes soumises cohabitent avec les tailleurs et les hauts talons à l’occidentale de femmes qui tentent de s’émanciper. Un film fort et émouvant en bordure d’un fleuve qui emportent les rêves.
Note :
Lui :
Au Gré du Courant se situe entièrement à l’intérieur d’une maison de geishas, sans qu’il ne s’y déroule beaucoup d’évènements ; nous les regardons vivre mais Naruse s’attarde plus particulièrement sur deux femmes : la maîtresse de maison, criblée de dettes, qui ne peut qu’assister impuissante à la lente disparition de sa maison sans pouvoir la transmettre à sa fille, et la nouvelle bonne, une femme veuve arrivée de sa province pour pouvoir subvenir seule à ses besoins. La caméra de Naruse semble faire corps avec la maison, offrant à chaque fois un angle parfait. Le jeu très naturel des acteurs (ou plus exactement actrices puisque les hommes sont quasiment inexistants) contribue à nous faire pénétrer ce microcosme si particulier. Rien de futile dans tout cela, Naruse dresse le portrait de femmes dont le monde s’écroule et Au Gré du Courant semble s’achever sur un chant du cygne.
Note :
Acteurs: Kinuyo Tanaka, Isuzu Yamada, Hideko Takamine, Mariko Okada
Voir la fiche du film et la filmographie de Mikio Naruse sur le site IMDB.
Voir les autres films de Mikio Naruse chroniqués sur ce blog…