Titre original : « Seconds »
Un homme d’âge mûr, cadre supérieur dans une banque mais lassé de sa vie terne, se voit proposer de changer d’identité. Une fois sa mort mise en scène, et après une opération de chirurgie faciale, il pourra redémarrer une nouvelle vie…
Seconds est sans conteste l’un des films les plus originaux du cinéma américain. Aidé du génial James Wong Howe, très grand directeur de la photographie, John Frankenheimer crée une atmosphère étrange, presque dérangeante, proche d’un rêve éveillé. Dans certaines scènes, il filme les visages en très gros plan avec un objectif grand angle, déforme les décors, crée des travelings inhabituels (par exemple en accrochant la caméra sur le dos des acteurs). Toute la première partie du film et la dernière partie sont ainsi très réussies. Hélas, le milieu du film est occupé par deux scènes interminables : des orgies bacchanales débridées mais bien ennuyeuses et une cocktail-party qui l’est tout autant. Le fond du propos nous parle de l’inadaptibilité de l’homme au monde moderne et sa difficulté à y trouver ses repères psychologiques. On peut le trouver assez pessimiste mais il montre l’importance de s’accepter soi-même afin de trouver les ressources pour évoluer plutôt que de les attendre d’un modèle de société. Seconds est probablement l’une des meilleures prestations de Rock Hudson qui est alors au faite de sa gloire, un acteur qui ne brille pas souvent par la richesse de son jeu. Paradoxalement, le film marquera le début de son déclin.
Elle:
Lui :
Acteurs: Rock Hudson, John Randolph, Salome Jens, Will Geer, Wesley Addy
Voir la fiche du film et la filmographie de John Frankenheimer sur le site IMDB.
Voir les autres films de John Frankenheimer chroniqués sur ce blog…
Voir les livres sur John Frankenheimer…
Remarques :
* James Wong Howe est l’un des plus célèbres directeurs de la photographie américains. Il apparaît au générique de plus de 140 films (sous le nom de James Howe avant 1934). Il a débuté sa carrière comme assistant dans l’équipe de Cecil B. DeMille à la fin des années 1910. Grace à son inventivité, il est devenu, dès les années trente, pratiquement le caméraman le plus célèbre d’Hollywood. Quand il tourne L’opération diabolique, il est âgé de 67 ans. Voir sa filmographie sur le site IMDB…
* Au festival de Cannes 1966, le film fut si mal reçu que John Frankenheimer refusa de se rendre à la conférence de presse alors qu’il était tout près, à Monte Carlo exactement, pour le tournage de Grand Prix.
John Randolph dans Seconds – L’opération diabolique de John Frankenheimer.
Rock Hudson dans Seconds – L’opération diabolique de John Frankenheimer.
Rock Hudson portant la caméra sur son dos face à John Frankenheimer (veste noire) sur le tournage de Seconds – L’opération diabolique de John Frankenheimer.
Je me suis rendu compte que j’avais déjà chroniqué ce film :
https://films.oeil-ecran.com/2011/10/18/operation-diabolique-frankenheimer/
Je ne dis pas des choses très différentes d’ailleurs de la première fois mais j’ai mis une étoile en plus… 😉
A mes yeux, malgré ses défauts, son originalité le rend vraiment digne d’intérêt.