Titre original : « The Three Burials of Melquiades Estrada »
Au Texas, près de la frontière mexicaine, le vaquero Melquiades Estrada est tué par erreur par un jeune garde-frontière plutôt tête brulée. Son contremaître et ami n’accepte pas qu’il soit enterré rapidement sans aucune enquête, d’autant plus qu’il lui avait fait une promesse… Sur un scénario écrit par Guillermo Arriaga (scénariste de plusieurs films d’Iñárritu), ce premier long métrage du comédien Tommy Lee Jones ne manque pas d’intérêt. A la fois western moderne et fable humaniste, il prend place dans une région que l’acteur connaît bien : il y est né et y possède un ranch où certaines scènes du film ont été tournées. Il campe un personnage qui n’est pas sans rappeler ceux que personnifiait Clint Eastwood, c’est-à-dire un personnage avec de grandes valeurs morales, un grand sens de l’amitié et de la parole donnée. Son film démontre comment, dans ces régions qui paraissent si peu favorisées par la nature, ces valeurs humaines deviennent primordiales. Il souligne la différence de mentalités avec « ceux du nord » (le nord étant pris dans un sens très large, soit tout ce qui est au-dessus de la moitié sud du Texas). Débutant avec une construction habile en flashbacks, le déroulement devient ensuite plus linéaire dans un long cheminement. La belle photographie et l’excellente musique génèrent un certain envoutement. Un film d’une belle puissance.
Elle: –
Lui :
Acteurs: Tommy Lee Jones, Barry Pepper, Julio Cesar Cedillo, Dwight Yoakam, January Jones, Melissa Leo
Voir la fiche du film et la filmographie de Tommy Lee Jones sur le site IMDB.
Remarques :
* Tout le film (y compris la partie mexicaine) a été tourné dans le sud du Texas, notamment dans le Big Bend National Park qui jouxte la frontière mexicaine. La ville de Van Horn se situe à environ 40 kms de la frontière, non loin de El Paso, la ville la plus à l’ouest du Texas.
* Prix du meilleur acteur pour Tommy Lee Jones et Prix du meilleur scénario pour Guillermo Arriaga au Festival de Cannes 2005.
Barry Pepper et Tommy Lee Jones dans Trois enterrements de Tommy Lee Jones.
Nota : Le vieil homme aveugle est interprété par Levon Helm, bien connu pour avoir été le batteur (et chanteur) du groupe The Band. A gauche, Levon Holm dans Trois enterrements de Tommy Lee Jones. A droite, Levon Helm dans les années soixante-dix. Levon Helm est certainement vieilli par maquillage puisqu’il n’avait que 65 ans au moment du tournage. Le musicien est décédé en 2012.
Ah oui, un très beau film. Le personnage interprété par Tommy Lee Jones est d’autant plus intéressant qu’il n’est pas très intelligent (de ce point de vue, je le trouve très éloigné des personnages joués par Eastwood, qui joue toujours sur l’ironie, la distance, le côté « j’ai un temps d’avance sur vous », posture condescendante qui est d’ailleurs très irritante à la longue : rien de tel ici). C’est un « brave homme », dans les deux sens du terme, et la fin (qu’il ne faut évidemment pas révéler) consacre cette double dimension.
Par son contenu humaniste servi par des personnages taciturnes, sans théories mais basé sur des actes simples et « bruts », aussi bien que par ses développements inattendus et sa fin troublante et bouleversante [qui n’est bien sûr pas la rédemption soudaine du « petit con » ayant assassiné Melquiades Estrada par bêtise, cela aurait été trop bisounours et c’est très joliment évité], ce film mérite le détour.
Et je trouve le titre français très plat et décourageant (outre le fait que ça fait bêtement penser à Quatre mariage et un enterrement alors qu’il n’y a pas le moindre début de rapport entre les deux films), alors que la simple traduction du titre anglo-américain aurait suffit ! Les trois enterrements de Melquiades Estrada a infiniment plus de gueule, et suscite un léger mystère bien venu. Pourquoi donc les « traducteurs de titres de films » sont-ils ainsi 3 fois sur 4 totalement à côté de la plaque ?
Oui, le rapprochement que je faisais avec Eastwood était surtout sur le plan des valeurs morales, mais Tommy Lee Jones ne va pas trop loin, il ne se pose pas en « homme parfait » comme Eastwood. D’accord avec vous sur la fin, elle n’est pas celle que l’on craint…
Oui le titre français est mal choisi : personnellement, je ne faisais pas le rapprochement avec 4 mariages 1 enterrements (sans doute recherché par les distributeurs français), je craignais un film sur une personne qui doit faire face à trois décès successifs. Et plusieurs fois, je me suis écarté du film en me disant : « non, pas ce soir, trop déprimant ! » 😉
Alors que 3 enterrements de la même personne, cela éveille la curiosité…
Magnifique film. Du sens, de la pensée(cela devient rare) et des acteurs hors du commun dont un passage avec Levon Helm également grand musicien du groupe « The band » connu pour son célèbre « The weight » repris dans « Easy rider ». Pour les vrais mateurs de contreculture et de vérité. Epoustouflant.