Titre original : « Il cavaliere misterioso »
Bien qu’il y soit hors-la-loi, Giacomo Casanova est de retour à Venise pour aider son frère Antonio, accusé d’avoir volé des documents à la dogaresse (l’épouse du doge). Il découvre que ces papiers ont en fait été dérobés par une société secrète, agissant pour le compte de l’impératrice Catherine II de Russie, laquelle voudrait exercer une emprise sur la ville… Le Chevalier mystérieux est librement inspiré des Mémoires de Casanova. Sous la plume de Riccardo Freda, Mario Monicelli et Steno, l’intriguant séducteur est essentiellement un aventurier-espion aux desseins nobles. Si l’aventure prime, il y a un bon équilibre entre divers genres qui rend le film étonnamment complet. Riccardo Freda fait preuve d’une grande maîtrise dans la mise en scène, y compris dans les scènes d’action qui sont très enlevées. C’est là le premier grand rôle pour le jeune Vittorio Gassman qui montre une belle présence à l’écran (1). Avec Le Chevalier mystérieux, Riccardo Freda signe un film populaire de très bonne facture. Il est, bien entendu, en décalage total avec le mouvement néoréaliste qui enthousiasmait alors les cinéphiles, ce qui lui a valu d’être un peu méprisé. Il mérite mieux que cela.
Elle: –
Lui : 
Acteurs: Vittorio Gassman, María Mercader, Yvonne Sanson, Gianna Maria Canale
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Vittorio Gassman et María Mercader dans Le Chevalier mystérieux de Riccardo Freda.
(1) L’acteur dira plus tard que c’est le seul film qu’il regrettait de sa carrière… Franchement, on ne voit pas bien pourquoi.
Par rapport au regret de Gassman d’avoir fait ce film, Freda raconte dans des entretiens que l’acteur aurait été irrité par la réaction de spectateurs jugeant ridicules certains décors mais que, plus tard, il aurait regretté ce regret et que les relations entre les deux hommes seraient redevenues cordiales.
Qu’importe puisque ce film reste une réussite authentique. Gassman est un des meilleurs Casanova apparus sur un écran et , grâce à Freda et ses scénaristes , le plus proche du personnage original. Il a bien entendu un côté séducteur mais est montré ici comme un aventurier voyageur qui va sillonner l’Europe de Venise à Saint Pétersbourg . Ce qui va permettre au spectateur de suivre de trépidantes scènes d’action ; duel à l’épée, poursuites, chambre des tortures de l’inquisition, chevauchées frénétiques comme les aime Riccardo Freda. Et de voir de beaux mouvements de caméra dans des décors soignés comme celui du palais de l’impératrice de Russie .
Et si les rapports de Casanova avec Gennaro son valet nous rappellent parfois ceux de Don Juan et Sganarelle, on est loin du cynisme du héros de Molière. Casanova fait preuve d’humanité en se lançant dans l’aventure pour sortir son frère des plombs de Venise et des griffes de l’inquisiteur .
On le voit aussi tomber amoureux et c’est un Casanova plus mélancolique que triomphant qui s’éloigne dans la dernière séquence.
Un beau film classique d’aventures ou le talent de Freda fait prendre à la campagne italienne enneigée des allures de steppe russe.