Titre original : « Eisenstein in Guanajuato »
Quand on connait la passion de Peter Greenaway pour Eisenstein, on ne peut que se réjouir à l’avance de visionner son Que viva Eisenstein! qui nous fait revivre l’escapade américaine puis mexicaine du réalisateur russe au tout début des années trente. Hélas, Peter Greenaway s’est laissé un peu emporter par son sujet, enfin plutôt par sa marotte : nous (dé)montrer que Eisenstein est homosexuel. Du tournage du film inachevé Que Viva Mexico!, on ne saura donc pratiquement rien (on en oublierait presque qu’il est cinéaste), tout le récit est centré sur la relation d’Eisenstein avec son guide mexicain qui lui fait découvrir l’amour physique. Dès les premières minutes, on a happé par un tourbillon d’images et par un Eisenstein montré comme un personnage exubérant, volubile surexcité, explosif, etc. Sur la forme, Greenaway s’est fait plaisir avec tout un lot d’effets visuels assez spectaculaires : il mêle noir et blanc avec la couleur de façon très originale, joue avec les objectifs, multiplie les mouvements tournant de caméra (ceux qui veulent des panoramiques à 360° vont être servis), les effets de miroir, de duplication, les incrustations, etc. Ce n’est pas toujours très beau, c’est souvent un peu fatiguant voire stressant et surtout assez gratuit. Pour réalimenter sa réputation de provocateur, Greenaway a inclus de nombreuses scènes de nudité masculine et une longue scène bavarde de sodomie qui se termine par un plantage de drapeau rouge…! Peter Greenaway a un peu trop appuyé à la fois le côté militant du contenu et l’exubérance de la forme. Cela rend Que viva Eisenstein! un peu fatiguant à visionner.
Elle: –
Lui :
Acteurs: Elmer Bäck, Luis Alberti
Voir la fiche du film et la filmographie de Peter Greenaway sur le site IMDB.
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Remarques :
* Deux autres volets sont en préparation :
1) Walking to Paris prévu pour 2016 qui relatera la visite d’Eisenstein en Europe en 1928 avec Edouard Tissé (son chef-opérateur) et Grigori Alexandrov (son assistant). Greenaway a déjà prévenu qu’il s’intéresserait à la question : « Est-ce qu’Eisenstein couchait avec Alexandrov ? » (Ceci dit, sachant qu’il nous a dit qu’il était puceau au Mexique, deux ans plus tard, on peut se demander comment il va s’en sortir…)
2) Eisenstein in Hollywood prévu pour 2017, qui relatera la suite du voyage, c’est-à-dire en Amérique juste avant d’aller au Mexique.
* En pratique, on manque d’éléments vraiment tangibles sur la sexualité d’Eisenstein. L’homosexualité était bien entendu déjà bannie à l’époque. Eisenstein a épousé sa secrétaire en 1934 mais cela ne prouve rien. Les éléments les plus tangibles sont ses dessins : Eisenstein a toujours énormément dessiné, beaucoup de caricatures et beaucoup de dessins érotiques, assez débridés : il y a de tout des hommes, des femmes, des animaux et même une statue… Certains de ces dessins ont été publiés, y compris en URSS (dans les années 70). Il est peu probable que ce point soit un jour vraiment éclairci.
Luis Alberti et Elmer Bäck dans Que viva Eisenstein! de Peter Greenaway.