16 décembre 2015

La Femme au portrait (1944) de Fritz Lang

Titre original : « The Woman in the Window »

La Femme au portraitAyant mis femme et enfants dans le train pour les vacances, le professeur quinquagénaire Richard Wanley se rend à son club. En chemin, il est un peu troublé par la vision d’un portrait de femme dans la vitrine d’une galerie d’art. C’est un sujet de discussion avec ses amis au club. Quand il en ressort et qu’il contemple à nouveau le portrait, sa surprise est grande de voir la femme en question apparaître près de lui. Il est loin d’imaginer ce qui l’attend… Ecrit par Nunnally Johnson qui s’est inspiré d’un roman de J.H. Wallis, La femme au portrait marque le retour le Fritz Lang à des sujets non liés à la guerre. C’est un film noir d’une grande tension, avec peu de personnages, auquel la fin (voulue par Lang s’opposant ainsi à Nunnally Johnson qui trouvait l’effet trop facile) donne une indéniable dimension psychologique. Cette fin rend le film finalement assez unique d’autant plus que Fritz Lang y réalisa une véritable prouesse technique (1). C’est aussi une façon de contourner les règles strictes du Code Hayes qui imposaient qu’un meurtrier devait être puni. Faire ainsi un film sur la tentation et la culpabilité avec un film noir est une belle manifestation du grand talent de Fritz Lang. La femme au portrait  est l’un des films noirs majeurs de la décennie des années 40, décennie royale du genre.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Edward G. Robinson, Joan Bennett, Raymond Massey, Dan Duryea
Voir la fiche du film et la filmographie de Fritz Lang sur le site IMDB.

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Remarques :
* Le début (mettre femmes et enfants dans le train) évoque la mise en place que Billy Wilder adoptera pour Sept ans de réflexion (1955).
* En plus d’être l’auteur du scénario, Nunnally Johnson était producteur du film avec sa compagnie International Pictures.

(1) La transition de la fin est réalisée en un seul plan, sans coupure : alors que la caméra s’est approchée d’Edward G. Robinson pour cadrer son visage, un assistant s’est glissé sous la caméra pour arracher ses vêtements détachables qui recouvraient son autre costume pendant que toute l’équipe substituaient en quelques secondes le nouveau décor à l’ancien.

The Woman in the Window
Joan Bennett et Eward G. Robinson dans La Femme au portrait de Fritz Lang.

Une réflexion sur « La Femme au portrait (1944) de Fritz Lang »

  1. Un type s’arrête un soir devant une vitrine et sa vie devient un cauchemar….
    Malgré mon admiration pour Fritz Lang je n’ai découvert ce film que récemment, sans vraiment en connaitre le sujet ,me doutant vaguement d’un film noir.
    Passablement déconcerté à la fin et , à entendre les autres spectateurs à la sortie, je n’étais sans doute pas le seul, même assez déçu par le dénouement qui m’a semblé sur le coup un peu facile .
    Et pourtant , en y repensant , le film m’apparait beaucoup plus complexe qu’il n’y parait . D’abord des moments insensés prennent toute leur signification quand on a l’explication : comment une Pin-up comme Joan Bennett peut elle être intéressée par un Edward G. Robinson pas vraiment fichu comme un prix de beauté ? Comment celui-ci , même criminologue, peut-il recevoir les confidences des enquêteurs et accéder aux scènes de crime, endroits ou on ne rentre généralement pas comme dans un moulin ? Sans oublier des rues nocturnes vides dans un plan et noires de monde quelques secondes plus tard.
    Peut être toutes ces erreurs sont elles voulues par Lang et que , même si le film contient les obsessions du réalisateur (en particulier celle du citoyen ordinaire que les circonstances amènent au crime ) , le metteur en scène se sert des codes d’une histoire criminelle pour évoquer autre chose
    N’oublions pas qu’à cette époque , dans les grands films comme dans les séries B et de Hitchcock à Ulmer, la psychanalyse est à la mode à Hollywood et se retrouve dans drames, comédies, westerns ou films d’horreur.
    D’autant plus qu’au début du film , Lang adresse un clin d’œil à Freud , son compatriote viennois .
    Et si , erreurs de mise en scène et de narration étaient des ruses permettant au réalisateur de raconter , non sans humour, ses angoisses ? Et parce qu’il est un grand technicien , de pouvoir composer nombre de plans de reflets dans des miroirs, des fenêtres ou des vitrines . Et avec la complicité de Robinson, c’est sûr pas très beau, mais génialement convaincant, de réussir cette évoquée prouesse technique .
    Un divan de psychanalyste qui se transformerait en écran de cinéma, le plus troublant est que Lang raconte trop bien ses inquiétudes pour que nous n’y retrouvions pas les nôtres .

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