Titre original : « Sorcerer »
Autre titre (Europe) : « The Wages of Fear »
Un tueur à gages, un terroriste arabe, un banquier parisien fraudeur et un truand new-yorkais qui a eu la mauvaise idée de voler la pègre, ces quatre personnes qui ont de bonnes raisons pour chercher à se faire oublier ont échoué dans une bourgade perdue au beau milieu de la jungle d’Amérique du Sud et ne peuvent plus en repartir. On leur propose une dangereuse mission : transporter quelques caisses de nitroglycérine à travers la jungle… Après les deux énormes succès commerciaux que sont French Connection et L’Exorciste, William Friedkin se lance dans le remake du Salaire de la Peur de H.-G. Clouzot. Le budget est bien évidemment confortable. Friedkin adopte un déroulement proche de l’original puisque l’on retrouve un long prologue et le même nombre d’obstacles sur le chemin. La tension n’est toutefois pas la même et tout semble tomber à plat. L’erreur principale est certainement d’avoir choisi quatre personnages principaux assez abjects pour lesquels il est bien difficile d’éprouver la moindre empathie. Friedkin ne le cherchait visiblement pas d’ailleurs puisque les paroles prononcées par chacun pourraient tenir sur une seule feuille de scénario. Le moment de bravoure du film est la traversée d’un pont branlant, scène particulièrement impressionnante.
Elle:
Lui :
Acteurs: Roy Scheider, Bruno Cremer, Francisco Rabal, Amidou
Voir la fiche du film et la filmographie de William Friedkin sur le site IMDB.
Voir les livres sur William Friedkin…
Remarques :
* La musique est de Tangerine Dream.
* Le titre original (Sorcerer = sorcier ou magicien) paraît bien étrange… William Friedkin a déclaré qu’il faisait référence au pouvoir maléfique du destin. On peut sans doute aussi le rapprocher de la brève incursion dans le fantastique vers la fin du périple.
* La scène du pont a été très délicate. Tout d’abord, le pont avec tous ses mécanismes a coûté 1 million de dollars à construire en République Dominicaine et, une fois fini, la rivière s’est soudainement asséchée pour la première fois de son histoire. Il a fallu le démonter et le reconstruire ailleurs (= 1 autre million dépensé) sur une rivière au Mexique dont le débit s’est mis, lui aussi, à diminuer dangereusement ! Il a fallu rajouter de l’eau et surtout du vent. Malgré toutes les mesures de sécurité prises, le camion s’est retrouvé dans la rivière à cinq reprises. La scène a nécessité trois mois de tournage et a absorbé à elle seule un sixième du budget du film.
A propos de la signification du titre, il me semble avoir lu quelque part (je n’ai pas pris le temps de retrouver la référence, pardonnez-moi) que « Sorcerer » est aussi le nom de l’un des deux camions, que les personnages doivent remettre en état avant de prendre la route. L’échec du film est parfois attribué à ce titre, qui aurait induit les spectateurs en erreur en leur faisant attendre un film surnaturel dans la veine de « L’Exorciste ».
Il est vrai que ce titre est l’un des plus sibyllins qui soient. Avant de voir le film, je me demandais pourquoi il s’appelait Sorcerer… après l’avoir vu, la question restait entière. L’explication de Friedkin me semble assez vaseuse et je ne vois pas quel distributeur ni quel créateur pourra prendre le risque de choisir un titre qui n’a franchement rien à voir avec le film.
Je me demandais si, en fait, l’intention n’était pas justement de capitaliser sur le succès de l’Exorciste et attirer du monde du monde dans les salles en laissant croire qu’il s’agissait d’un film de la même veine. Cela semble s’être retourné contre eux. Bon mais mon explication est tout à fait gratuite… je n’ai aucun élément qui me permette de l’appuyer.
l’histoire du choix de certains titres mériterait un volume entier. Dans le cas du film de Friedkin il découlerait – d’après ses mémoires (Friedkin connection) traduites en français il y a peu – de l’écoute d’un morceau de Miles Davis de 67 « The sorcerer » qui donne également son titre à l’album. Friedkin décida alors d’attribuer ce titre au camion conduit par le protagoniste « central » – Marceau a raison – l’autre camion s’appelant Lazarus. Vous pouvez maintenant jouer sur le lien entre Sorcerer et Lazarus. Devant le désastre commercial de son film qui lui tenait tant à coeur, Friedkin « s’exile » quelque temps à Paris où il épouse Jeanne Moreau (qui avait supervisé la version française de L’Exorciste)
Merci pour ces très intéressantes précisions.
En plus, j’ignorais totalement que Friedkin avait été le mari de Jeanne Moreau. (cela semble n’avoir pas duré longtemps, ceci dit).