Titre original : « Man’s Castle »
Lui :
Dans le cinéma de Frank Borzage, l’amour est toujours le plus fort, il triomphe de tout. C’est particulièrement vrai dans Ceux de la Zone puisque son histoire prend place dans une zone de New York connue sous le nom de « Hoover Flats » (= les appartements Hoover), sorte de petit bidonville créé au bord de l’Hudson après la Grande Dépression. C’est là que s’installent provisoirement les deux personnages principaux, deux irréductibles optimistes : lui est un individualiste forcené qui tient à sa liberté et s’interdit d’exprimer tout sentiment (Spencer Tracy), elle est une jeune femme fragile, débordant d’amour (Loretta Young). La façon dont ils se rencontrent en début de film est une petite merveille scénaristique. Borzage est aussi le cinéaste de l’espoir : à l’instar de la fleur qui émerge non sans mal dans cet environnement sombre et pollué, l’amour va éclore malgré l’adversité et les tentations, l’amour qui se joue de la fatalité. Très belles prestations d’acteurs, en totale emphase avec leur personnage ; Loretta Young est particulièrement lumineuse dans cet environnement modeste. Tous deux sont terriblement attachants. Plus que jamais, Borzage fait preuve de délicatesse et de nuances. Malgré les forts contrastes, il ne grossit jamais le trait ni ne joue avec la dramatisation. Il trouve là un équilibre parfait. Ceux de la Zone est l’un de ses plus beaux films.
Note :
Acteurs: Spencer Tracy, Loretta Young, Marjorie Rambeau, Glenda Farrell, Walter Connolly, Arthur Hohl
Voir la fiche du film et la filmographie de Frank Borzage sur le site IMDB.
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Remarques :
* Le film eut des problèmes avec la censure du fait de la grossesse hors mariage. Certaines scènes furent coupées.
* Si le film a indéniablement un côté historique aujourd’hui en nous montrant la façon dont pouvaient vivre des chômeurs au lendemain de la Grande Dépression, il n’était pas très vendeur de trop le montrer à l’époque comme en témoigne l’affiche ci-contre qui reprend une scène très courte entre Spencer Tracy et Glenda Farrell (qui représente la tentation et copie de façon étonnante le jeu de Mae West), une affiche vraiment peu représentative du film.
C’est le parfait exemple du film populaire : le thème était très proche des préoccupation des petites gens, la façon de filmer est aussi très simple. Ce film montre qu’on peut faire du cinéma engagé, sans déconner avec le message lourdingue. Mais on est à l’aube du New-Deal, et Roosevelt n’était pas Obama !