Lui :
Devant l’immense succès de son film Le Voyage dans la Lune qu’il a réalisé deux ans plus tôt, Méliès décide de lui donner une suite. Après la lune, c’est au tour du soleil d’être la destination d’une expédition fantastique. L’histoire est (très) librement adaptée d’une pièce de Jules Verne qui porte le même nom. L’ingénieur Mabouloff et ses collègues de la « Société de Géographie Incohérente » construisent un véhicule révolutionnaire : l’automabouloff intersidéral. Ils se rendent dans les Alpes pour trouver un grand plan incliné qui servira de rampe de lancement. Après un rapide voyage, ils parviennent sur la surface du soleil (!) où ils sont obligés de s’enfermer dans une grande glacière… Ils reviennent sur terre avec un engin submersible qui tombe au fond d’un océan avant qu’une pieuvre géante ne cause une explosion dans la salle des machines qui les fait revenir de force à la surface. Il faut bien avouer qu’à la première vision, l’histoire n’est pas toujours très facile à comprendre sans les commentaires qui étaient dits à l’époque par un bonimenteur sur place. De plus, certaines actions sont montrées deux fois (1). Le Voyage à travers l’Impossible reprend globalement la succession d’évènements du Voyage dans la Lune (conférence, construction, départ, court séjour sur place, retour dans la mer) mais l’ensemble apparaît un peu plus confus. Méliès met beaucoup plus d’humour : tout est prétexte à gesticulations diverses et à la farce, aucune séquence n’est vraiment sérieuse. Il est, probablement pour cette raison, beaucoup moins poétique que son prédécesseur. Le Voyage à travers l’Impossible est plus développé et plus long ; en 1904, c’est le plus long film jamais produit. Méliès vend des copies coloriées à la main. Une fois de plus, Méliès va plus loin que tout autre… il continue de « créer » le cinéma.
Note :
Acteurs: Georges Méliès
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(1) Par exemple, lorsque les savants arrivent dans les Alpes par train, nous les voyons descendre du wagon depuis l’intérieur. Ensuite, nous voyons le train arriver en gare à nouveau (mais, cette fois, vu de l’extérieur) et les voyageurs descendre du train. Cette façon de montrer deux fois des actions importantes était une convention dans certains spectacles populaires. Cette pratique sera abandonnée quelques années plus tard.
Remarques :
* Méliès tient lui-même le rôle de l’ingénieur Mabouloff.
* Une fin additionnelle de deux minutes aurait été mise à la disposition des exploitants (moyennant supplément). Une copie de cette fin allongée aurait été redécouverte il y a peu.