Titre original : « Destry Rides Again »
Lui :
Le roman de Mac Brand, Destry rides again, fut adapté plusieurs fois au cinéma. Cette version est de loin la plus remarquable. Femme ou Démon tente de combiner western et comédie en un seul film. Il y parvient de façon imparfaite mais le résultat reste convaincant à la fois grâce à une solide base de scénario et grâce à un excellent jeu d’acteur. James Stewart est là dans le style de personnage où il excellera dans toute sa carrière, un homme dont la probité et la force morale triomphent dans les pires situations. Ici, il incarne un shérif pacifique qui doit rétablir l’ordre dans une petite ville tenue par des malfrats. Il trouve face à lui Marlène Dietrich, dans un type de personnage inhabituel pour elle, une chanteuse de saloon un peu vulgaire… mais au fond noble, toutefois. Tous les seconds rôles sont solidement tenus, la réalisation est parfaitement rythmée. Même si Marlene Dietrich ne paraît pas toujours à son avantage, les scènes les plus mémorables font toutes intervenir l’actrice : la partie de poker où elle gagne le pantalon de son adversaire, un incroyable crêpage de chignons franchement sauvage (qui reste l’une des bagarres les plus célèbres de toute l’histoire du cinéma) et la chanson « See what the boys in the back room will have », chanson écrite pour le film. S’il n’est pas parfait, Femme ou Démon reste assez remarquable. Son succès permit à Marlene Dietrich de voir sa carrière rebondir.
Note :
Acteurs: Marlene Dietrich, James Stewart, Mischa Auer, Charles Winninger, Brian Donlevy, Jack Carson, Irene Hervey, Una Merkel
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Remarques :
1) Après l’échec commercial d’Angel, la carrière de Marlene Dietrich était bien mal en point. Classée dans les « épouvantails du box-office » par la presse et les exploitants de salles, elle partit pendant une année en villégiature en Europe. Les Studios Paramount laissèrent mourir son contrat bien qu’elle leur devait encore un film. Quand un producteur d’Universal approcha Marlene Dietrich pour tourner un western, sa première réaction fut bien entendu de refuser. Son entourage (dont Sternberg) la convainquit d’accepter.
2) La scène de bagarre entre Marlene Dietrich et Una Merkel devait être tournée par des cascadeuses mais Marlene réclama de la jouer elle-même. Les studios refusent d’abord devant le risque de blessures mais, flairant un bon coup de publicité, ils finirent par accepter. Le jour du tournage, le plateau était effectivement envahi de journalistes. Une infirmerie spéciale avait été installée au dehors. Avant la bataille, Marlene Dietrich prévint Una Merkel de ne pas hésiter à la taper parce que, elle, n’allait pas se retenir… Elle se jetèrent dessus comme deux furies et toute la scène fut tournée en une seule prise. La fin de la scène fut saluée par un tonnerre d’applaudissements. La fille de Marlene raconte que la pauvre Una Merkel eut des bleus sur tout le corps… Cette bagarre eut un formidable retentissement dans la presse qui assura, en partie, le succès ultérieur du film.
Autres adaptations du roman de Max Brand :
Destry rides again (1932) de Benjamin Stoloff avec Tom Mix et Claudia Dell
Frenchie (La femme sans loi) de Louis King (1950) avec Joen McCrea et Shelley Winters
Destry (Le nettoyeur) à nouveau de George Marshall (1954), mais cette fois en couleurs, avec Audie Murphy et Mari Blanchard.