Titre original : « The Song of Songs »
Autre titre français (vidéo) : « Cantique d’amour »
Lui :
Déçus par le maigre succès du film précédent Blonde Venus, les Studios Paramount impose à Marlene Dietrich de tourner avec un autre réalisateur que son Von Sternberg préféré : pour Le Cantique des Cantiques ce sera donc Rouben Mamoulian. Personne n’est satisfait de cette association forcée, d’autant plus que le scénario est jugé par tous épouvantable. Il s’agit d’un roman, déjà adapté en pièce puis par deux fois à l’écran, dont l’histoire tient, il est vrai, plus du roman-photo que d’un grand roman d’amour : une jeune paysanne arrive à Berlin et y rencontre un jeune sculpteur dont elle tombe amoureuse. A la vision du film, on perçoit sans peine que le courant n’est pas passé entre le réalisateur et Marlene dont le jeu est assez inconsistant, avec des sautes d’expression d’un plan à l’autre comme si elle semblait prendre des poses. Rouben Mamoulian parvient tout de même à créer de très belles scènes, notamment dans l’atelier du sculpteur avec la statue pour troisième personnage. Il parvient également à magnifier Marlene dans une ou deux scènes, même s’il est délicat de savoir si le crédit doit en être donné à la star ou au réalisateur qui n’a pas pu montrer ici tout son talent. Le Cantique des Cantiques n’eut que peu de succès, il est même devenu assez peu courant aujourd’hui.
Note :
Acteurs: Marlene Dietrich, Brian Aherne, Lionel Atwill, Alison Skipworth, Hardie Albright
Voir la fiche du film et la filmographie de Rouben Mamoulian sur le site IMDB.
Voir les autres films de Rouben Mamoulian chroniqués sur ce blog…
Remarques :
A) Malgré les affirmations des services de publicité de Paramount, Marlene Dietrich n’a pas posé nue comme modèle pour la création de la statue utilisée dans le film. Elle a catégoriquement refusé pour plusieurs raisons dont une fort simple qui est dévoilée par sa fille dans son livre (mais qu’en homme bien élevé, je n’aurai pas la muflerie de répéter…)
B) Si le courant n’est pas vraiment passé entre Rouben Mamoulian et Marlene Dietrich (sans qu’il y ait eu d’hostilité franche, Mamoulian sachant arrondir les angles), il en fut tout autrement entre Marlene et Brian Aherne qui eurent une liaison le temps du tournage, ce qui a du apporter un peu de chaleur au film qui en manque singulièrement.
C) Après cet intermède, Marlène sera « redonné » à von Sternberg qui fera L’impératrice Rouge (The Scarlet Empress) tandis que Rouben Mamoulian fera tourner Greta Garbo (la bête noire et grande rivale de Marlene Dietrich) dans La Reine Christine (Queen Christina). Ils signeront là deux des plus grands films hollywoodiens de toute la décennie.
Précédentes versions :
The Song of Songs de Joseph Kaufman (1918) avec Elsie Ferguson
Lili of the Dust de Dimitri Buchowetzki (1924) avec Pola Negri
Merci de nous rappeler l’œuvre de Rouben Mamoulian, immense esthète du cinéma. Pour moi son meilleur film est « Blood and sand » une histoire de toréador illuminée par le talent et l’exceptionnelle énergie de Tyrone Powell et par la sensualité de Rita Hayworth.
Oui, vous avez raison, Rouben Mamoulian est un cinéaste très talentueux. Le Cantique des Cantiques n’est pas le meilleur film pour s’en rendre compte… Il a de nombreux très beaux films dans sa filmographie et Arènes Sanglantes en est effectivement un superbe exemple.