Titre complet: « Le testament d’Orphée, ou ne me demandez pas pourquoi! »
Lui :
Dernier long métrage de Jean Cocteau, Le Testament d’Orphée est aussi son ultime message comme il le définit lui-même en exergue de son film : « Voici le legs d’un poète aux jeunesses successives qui l’ont toujours soutenu » (1). Tourné dans les carrières des Baux-de-Provence, il s’agit d’une introspection où Cocteau se met lui-même en scène pour une série de variations poétiques et philosophiques sur les thèmes qu’il a explorés toute sa vie durant. « Ma grande affaire est de vivre une actualité qui m’est propre et qui abolit le temps. Ayant découvert que cet état était mon privilège, je m’y suis perfectionné et enfoncé davantage. » Il meurt et renaît plusieurs fois tel un phénix poétique. Il joue avec le temps, mêlant les époques et les mythologies, créant aussi de jolis effets visuels de plans retournés et de trucages audacieux. Il faut certainement être très familier de l’œuvre de Cocteau pour apprécier ce film à sa juste valeur. Beaucoup d’acteurs différents (dont Jean-Pierre Léaud à l’âge de quatorze ans!) et quelques apparitions de ses amis (2).
Note :
Acteurs: Jean Cocteau, Henri Crémieux, María Casares, François Périer, Edouard Dermithe, Jean Marais, Yul Brynner, Daniel Gélin
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean Cocteau sur le site IMDB.
Voir les autres films de Jean Cocteau chroniqués sur ce blog…
(1) Cocteau a été soutenu par la Nouvelle Vague, y compris matériellement : apprenant que Cocteau avait des problèmes pour boucler son budget, François Truffaut lui apporta les toutes premières recettes de son premier film Les 400 coups ce qui permit à Cocteau de tourner.
(2) Les amis : Picasso, le danseur Serge Lifar, le torero Luis Miguel Dominguín, Charles Aznavour, Françoise Sagan, Jacqueline Roque (Jacqueline Picasso), Alice Sapritch
Francine Weisweiller a produit le film dont certaines scènes ont été tournées dans sa villa de Saint-Jean-Cap-Ferrat, villa décorée de fresques par Cocteau aujourd’hui classée monument historique. Elle joue également la femme élégante qui s’est trompée d’époque.
Remarque :
Un livre de photographies (jusque là inédites) prises pendant le tournage du Testament d’Orphée par Lucien Clergue est sorti chez Actes Sud en 2003 : Phénixologie.
Tiens, une autre variation sur le thème d’Orphée. Je vais surveiller si vous finissez par revoir et chroniquer « Parking »… 😉
Amusé de voir Yul Brunner au générique de pareil film (sa filmographie m’est largement inconnue, mais pour moi, c’est avant tout le chef des six autres mercenaires). Que dire ? Vous soulignez que l’oeuvre est plutôt accessible aux bons connaisseurs de Cocteau. Je serais un peu inquiet à l’idée de décrocher au moment de voir pareil film. Cela vaut-il le coup de se « forcer », le cas échéant ?
Bon week-end.
Yul Brynner n’a qu’un tout petit rôle (avec une ligne de texte tout de même…). C’est un acteur assez étonnant, très mystérieux, qui a joué dans nombre de « grands films d’aventures » des années 60. Pour moi, il sera toujours Tarass Boulba, film que j’ai vu très jeune et qui m’a fortement impressionné… 🙂
Sinon, le Testament d’Orphée est nettement plus éloigné du mythe d’Orphée que le précédent Orphée de Cocteau qui en était une interprétation directe. Ici, Cocteau explore plus la place du poète et du philosophe. Le titre « le testament de Cocteau » aurait été plus juste. Ce n’est pas un film très facile. A moins d’être un cocteauphile assidu, il faut accepter ne pas en saisir toutes les subtilités et tous les concepts. Cela me paraît tout à fait normal.
pas d’inquiétude, on ne s’en décroche pas si facilement même si effectivement certaines subtilités nous échappent, c’est d’ailleurs le premier Cocteau que je regarde (car oui a l’instant même je le découvre) et certes n’étant pas un cocteauphile ( jusqu’à maintenant) c’est avec grand plaisir et grand respect pour un grand homme que je me perd dans le synopsis, qui sait me conduire plutôt aisément dans un univers a part entière.
Je viens de relever une erreur minime dans votre post. Vous parlez du danseur « Pierre Lifar », en réalité il s’agit de « Serge Lifar ». Bien à vous.
Effectivement !
Merci bien de m’avoir signalé cette erreur. C’est corrigé.
que de de trés bon souvenir de mon enfance , j ai tourné dans ce film avec jean cocteau j avais 13 ans dans ce cadre magique des carriéres des baux de provence ou je suis née