Titre original : « The quiet American »
Lui :
En 1952, dans un Saigon sous présence française, un journaliste anglais d’âge mûr fait la connaissance d’un jeune américain. Très rapidement, celui-ci est attiré par la jeune maîtresse vietnamienne du journaliste. L’histoire est adaptée d’un roman de Graham Greene ; le début est assez fidèle au roman mais Joseph Mankiewicz s’en écarte rapidement, dénaturant totalement le fond du propos (1). Si le film a ainsi perdu une dimension importante, puisque l’on se retrouve face à une histoire plus banale et de moindre intérêt, il faut reconnaître qu’Un Américain bien Tranquille apparaît comme un film très intelligent doté d’une belle force. Il y a d’abord cette atmosphère, très authentique et très prenante, qui trace une trame de fond avec les problèmes d’un certain colonialisme et l’embarras des autorités françaises de l’époque. Il y a aussi cette importance des dialogues (comme toujours chez Mankiewicz) qui permet de tisser des relations complexes entre les personnages. Le cynisme du journaliste et la candeur du jeune américain (2) se font face dans une confrontation dont la jeune femme est malgré elle l’enjeu. La construction du film est adroite, elle permet en outre de donner une dimension dramatique dans la mesure où l’on connaît l’issue tragique dès la première minute. Malgré le détournement de l’histoire, Un américain bien tranquille est à ranger parmi les meilleurs films de Mankiewicz.
Note :
Acteurs: Audie Murphy, Michael Redgrave, Claude Dauphin, Giorgia Moll, Bruce Cabot, Fred Sadoff
Voir la fiche du film et la filmographie de Joseph L. Mankiewicz sur le site IMDB.
Voir les autres films de Joseph L. Mankiewicz chroniqués sur ce blog…
(1) Le roman de Graham Greene mettait en relief les manœuvres des américains pour mettre fin à la domination française en Indochine, « l’américain bien tranquille » était ainsi un agent de la C.I.A. Mankiewicz transforme l’ensemble et change les personnages pour adopter un propos plus simplement anti-communiste. Graham Greene s’en est indigné dès la sortie du film. L’Histoire lui a donné raison ; en 1958, l’Amérique ne savait pas qu’elle allait s’engager dans un conflit dont elle ne saurait se sortir avant de nombreuses années.
(2) Le film fut également critiqué pour son choix de l’acteur interprétant l’américain tranquille : Audie Murphy est un ancien soldat, le soldat américain le plus décoré de la Seconde Guerre mondiale, remarqué pour cette raison par James Cagney qui tenta d’en faire un acteur. Il faut bien admettre qu’Audie Murphy (qui a tourné surtout des westerns et des films de guerre) est loin d’être un acteur mémorable…
Remake :
Un américain bien tranquille (The quiet american) de Phillip Noyce (2002) avec Michael Caine, Brendan Fraser. Cette adaptation est plus proche du livre mais, néanmoins, n’a pas tout à fait la même force. Lire nos commentaires sur ce film …
Une belle histoire d amour,sur un fond géopolitique,dans l Indochine encore française.film tourne à Saigon,à une époque ou les vietnamiennes portaient des robes qui faisaient tourner la tête de tous les hommes.maintenant c est le pantalon de rigueur ,le communiste est passé par la.un film tout en nostalgie,à voir et a revoir
Le « détournement de l’histoire » est en fait le résultat d’une intervention de la CIA dans la réalisation de ce film, dans le cadre de l’opération « Mockingbird », cette opération qui consistait dans les années 50 et 60 à influencer les médias des États-Unis et de pays étrangers, en soudoyant des auteurs afin de systématiquement diaboliser le communisme. Graham Greene faisait dans le roman le procès des agissements américains; le scénario a été sciemment déformé pour devenir anticommuniste. Cette entorse n’enlève rien à la qualité cinématographique du film ni au génie de son réalisateur.