Titre original : « Blonde Venus »
Lui :
Une ex-chanteuse de cabaret accepte de reprendre son ancien métier pour pouvoir payer une cure qui peut sauver son mari gravement atteint par des rayons X. Entretenue par un jeune et riche protecteur, elle doit fuir pour pouvoir rester avec son enfant lorsque revient le mari. L’histoire est à la base assez faible, peu crédible même. Sternberg voyait là surtout un moyen de montrer Marlene Dietrich, dont il était amoureux, sous plusieurs visages et aussi de lui donner une vraie dimension d’acrice dramatique : elle est ainsi tour à tour naïade nue, épouse parfaite, mère dévouée d’un jeune garçon, femme fatale, prostituée, meneuse de revue, riche élégante, fauchée au bout du rouleau, etc… C’est certainement un peu beaucoup pour un seul film et l’ensemble paraît inévitablement plutôt décousu. Blonde Venus est marqué par deux grands numéros musicaux de Marlene : Hot Voodoo où, déguisée en gorille, elle retire sa combinaison (contraste étonnant quand apparaissent ses mains) et enfile une perruque à la Harpo Marx… et I could not be annoyed où Sternberg joue à nouveau sur l’ambiguïté des sexes, dans un registre beaucoup plus élégant que pour l’Ange Bleu puisque Marlene Dietrich a un superbe smoking blanc avec haut de forme de la même couleur. Cela ne suffît pas : Blonde Venus n’eut aucun succès. On peut supposer que la vision de Marlene Dietrich en ménagère dérouta le public… A noter la présence d’un jeune acteur dans son premier grand rôle, Cary Grant.
Note :
Acteurs: Marlene Dietrich, Herbert Marshall, Cary Grant, Dickie Moore
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Remarques:
1) En plus de jouer son rôle, Cary Grant vendait des chemises sur le plateau pour arrondir ses fins de mois. « Il est si charmant que tout le monde lui en achète » précise Marlene Dietrich. Cary Grant avait été découvert par Mae West qui était, elle aussi, sous contrat à la Paramount.
2) La fille de Marlene Dietrich raconte que c’est elle-même qui avait suggéré à sa mère de faire briller les revers du smoking pour qu’ils ressortent sur le blanc. Elle avait alors à peine 8 ans. « Le début d’une longue collaboration » ajoute-t-elle (Marlene Dietrich concevait elle-même beaucoup de ses robes).
3) La scène d’ouverture où l’on voit six jeunes baigneuses (dont Marlene Dietrich) entièrement nues, imparfaitement masquées par les branches d’un saule pleureur, est étonnante. Elle a beau rester assez chaste, elle n’aurait probablement pas passé la censure du Code Hays ne serait-ce que deux ans plus tard. C’est en tout cas une scène extrêmement poétique pour du Sternberg.
4) Fait suffisamment rare pour être noté, l’excellent et séduisant acteur anglais Herbert Marshall était unijambiste, ce qui n’est le plus souvent guère visible à l’écran, tout au plus remarque-t-on qu’il boîte.