Titre original : « Modern times »
Lui :
Plusieurs années après la généralisation du cinéma parlant, Charles Chaplin a la volonté et le courage de sortir un film muet (toutefois sonore, avec quelques voix off). Le but recherché était de faire un film universel qui soit compris par tous. Les Temps Modernes est un film très fortement ancré dans son époque, celle de la crise économique et de la mécanisation du travail à la chaîne. Sa portée aurait pu être limitée dans le temps, et pourtant il a non seulement traversé le temps mais il a pris beaucoup plus de force avec les années : encore aujourd’hui, les images-symboles des Temps Modernes sont couramment utilisées pour illustrer des propos ou des articles sur la déshumanisation du travail et de la société. Car le fond du propos de Chaplin est bien une fois de plus sur la dignité de l’homme, l’homme qui est ici, soit broyé par des intérêts supérieurs, soit injustement condamné sur des apparences. Il mêle tout cela avec un humour omniprésent, on ne compte pas les scènes qui sont mémorables sur ce point : la machine à manger, la folie du serrage de boulons, le repas à la prison, le patin à roulettes dans le grand magasin et surtout la chanson dans le cabaret où Chaplin nous fait un numéro absolument hilarant. En fin de compte, avec Les Temps Modernes, Chaplin a bien atteint l’universalité qu’il visait.
Note :
Acteurs: Charles Chaplin, Paulette Goddard, Henry Bergman, Allan Garcia
Voir la fiche du film et la filmographie de Charles Chaplin sur le site IMDB.
Voir les autres films de Charles Chaplin chroniqués sur ce blog…
Remarques :
1) Pour la scène de l’usine, Chaplin s’est sans aucun doute inspiré d’un film de René Clair, A nous la liberté (1932), qui comportait une scène très amusante et assez similaire sur le travail à la chaîne.
2) A sa sortie, Les Temps Modernes n’eut pas le succès espéré aux Etats-Unis où Chaplin fut parfois accusé de flirter d’un peu trop près avec le communisme. Le film fut interdit en Allemagne et en Italie. Il reçut un bon accueil à Paris et à Londres. En revanche, lorsqu’il ressortît à la fin des années cinquante, il fut unanimement plébiscité.
3) Le numéro chanté dans le cabaret fut la première fois où l’on a entendu la voix de Chaplin (rappelons que la voix off sur La Ruée vers l’Or ne fut enregistrée qu’en 1942). Cette chanson était une sorte de sabir composé de plusieurs langues. C’est la raison pour laquelle on reconnaît certains mots français autant que l’on reconnaît des mots anglais et sans doute d’autres langues.
Il y a aussi une critique de la technique dans ce film. L’opposition entre le monde réel et cruel de l’usine et les rèves de Charlot quant à un monde idéal, revalorisent l’idée d’un monde simple et naturel. Comme d’ailleurs l’amour doit être une chose simple et naturelle. Au delà de la critique sociale, je crois que c’est aussi pour ça que le film n’a pas vieilli.
Regardez aussi « les lumieres de la ville »….Avec le retour de la misere dans nos societes, ce film de Chaplin, est tout a fait d’actualite…
Comme le dit Serge Darche-Cessens, j’ai également entendu beaucoup de bien de « Les lumières dans la ville », comme étant le meilleur film de Chaplin. Je l’ai alors regardé et je vous le recommande fortement.