Titre original : « Beyond a reasonable doubt »
Lui :
Un directeur de journal opposé à la peine de mort, aidé d’un écrivain, son futur gendre, met sur pied un plan pour faire avancer ses idées : l’écrivain va se laisser accuser d’un meurtre non élucidé. Ils fabriquent ainsi des fausses coïncidences dans le but de prouver que n’importe qui peut se retrouver accusé à tort. Face à eux, le procureur va sauter sur cette occasion en or de faire avancer sa carrière, bien décidé à mener ce « coupable » à la chaise électrique. L’invraisemblable vérité est le dernier film américain de Fritz Lang (ses disputes avec son producteur sur ce film le pousseront à quitter Hollywood définitivement) mais ce n’est certainement pas l’un des moindres. Si Fritz Lang filme de façon très épurée, sans aucune débauche et sans grand numéro d’acteur, c’est pour mieux se concentrer sur l’essentiel, utilisant une construction et un déroulement du récit d’une efficacité implacable. On retrouve ici cette sensation déjà éprouvée à la vision de certains de ses autres films d’être face à un concentré de cinéma pur, loin de tout racolage. De plus Fritz Lang réussit le tour de force de doubler son propos : L’invraisemblable vérité est bien plus qu’un réquisitoire contre la peine de mort, le film nous questionne directement : c’est notre propre regard qui est mis en cause. (Arrêtez ici la lecture de ce commentaire si vous avez l’intention de voir prochainement le film) Avec ce dénouement si particulier, Fritz Lang nous met dans le même panier que ce procureur arriviste qui avait toute notre réprobation. Notre aveuglement vaut le sien. Nous pensions pourtant être à l’abri, être beyond a reasonable doubt... Sous ses airs simples, L’invraisemblable vérité est un film très fort et particulièrement implacable dans sa démonstration.
Note :
Acteurs: Dana Andrews, Joan Fontaine, Sidney Blackmer, Arthur Franz, Philip Bourneuf
Voir la fiche du film et la filmographie de Fritz Lang sur le site IMDB.
Voir les autres films de Fritz Lang chroniqués sur ce blog…
Remarque :
Le scénario est très proche de celui de The man who dared (1946) de John Sturges. Film assez rare, il s’agit de sa première réalisation et n’a pas la réputation d’être parmi ses meilleures.
Remake :
Un remake de L’invraisemblable vérité est sorti en 2009 : Beyond a Reasonable Doubt de Peter Hyams avec Michael Douglas et Jesse Metcalfe.
A ce propos, le titre français m’a toujours exaspéré, car il me parait particulièrement inapproprié. De quelle vérité parle-t-il donc ? Et en quoi est-elle invraisemblable ? A moins qu’il ne veuille déflorer le dénouement nécessairement final (amis des pléonasmes, bonjour !). Selon la bonne tradition des années 50, il n’a rien à voir avec le titre original, bien plus proche du propos.
Cela étant, je souscris complètement à l’analyse du film qui annonce en filigrane la scène culte de « I comme Icare ».
C’est tout à fait ce que je me disais au début du film… 😉
Mais là, c’est plutôt l’exception qui confirme la règle : la traduction est très appropriée. Expliquer pourquoi déflorerait effectivement le fond du propos…
Ceci dit, on peut se demander pourquoi, alors que Fritz Lang avait choisi un titre plutôt simple, à un seul niveau, le distributeur français s’est permis de choisir un titre « à tiroirs » qui laisse pré-supposer (à condition que l’on accorde de l’importance au titre français ce qui n’était heureusement pas mon cas…) qu’il y a autre chose et donc risque d’enlever un peu à la force de la démonstration.
Film excellent, bien dans la lignée de Fritz Lang. Il est passé, 2xfois
même, je crois, sur France-3 au temps du cinéma de minuit. Le moment hallucinant est quand celui […. censuré ….].
J’espère qu’on le repassera bientôt sur Arte.
NDLR : Désolé d’avoir coupé votre commentaire pour ne pas déflorer la fin (d’ailleurs, c’est marqué sur l’affiche américaine qu’il ne faut pas raconter la fin… ;-)).
Sinon, effectivement, je suis à peu près sûr de l’avoir déjà vu, donc certainement au Cinéma de Minuit ou au ciné-club d’Antenne 2. Heureusement, je n’en avais pas de souvenirs très nets, donc la découverte a été totale.
Toute déférence gardée à Fletcher Eric, merci d’avoir « censuré » une révélation préjudiciable au plaisir du film 🙂
Bonjour,
Ce film est avec « La Cinquième Victime » un film majeur de la période américaine de Fritz Lang.
Vous m’apprenez qu’un remake de Peter Hyams est annoncé pour ce mois de septembre; le pire est à craindre.
Il serait beaucoup plus judicieux et utile que ces 2 oeuvres sortent enfin en DVD en zone 2.
Ces 2 films étaient passés sur la première chaîne de télévision en 1981-1982 (lorsqu’elle n’était pas encore privatisée) dans le cadre d’un programme concocté par le regretté Pierre-André Boutang ; je me rappelle de Chabrol « décortiquant » certaines scènes ; cette émission n’a hélas pas duré bien longtemps.
Sincères salutations. AUGELMANN
Peut-on considérer La vie de David gale d’Alan Parker comme un remake du film de Lang ?
Une bonne nouvelle pour tous les amateurs de Lang :
WILD SIDE dans sa nouvelle collection « CLASSICS CONFIDENTIAL » a prévu pour 2010 et 2011 de nombreuses sorties dont un coffret double :
« La cinquième victime » et « L’invraisemblable vérité » accompagné d’un livret.
D’aiileurs cette nouvelle série démarre le 2/12/09 avec le coffret
« La femme au portrait » et « La rue rouge ».