J’aime beaucoup Dylan mais, malgré sa forme originale, je ne vois pas l’intérêt de ce film en forme de faux documentaire avec un Dylan aux multiples visages d’acteurs très différents qui m’empêche d’y croire et me fait abandonner. J’ai de très loin préféré No Direction Home de Scorcese (abandon).
Note :
Lui :
I’m not there est une mise en images de la personnalité de Bob Dylan particulièrement riche et originale. Todd Haynes a en effet choisi de prendre 6 acteurs différents pour illustrer très librement 7 facettes différentes du personnage : un jeune baroudeur fan de Woody Guthrie, un chanteur de protest songs engagé, un poète amateur d’Arthur Rimbaud, un chanteur provocateur qui refuse de jouer le rôle de contestataire que l’on lui a assigné, un acteur qui a relations délicates avec sa femme, un prédicateur converti de fraîche date et un cow-boy franc-tireur et solitaire. Le plus étonnant dans le choix des comédiens, c’est que ce sont les deux choix les plus extrêmes qui sont les plus réussis : le jeune Bob Dylan est interprété par un gamin noir de 11 ans (!) vraiment convaincant et surtout Cate Blanchett est absolument stupéfiante en Bob Dylan de Blonde on Blonde (*). Même si certaines scènes au début du film peuvent le laisser craindre (comme ces fausses interviews de Joan Baez / Julianne Moore), le propos de I’m not there n’est en aucun cas de dresser une biographie de Dylan ; il est bien d’illustrer cet aspect multi-facettes du personnage. Le récit est structuré assez librement avec une multitude de détails pour nous ravir. La musique est bien entendu omniprésente, avec beaucoup de morceaux interprétés par Dylan lui-même ; l’univers d’un petit nombre de morceaux est même mis en scène, l’un d’entre eux est un véritable petit clip. I’m not there est absolument admirable. Todd Haynes a vraiment su trouver la bonne formule pour retracer toutes les dimensions du personnage, même si c’est là une formule qui peut dérouter. Maintenant, je ne sais pas comment pourra réagir le spectateur qui n’est pas familier de l’univers du chanteur…
Note :
Acteurs: Cate Blanchett, Ben Whishaw, Charlotte Gainsbourg, Christian Bale, Richard Gere, Marcus Carl Franklin, Heath Ledger, Julianne Moore, Bruce Greenwood
Voir la fiche du film et la filmographie de Todd Haynes sur le site IMDB.
Voir les autres films de Todd Haynes chroniqués sur ce blog…
(*) Personnellement, comme j’avais l’avantage de n’avoir rien lu sur le film avant de le voir, je me suis vraiment laissé prendre : j’ai bien trouvé l’acteur assez androgyne et à plusieurs moments je me suis posé la question mais ce n’est qu’à la toute fin (quand il/elle nous regarde droit dans les yeux) que j’ai eu la certitude qu’il s’agissait d’une femme. La lecture du générique m’a ensuite laissé pantois.
Je connais mieux Joan Baez que Bob Dylan et encore, tout est relatif…
Le film m’intéresse comme « curiosité ». Je m’inquiète justement du fait qu’il faille bien connaître l’univers du chanteur pour vraiment apprécier le spectacle à sa juste valeur.
Mais que voilà deux avis très tranchés, opposés l’un à l’autre !
C’est rare, ici !
Moi, je le garde comme une idée possible, au moins pour Cate Blanchett.
C’est sûr que, pour une fois, nos deux avis divergent très profondément… 😉
Sinon, en toute franchise, je ne sais comment le film peut être perçu quand on ne connaît pas bien Dylan, car je trouve que tout l’intérêt du film est de proposer une certaine vision du personnage, à la fois proche de la réalité et teinté d’une certaine sorte d’idéalisation.
Il restera toujours l’extraordinaire interprétation de Cate Blanchett qui m’a complètement berné, je n’y ai vu que du feu (preuve que j’étais absolument capté par le film car en regardant les photos après coup, je me dis que j’aurais pu m’en apercevoir…), d’autant plus que le côté androgyne du Dylan en 1965-66 ne m’a jamais vraiment frappé.
Bonjour,
Je viens de visionner une nouvelle fois chez moi le film de Todd Haynes (actualité oblige : la sortie le 27 avril du nouveau Dylan). C’est intéressant qu’un film suscite des avis opposés. Mais je ne suis pas certain qu’il soit absolument nécessaire d’être un spécialiste de « Dylan et son oeuvre » pour apprécier ce film : pourquoi pas au contraire une introduction à son univers ? Sinon, ce film est admirablement construit.