Titre original : « Erosu purasu Gyakusatsu »
Elle :
Il faut découvrir absolument ce grand cinéaste japonais pour l’audace de ses scénarios qui abordent des thèmes osés pour l’époque mais également pour la forme très novatrice de son cinéma. Dans ce film, il met en scène un anarchiste des années 1910 qui prône l’amour libre et en parallèle un très jeune couple perdu des années 60. Sur le fond, la première partie d’Eros + Massacre est très intéressante ; dommage que le scénario devienne plus répétitif et ennuyeux dans sa seconde moitié. En revanche, la forme est un pur régal visuel. Yoshida est un véritable artiste photographe à l’œil très contemporain. Il se permet toutes les audaces de cadrages, de composition, de flou, d’éclairage et ça fonctionne formidablement bien. C’est une véritable leçon photographique qui défile sous nos yeux, chaque plan est une petite merveille d’inventivité et de beauté.
Note :
Lui :
Eros + Massacre met en parallèle l’histoire de deux femmes séparée par un demi-siècle : d’une part, celle de la troisième femme de Sakae Osugi, anarchiste des années 20 et partisan de l’amour libre ; d’autre part, celle d’une jeune fille de 20 ans, vivant librement une sexualité sans joie en cette fin des années 60, qui se livre à une enquête sur la première. Avec son ami (le seul qui se refuse à elle), ils cherchent un sens aux théories de Sakae Osugi. En tout premier, c’est la liberté sur la forme qui frappe le spectateur, Kiju Yoshida casse la cadre traditionnel de l’image en cadrant ses personnages au niveau du cou et en laissant beaucoup d’espace au dessus. En outre, le cinéaste crée très souvent un cadre dans le cadre, utilisant tous les objets et architectures à sa disposition. L’inventivité et l’audace dont il fait preuve au niveau de la composition de ses images n’ont pas d’équivalent. L’image est en noir et blanc saturé, créant une impression d’irréalité, ou plutôt au dessus du réel, mais surtout d’atemporalité. Sur le fond, Yoshida se penche sur l’anarchisme et la libération des mœurs mais aussi sur la notion de réalité historique qu’il met un peu à mal (Sakae Osugi est une figure célèbre au Japon). Originellement de 202 minutes, le film fut réduit à 165 minutes pour sa sortie au Japon. Eros + Massacre n’est pas un film facile et qui peut paraître un peu long dans sa seconde moitié, mais son image épurée, ses cadrages totalement en dehors des normes en font une œuvre qui force l’admiration.
Note :
Acteurs: Mariko Okada, Toshiyuki Hosokawa, Yûko Kusunoki, Kazuko Ineno
Voir la fiche du film et la filmographie de Yoshishige Yoshida sur le site imdb.com.
Voir les autres films de Yoshishige Yoshida chroniqués sur ce blog…
Grosse erreur : ce film est de Wakamatsu .
De quel film parlez-vous ?
Quel film est de Kôji Wakamatsu ?