Elle :
Virée nocturne dans les rues sombres de New-York sur fond de jazz à la recherche d’un diplomate de l’ONU disparu. Très beau noir et blanc et magnifiques cadrages de New-York la nuit créent une atmosphère inquiétante et mystérieuse. Jean-Pierre Melville en journaliste de l’AFP, mène l’enquête en compagnie d’un photographe alcoolique véreux.
Note :
Lui :
C’est un film à plusieurs facettes. C’est tout d’abord un polar, une enquête sur la disparition d’un homme. Mais le film est traité comme un documentaire : on parcourt Manhattan en tous sens et Melville s’attarde sur les scènes de rues (probablement réelles). C’est enfin une mise en accusation du journalisme à sensation, mettant en évidence les tentations, les dérives, qui sont toujours d’actualité 40 ans après la sortie de Deux Hommes dans Manhattan. La photographie est très sombre, sans recherche trop apparente, mais assez séduisante.
Note :
Acteurs: Pierre Grasset, Christiane Eudes, Jean-Pierre Melville
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean-Pierre Melville sur le site imdb.com.
Voir les autres films de Jean-Pierre Melville chroniqués sur ce blog…
Un peu longuet, pas du meilleur Melville… le cadre de New York tend à pousser le cinéaste vers des clichés. On est loin du Deuxième souffle, du Samouraï… et surtout de ses deux chefs d’oeuvre, Le Cercle rouge et Le Doulos.
Melville l’américain s’attarde sur New York et le jazz : très beaux plans de la ville dans une atmosphère nocturne, le spectateur rencontre des trajectoires pas très belles, des gens en demi-teintes et une enquête policière qui sert à habiller tout cela.
Mention particulière pour la scène du réveil de Delmas et la séance d’enregistrement chez Capitol.
On est frappé par la présence d’une certaine sensualité, qui ira s’estompant ensuite chez Melville.
Comment vouloir exiger de Melville autant de perfection que dans ses films accomplis ?… il en était à ses débuts.
Ce film a un peu vieilli bien sûr, mais que de sensualité effectivement.
Pour ma génération ce film a été un « choc ». Melville nous a fait rêver devant cette vitrine, bien que sombre, d’un pays qui fascinait les grands ados que nous étions : les USA.
Il a su rendre l’atmosphère de NYC que l’on n’appelait pas encore la grande pomme.
Quelle merveille que ce noir & blanc.
Pour les soixantenaires (et plus) dont je fais partie c’est un film culte.
UncleJJ47
ET NOUS SOMMES DEVENUS MELVILLIENS…
«Le sens ne concerne pas le réalisateur mais le spectateur» André S. Labarthe
Dans leur Quête du cher disparu, ils nous apparaissent chez les trois femmes/témoins, une première fois, derrière la fenêtre d’un décor de théâtre, ensuite à travers la vitre d’un studio d’enregistrement, enfin, ils
se reflètent dans le miroir géant d’une boite de nuit. Nous les voyons alors comme si nous étions du côté de chacune de ces «pourchassées»: L’actrice, la chanteuse, la danseuse. Placé dans la position/situation du sujet, le spectateur s’interroge d’autant plus sur la réalité de la balade nocturne des deux zigs de Manhattan, alors que la situation est on peut plus claire: Un homme public a disparu, des journaliste le cherchent.
Par cette mise en scène phénoménologique Melville choisit la distance, tandis qu’il opte pour le documentaire-New York, le «vrai», ses monuments, ses théâtres, ses bars, son Palais des Nations Unies la nuit, au crépuscule, à l’aube- et que sa voix off qui nous maintient dans le récit le plus strict de la recherche.
A partir de là, l’auteur peut se montrer moraliste et nous parler de la Résistance (On voit poindre le scénario de « l’Armée des ombres») du droit à la vie privée, du devoir et des droits de la presse et que sais-je encore…
«Deux hommes.. » se termine au petit jour par un éclat de rire forcé de celui qui devait mal se conduire. Un peu comme «Bob le flambeur» à la suite son casse raté mais après la réussite du but suprême de son existence: Gagner des millions au jeu. Là, Delmas se débarrasse de ses maudites photos mais parvient à préserver la mémoire de l’ancien résistant. Chacun sa Quête.
Et tout ça, et bien d’autres merveilles, accompagnés par la musique du génial Martial Solal.
Jacques Doniol Valcroze, l’un des premiers rédac’ chef des «Cahiers du Cinéma » (et lui-même cinéaste) déclarait que « Deux hommes… » devait être considéré comme l’œuvre fondatrice de la Nouvelle Vague. Probablement. Même si nous pensons que déjà, en 1956, «Bob le flambeur»….
Viendront d’autres splendeurs et «Grand public»: «Le deuxième souffle», «Le Samouraï», «Le Cercle rouge».
Le blog de jl Ivani. Le polar français, 45/62.