Elle :
Ce road-movie noir et blanc est très photographique et traduit bien l’univers désolé et sans but de ces trois jeunes gens paumés mais attachants. Ils ne cherchent pas à communiquer entre eux sauf pour l’essentiel et n’ont rien à se dire. Leur âme est morte en quelque sorte. Ils ont juste envie d’être ensemble et de se tenir chaud sans savoir pourquoi. 20 ans plus tard, ce film n’a pas vieilli mais reste tout de même bien tristounet.
Note :
Lui :
Vu (ou plutôt revu) avec du recul, Stranger than Paradise me paraît bien plus racoleur que je ne le pensais, un film à la mode. Ici, le désoeuvrement des personnages n’a d’égal que la vacuité du film… et l’on a envie de demander à Jarmusch ce qu’il cherche à prouver. L’attrait de ce film me semble essentiellement plastique : John Lurie a vraiment une « gueule » fantastique.
Note :
Acteurs: John Lurie, Eszter Balint
Voir la fiche du film et la filmographie de Jim Jarmusch sur le site imdb.com.
Voir les autres films de Jim Jarmusch chroniqués sur ce blog…
J’ai du mal à voir où se situe le racolage. Si vous pouviez m’éclairer…
J’ai bien précisé « vu avec du recul » car je ne pense pas que l’on puisse accuser Jarmusch de racolage ou d’avoir sombré dans la facilité en tournant Stranger than Paradise.
Il s’agit plus d’un essai de prolonger le style road-movie, de le dépouiller un peu mais il faut bien avouer que si on le compare à (par exemple) « Alice dans les villes » de Wenders (qui je crois a influencé Jarmusch pour ce film), Stranger than Paradise semble loin d’être au même niveau.
D’ailleurs, il me semble que Jarmusch n’a fait quasiment aucun montage après avoir tourné en longs plans, parfois semi improvisés.
Si tout cela m’a paru un peu racoleur, c’est donc du fait que tout est basé sur la forme (et sur John Lurie) mais, bon, je précise quand même que j’avais beaucoup aimé Stranger than Paradise la première fois que je l’ai vu dans les années 80. 😉
Ah, il faut que je voie « Alice dans les villes » alors !
Stanger than paradise m’a marqué des sa sortie c est devenu mon film fetiche. pourquoi? je suis d accord sur le fait qu il est essentiellement plastique, donc finalement pourquoi pas racoleur.
N’etait ce pas le but du réalisateur de réaliser un chef d’oeuvre.
Mais c est justement dans tout ca qu il devient une oeuvre d art;
Depouillé, devenant presque mysterieux le spectateur peut y mettre lui meme ses propres emotions c est tres blues, desespéré ultraréaliste pas trop pollué par des dialogues qui cassent les emotions.
Il me semble effectivement que « Alice dans les Villes » est beaucoup plus abouti (cf Kikujiro no Natsu de Takeshi Kitano dans le même genre, plus récent et en couleurs)…