Fastueuse adaptation du roman de Frank Herbert, le film Dune fait partie de ces films mal aimés qu’il est de bon ton de critiquer durement. Il fut vilipendé par la critique dès sa sortie et souvent traité d’adaptation très réductrice. Il faut dire que le livre original est l’un des romans les plus riches de la science-fiction (probablement le plus riche) et ce projet était donc particulièrement périlleux et ambitieux. Les moyens mis en œuvre furent énormes, principalement en matière de créations des décors qui avaient cette nécessité d’être à la fois grandioses et un peu austères. Toutefois, David Lynch ne put mener son projet aussi loin qu’il l’avait prévu par manque d’argent. Si le film a un peu le défaut d’être trop riche et d’être un peu difficile d’accès aux personnes qui n’ont pas lu le roman, il n’en reste pas moins un fabuleux spectacle, dense et puissant, qui parvient à conserver la force de son sujet. Il est préférable de le voir sur un grand écran pour mieux s’immerger dans l’univers recréé ; se retrouver ainsi propulsé sur Dune est magique. En tout cas, Dune un film totalement atypique, presque inclassable, une œuvre cinématographique à part entière, et ne serait-ce qu’à ce titre ne mérite pas l’opprobre dont il est trop souvent l’objet.
Elle :
Lui :
Acteurs: Kyle MacLachlan, Francesca Annis, Max von Sydow, Linda Hunt, Sean Young, Virginia Madsen, Patrick Stewart, Sting
Voir la fiche du film et la filmographie de David Lynch sur le site imdb.com.
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Voir aussi nos commentaires sur une autre adaptation de Dune …
La version de Dune la plus intéressante est celle qui dure 2h17. Il est important de la voir en V.O. car le doublage français est particulièrement inapproprié. (Les personnes qui trouvent que les acteurs de Dune jouent mal l’ont généralement vu doublé…)
Il existe aussi…
– une version d’1h50 moins intéressante car un peu trop réduite aux scènes d’action,
– une version recadrée en format TV de 3h10, en fait une version rallongée avec beaucoup de narration en voix-off,
– et enfin une version mythique de 5h, que personne n’a vu et qui n’existe probablement pas. C’est celle que David Lynch voulait faire. Du fait des limitations de budget et des coupes, David Lynch a désavoué toutes les versions commerciales et voulait même que l’on retire son nom du générique.
Réaliser une adaptation de Dune est un projet qui germa dès 1975. Le premier projet fut confié à Alejandro Jodorowsky avec des décors dessinés par Moebius (Jean Giraud) et Giger avec des vaisseaux de Christopher Foss. Salvator Dali devait jouer l’Empereur et Orson Welles le Baron Harkonnen. Pink Floyd avait même commencé à composer la musique. Ce projet immense ne vit hélas pas le jour mais est resté dans tous les esprits comme l’une des grandes occasions manquées du cinéma de science-fiction.
Ajout : Un documentaire est sorti en 2013 : Jodorowky’s Dune
FILM !
I’m not micro but I believe in prophecies (somekind…)
let the chosen one be the tyran & story’ll go on (atreids’enforcer now)
David Lynch n’est pas un conventionnel, mais derrière une œuvre sombre, étrange, quasi-mystique, que de beauté et de sensibilité ! Le thème de l’eau et de la vie, fondu en un seul (l’eau de la vie) est tout à fait passionnant. L’eau, le liquide amniotique, parfaitement symbolisé par le nouveau-né qui grandit dans le ventre de la mère, est une source précieuse car rare, acteur de fertilisation. Aussi précieuse que cette fameuse épice que tous recherchent. L’épice comme une semence, et l’eau comme condition de la vie. Le plus troublant certainement, ce sont ces images que l’Elu ressassent sans cesse. Avec cette goutte d’eau qui se fond dans le liquide. Depuis le départ, ou plutôt depuis l’horrible test que l’Elu passe en présence de cette monstrueuse Mère supérieure, il sait qu’elle est sa destinée. Le rapport avec sa propre mère est complexe, quasi incestuel sans être pour autant incestueux. Et sa sœur tout juste sortie du ventre maternel, cette affreuse petite chose qui révélera à tous la vérité, le triomphe de son frère élevé au rang de Dieu vivant. Vraiment bizarre, c’est le terme. Tout est horreur mais émotion. Alors forcément, on se laisse charmer. Pourrait-on en dire de même de cet Hannibal incarné par Hopkins, monstrueux pourrait-on dire mais sans pitié ? Même le Joker de Batman (dans le dernier volet sorti) ou Jack l’Eventreur (dans From Hell) vous paraîtraient (presque, à deux doigts près) plus touchants ! Horrible, non ?!
Il y a un mot simple pour ce film : débile.