Elle :
Certes, le film n’est pas un chef d’œuvre surtout dans la mise en place maladroite et trop spectaculaire de la première partie. On pense davantage à une co-production hétéroclite ou à un téléfilm. Le film prend tout son sens sur le champ de bataille lorsque les anglais, français et allemands pactisent pour la trêve de Noël en 1914. Au travers de ces faits véridiques peu traités au cinéma et même si on n’échappe pas aux bons sentiments, Christian Carion a le mérite de montrer l’absurdité d’une guerre avec des moments d’émotion. On assiste à des situations de fraternisation inimaginables. Rien que pour cela, il fallait mettre en scène cette vérité historique pour porter un message de paix. Je ne comprends pas vraiment le flot de mauvaises critiques qui s’est abattu sur ce film.
Note :
Lui :
Cinématographiquement parlant, Joyeux Noël n’est pas franchement réussi : d’une part, le début est très confus, franchement disparate dans ses composants, et d’autre part, le réalisateur choisit un peu trop souvent des images chargées d’une symbolique qui semble facile. Cependant, cela fonctionne car on se laisse happer par la force du sujet. Les histoires de fraternisation entre soldats ennemis ont toujours été, d’une manière générale, plus ou moins tabous dans notre société. Ce film a le mérite de mettre en images cet épisode de la guerre de 1914, il le fait de façon très simple certes, en édulcorant la réalité, mais cette simplicité lui permet d’en conserver la force. Bien entendu, nous sommes ici assez loin de films comme Les Sentiers de la Gloire de Stanley Kubrick qui possèdent une autre dimension mais il faut parfois savoir se laisser aller à éprouver des sentiments simples.
Note :
Acteurs: Diane Kruger, Benno Fürmann, Guillaume Canet, Dany Boon, Bernard Le Coq
Voir la fiche du film et la filmographie de Christian Carion sur le site imdb.com.
Voir les autres films de Christian Carion chroniqués sur ce blog…
Notes :
Le film rassemble en un seul lieu plusieurs scènes de fraternisation qui se sont passées à divers endroits du front :
– La majorité des trèves de ce jour de Noël 1914 auraient débuté par la volonté partagée par chaque camp d’enterrer ses morts.
– Les échanges musicaux auraient démarré par des chants de Noël chantés dans les tranchées, chaque camp essayant de couvrir l’autre mais sans que quiconque ne puisse s’aventurer sur le no man’s land sans se faire tuer.
– Dans les documents qui subsistent, il n’y nulle trace de la présence d’une femme sur le front, ni de partie de football. Il y aurait toutefois mention d’un chanteur d’opéra chantant pour les soldats. Le passage d’une tranchée à l’autre pendant les bombardements, aussi incroyable que la scène puisse paraître dans le film, aurait effectivement eu lieu en quelques endroits.
je me rappelle, en partant voir joyeux noël en voiture, j’ai entendu par hasard sa musique à la radio, et j’ai vraiment failli faire demi-tour… j’ai continué malgré tout, j’ai vu le film et je n’ai pas regretté, malgré ses défauts. Mais la musique est de loin son plus grand handicap. ( et elle a pu entrainer un flot de mauvaises critiques…)
Je n’ai pas aimé ce film en raison de la fin , trés outrancière et surtout parce que ce sujet a déjà été traité, dans un long-métrage, passé inaperçu, mais dont, hélas , je n’ai plus le titre en tête (serait-ce le film avec Philippe Noiret ?). Celà m’agace prodigieusement qu’on puisse présenter ce sujet comme original, en faisant l’impasse sur ce qui a déjà été réalisé sur le même thème. Simplement, la Grande Guerre est à la mode en ce moment, que ce soit en romans, films, docus et autres commémorations.
Je suis curieux de savoir de quel film vous voulez parler…
Je suis un peu étonné par certains commentaires: le crescendo du début (un peu rapide en ce qui concerne les enfants des écoles des trois pays … mais il suffit d’être attentif!) le crescendo, donc, amène « en douceur » à la phase violente de l’attaque, chose quotidienne durant cette guerre.
Je trouve que ce film montre bien l’esprit des soldats de base, embarqués dans ce « merdier » duquel ils n’aspirent qu’à sortir, parfois même en se mutilant, et à se sentir plus proches du « Boche » d’en face qui souffre comme eux, que du « planqué » (comme nous!) bien au chaud avec femme et sa « dinde aux marrons » et qui bavardasse sur la guerre.
Certes, le « tout le monde il est bon » ne doit pas faire oublier que les Allemands fusillaient joyeusement les civils de Belgique ou de la France occupée à la moindre occasion.
Je pense qu’il faut remonter à de vieux films « A l’ouest, rien de nouveau », « Les croix de bois » ou au plus récent « Les sentiers de la gloire » (Kubrick) pour avoir un film qui montrent réellement la souffrance, et surtout la stupidité de cette guerre dans laquelle se sont engouffrés les pays et dont ils ne savent comment ressortir: le premier qui lâche et celui qui perd et payera…
Que l’on nous fasse encore des film de ce calibre: la preuve le 7-12-2008, il obtient 36% d’écoute de la part des jeunes de 15 à 25 ans, et plus de 6 millions de spectateurs!
Le film reflète davantage l’état d’esprit du Français de 2005 que celui du Poilu de 14. C’est bien là le problème de ce film.
Ce côté pleurnichard est absolument insupportable, et nuit au final au message pacifiste, que l’on retrouve, entre les lignes mais d’une manière ô combien plus forte, dans un roman comme Les croix de bois de Dorgelès (1919), sans sensiblerie excessive et tout en soulignant de manière subtile l’ambiguïté du soldat de 14, entre patriotisme vindicatif et lassitude devant les horreurs de la guerre.
A Yves : Parfaitement d’accord avec votre commentaire. L’autre roman qu’il faut absolument avoir lu, qui porte un message similaire à celui de Dorgelès, c’est (évidemment) « A l’ouest rien de nouveau », de E.M Remarque. Je l’ai lu et relu ado, c’est très fort, plus que le film qui en a été tiré, cité par le commentaire précédant le vôtre.
Oui, JCBLYON : c’est bien le roman de E.M Remarque qui se rapproche le plus de celui de Dorgelès (pour en avoir lu quelques uns : Le feu, Capitaine Conan, Orages d’acier, Dremm an Ankou…). Peut-être que l’Allemand y revendique plus clairement son pacifisme, néanmoins.