Elle :
Grand péplum classique aux décors et effets de foule impressionnants. 40 ans plus tard, on se laisse toujours captiver par l’histoire de BenHur, ce juif qui défend son peuple et sa famille contre l’envahisseur romain en Judée. La course de chars est éblouissante.
Note :
Lui :
La superproduction hollywoodienne dans toute sa splendeur. On reste sans voix devant la somptuosité, la grandeur de certaines scènes. Malgré ses 3h20, le film se regarde sans problème d’une seule traite car le scénario est fertile en rebondissements et les lieux sont nombreux. La notoriété du film doit beaucoup à deux scènes à grand spectacle : la bataille navale et (bien entendu) la course de chars. Cette dernière nécessita 3 mois de tournage à elle seule. Le film dans son ensemble utilisa 100.000 figurants. Il est étonnant de voir comment un tel film de 1959 ne pâlit aucunement face à ses équivalents actuels, équivalents qui sont fort peu nombreux d’ailleurs et bourrés de trucages. L’une de ses forces est d’avoir une construction sans faille et un contenu fort qui ne se limite pas aux scènes spectaculaires.
Note :
Acteurs: Charlton Heston, Jack Hawkins, Haya Harareet, Stephen Boyd, Hugh Griffith, Martha Scott
Voir la fiche du film et la filmographie de William Wyler sur le site imdb.com.
La version précédente de Ben-Hur date de 1925 « Ben-Hur, a tale of the Christ » de Fred Niblo avec Ramon Navarro. Ce fut aussi une très grosse production, l’une des plus importante du cinéma muet.
Un film que j’avais vu au cinéma, à l’ancien Rex d’Aix en Provence. Du grand spectacle !
Messala n’est peut-être pas si ignoble que cela, il permet à Ben-hur de s’extraire d’un quotidien bourgeois ennuyeux en lui offrant un parcours certes viril, accablant sans visiblement de finalité heureuse mais permettant à un homme meurtri de se construire au fil de ses aventures et de ses rencontres.
Le périple en vaut la peine, la vengeance alimente la force de continuer vers l’avant avec le christ sur sa route abreuvant un homme d’une force indélébile celle de tester un cheminement inconnu menant jusqu’à un pic permettant d’acquérir une énergie projetant vers la case départ un indestructible plan destructeur entretenu par un hyper motivé ayant conquis un statut d’homme sur le terrain.
La numérologie s’en mêle, le numéro 41 porte bonheur. Même enchaîné il permet d’éviter une mort certaine aux galères, de se faire remarquer par sa résistance, de sauver de manière désintéressé un personnage important
tout en faisant voyager incognito une opportunité.
Les couleurs d’un réconfort acquises sur des divans romains moelleux revigorent une volonté d’en découdre avec un adversaire persuadé que l’on existe plus.
A travers un thème basique celui de la vengeance alimentant une survie dans des contextes offerts à des surhommes Ben – Hur acquiert une envergure miséricordieuse et rigoriste hors de terres bienveillantes sans surprises.
L’homme s’élabore dans des dimensions éxistentielles gigantesques préalablement, inconnues. Il souffre, frôle cent fois la mort, sauve une vie, rencontre par deux fois un personnage emblématique, s’interroge sur une condition humaine fonctionnant à la percussion de plus en plus rapide. Entretient une croyance par une invulnérabilité hors du commun gérée par la divinité.
Un privilégié qui finalement loin de ses bases s’embellit intérieurement par l’expérience en côtoyant un monde barbare et inconnu.
Rien que pour cela l’odyssée est payante, tout en devant retrouver sa famille et assouvir une vengeance d’une manière combative et loyale un homme alimenté par l’endurance s’enrichit loin de ses terres de toute les richesses du monde collectées par les sens dans des environnement évolutifs extrêmement réalistes.
La toute première adaptation de « Ben-Hur » au cinéma date de 1907, réalisée par Sidney Olcott. C’est Herman Rottger qui interprétait le personnage de Ben-Hur et William S. Hart celui de Messala.
ah ! oui. Moi j’ai vu la première version de 1925. A défaut d’apprendre un pan de l’histoire ancienne, mes copines et moi étions toutes amoureuses de Ramon Navarro. Je m’en souviens encore !
J’ai vu Ben Hur à l’âge de 7 ans, au Comedia de Lyon : la foule était telle que nous avons dû revenir la semaine d’après.
La scène la plus impressionnante est celle du méchant romain qui lève son fouet sur Jésus qui boit un peu d’eau : le seul regard de jésus annihile la volonté du romain qui fait volte-face.
La scène de l’île aux lépreux est particulièrement poignante.
ARRETE TON CHAR…
Coup d’envoi hier soir sur arte des programmes festifs avec la rediffusion 60 ans après sa sortie du célèbre péplum de la MGM; Ca me renvoyait à l’automne 1960 avec les yeux éberlués au Gaumont-Palace où le film entamait une exclusivité de 60 semaines d’exclusivité à Paris. Tous les superlatifs étaient bons pour cet auto-remake MGM qui reprenait la construction du film muet de 1925 au succès fou. Avec les moyens acquits par l’évolution du cinéma (sonore, couleurs, grand écran procédé 65mm, son stéréo, moyens techniques et financiers…)
Ben-Hur, son char aux 4 chevaux blancs aux noms étoilés (Antarès Aldebaran Altaîr et Rigel), son ami d’enfance- Messala – devenu son pire ennemi – aux chevaux (et cheveux) noirs. De l’an 26 à l’an 33, un parcours qui relie les deux hommes, le prince Juif et le tribun Romain -« Y a t’il quelque chose de plus attristant qu’un amour non partagé? », phrase emplie de sous-entendu que lance Messala à son ex copain d’enfance. mais un célèbre troisième homme, et non des moindres, va entrer dans l’Histoire
Malgré l’écran compressé de la télé par rapport à celui du Gaumont-Palace, dès les premières notes de Miklos Rozca (oscar) sur le lion MGM, on est embarqué pour un long cours (!) qui démarre par un prologue à l’an 01, puis le générique où la caméra se rapproche du doigt de Dieu touchant la main d’Adam selon le plafond de la Sixtine par Michel-Ange, et hop c’est parti
Le général d’armée de la guerre de Sécéssion Lewis Wallace n’aurait sans doute jamais imaginé que le cinéma qui n’existait pas s’emparerait plusieurs fois de son roman publié en 1880 pour des succès colossaux à l’international
Ramon Novarro de 1925 est devenu Charlton Heston (oscar) encore tout nimbé du Moîse des Dix commandements de la Paramount (Les studios voulaient tous leur péplum de prestige, et effectivement ces deux-là présentent quelques voies similaires). Le physique et la prestance noble et virile, et sa notoriété d’acteur sur des rôles « de poids » (Moîse, Le Cid, Michel-Ange) confèrent à Charlton une légitimité adoubée
Bien sur il y a une histoire d’amour pure et sincère qui se faufile habilement en se greffant sur plusieurs séquences dans le parcours du prince Judah Ben-Hur avec la douce Esther (Haya Harareet / tiens, qu’est-elle devenue?) une esclave à qui le Maître rend sa liberté : « C’est étrange, je me sentais à peine une esclave, et aujourd’hui je me sens à peine libre » (les dialogues français sont supervisés par Jean Anouilh). First kiss dans un magnifique plan composé à l’ancienne (oscar pour la photo)
On sait, si on a bien suivi l’histoire, qu’un malencontreux geste accidentel (c’est la tuile!) déclenche la bifurcation du destin de Ben-Hur, aussitôt arrêté et envoyé aux galères sous le n° 41, ainsi qu’on le nomme
Retenu dans la mémoire cinéphilique d’avant le virtuel numérique comme prototype du film à grand spectacle (ce qu’il est) c’est d’abord un récit édifiant qui relie en les faisant se croiser à plusieurs reprises les faisceaux de la destinée d’un mortel fictif avec celle dite du fils de Dieu. Et si le clou de la première partie est la bataille navale, et celui de la seconde, la course de chars tant attendue (oscar pour les effets spéciaux), le clou final de la crucifixion et du miracle qui prolonge le film d’une religiosité nappée vaut le coup d’oeil
Bon, que dire encore? Subsiste aujourd’hui un parfum un peu daté par une reconstitution appuyée, léchée, des plans statiques et des lenteurs psycholo-gisantes qui le figent quelque peu, mais conduisent néanmoins une ligne claire tenue sur la longueur, ce qui n’est pas une mince affaire devant l’ampleur de la réalisation à plusieurs équipes sous la houlette de William Wyler (oscar) qui attribua l’accent britannique aux acteurs jouant les Romains et l’accent américain à ceux incarnant les Juifs. Et à propos de voix, on sait que Charlton Heston écrivit une lettre de remerciement à Jean-Claude Michel, voix française de l’acteur pour son doublage magnifique
Ca se savoure toujours un long soir de fête étoilée