Titre original : Five Graves to Cairo
Elle :
Un hôtel paumé au fin fond du désert, un soldat anglais rescapé et recueilli par deux hôteliers atypiques, le général Rommel et ses soldats qui logent dans l’hôtel. Voilà un cocktail idéal pour faire frémir le spectateur. L’Anglais prend la fausse identité d’un espion allemand et livre les secrets de l’armée allemande à son pays. Billy Wilder parvient à créer un climat pesant et angoissant ainsi qu’une intrigue originale et captivante même si parfois il y a quelques longueurs.
Note :
Lui :
Ce film de guerre s’inscrit dans l’effort de guerre que le gouvernement impose aux studios. Billy Wilder s’écarte toutefois du schéma traditionnel du genre et son film est remarquablement ficelé, nous plongeant dans une atmosphère forte : il nous enferme dans un suspense psychologique puissant. Point de fait d’armes ici, pourtant la guerre est on ne peut plus présente. Le scénario est fort, soutenu par une belle interprétation. Erich von Stroheim est magistral.
Note :
Acteurs: Franchot Tone, Anne Baxter, Akim Tamiroff, Erich von Stroheim
Voir la fiche du film et la filmographie de Billy Wilder sur le site imdb.com.
Voir les autres films de Billy Wilder chroniqués sur ce blog…
A propos des Cinq secrets du désert (Five Graves to Cairo-1943)
Il y a trois courants principaux dans l’œuvre de Billy Wilder : les comédies –le plus connu-, les films noirs –le plus marquant- et les films dramatiques de guerre –le plus convenu- et Les cinq secrets du désert en fut le premier exemple. Comme dans Stalag 17 il s’intéresse davantage aux conséquence de la guerre qu’à elle-même. Sans doute parce que Les cinq secrets du désert est un des innombrables films de propagande réalisés par Hollywood pendant la Seconde Guerre Mondiale afin d’inciter l’opinion publique américaine à accepter et soutenir l’effort de guerre américain dans une guerre impopulaire, chère et surtout lointaine. Le principe de la guerre était accepté depuis l’attaque de Pearl Harbor le 7 décembre 1941 –le film sort aux USA le 4 mai 1943- mais comme le rappelle le récent Mémoires de nos pères (Flags of our Fathers-2006) de Clint Eastwood il fallait entretenir régulièrement cette envie de participer à la guerre. Comme beaucoup de films de propagande, le deuxième film de Billy Wilder n’œuvre pas dans la finesse et a beaucoup vieilli aujourd’hui.
Ici, afin de ne pas montrer de pertes humaines trop douloureuses pour les Américains, Les cinq secrets du désert ne montrera pas un seul Américain et nous ramène en juin 1942 et s’attarde sur le sort du Caporal John J. Bramble (Franchot Tone), membre de l’armée britannique engagée en Afrique du nord contre les Panzerdivizion de Rommel, le fameux loup du désert. Les cinq secrets du désert se s’articule que sur des symboles et cela commence dès le début… Notre héros est à moitié mort harnaché à son tank qui vogue sur les dunes. Son équipage est décimé et lui se réveille comme d’un cauchemar à moins qu’il ne soit un mort-vivant revenant à la vie –faut-il comprendre que les armées alliées sont exsangues et que seule les forces US pourront les aider ? Après avoir erré dans le désert il rejoint une ville fantôme en plein désert et entre dans un hôtel qui a subi de sérieux bombardements au nom très symbolique : « Hotel Empress of Britain » : l’Angletterre est bien mal en point ? Il vient d’être repris par un propriétaire égyptien, Farid (Akim Tamiroff) et une bonne à tout faire française, Mouche (Anne Baxter). Bramble délire et se croit chez lui… et s’évanouit. Aussitôt arrivent les forces allemandes et italiennes d’occupation qui viennent investir –sans payer pour le séjour- l’hôtel… Revenu à lui, grâce à la solidarité des propriétaires de l’hôtel, Bramble se fera passer pour un domestique français mort dans les bombardements pour échapper à la suspicion de Rommel interprété par un Erich von Stroheim qui reprend son éternel rôle du prussien sadique. Ce qu’il ne sait pas c’est que Davos dont il a repris l’identité était un espion à la solde des allemands ! Il y avait donc des collaborateurs mais aujourd’hui la résistance vaincra les boches…Mouche qui est tentée au départ de se vendre aux Allemands non pas par appât du gain mais seulement pour sauver ses frères en camps de travail en Allemagne finira par accepter de se sacrifier pour un Anglais qui ne lui ressemble pas, qu’elle ne connaît guère et qui ne lui est même pas sympathique… tout cela au non de l’effort de guerre contre l’ennemi commun. Au détriment de la vérité historique et après avoir sauvé l’Afrique des hordes de Rommel, grâce au sacrifice de la petite Française, l’Anglais revient sur sa tombe pour que le public puisse enfin pleurer dans une grande scène cathartique…
Comment devant un tel déluge de symboles peu discrets et de bons sentiments ne pas être pro-guerre –d’un point de vue américain ?! Admettons pour ne pas trop attaquer une histoire qui se voulait volontairement grossière, que le film garde une certaine force grâce à la photographie noir et blanc de John F. Seitz. Ce dernier sera un des fidèles collaborateurs de Billy Wilder et un des fondateurs de l’esthétique du film noir. Les cinq secrets du désert demeure d’une beauté plastique extraordinaire plongeant les protagonistes dans un crépuscule morbide qui ne fait qu’annoncer une aube finale pleine d’espoir. Un film de propagande ridicule sur le papier mais particulièrement puissant si l’on fait abstraction de son discours et que l’on se laisse porter par sa puissance plastique.
Nachiketas Wignesan
C’est une critique qui ne tient ni compte du cinéma entant que art à part entière ni de ce que Billy Wilder montre.Un film de propagande fait par un cinéaste intelligent a bien des choses profondes à dire et ici si on sait regarder, on les voit.
Petite rectification : vous dites qu’il s’agit de l’unique film de guerre de Billy Wilder… Vous semblez avoir oublié « Stalag 17 » !
Oui, vous avez tout à fait raison.
Merci de me l’avoir signalé.
Je corrige…