Titre original : « O Brother, where art thou? »
Lui :
O’Brother est avant tout un divertissement, franchement grand public, organisé en petites scènes qui n’ont pas toujours de rapports entre elles et assez inégales. Bien-sûr, je suis parfaitement conscient que le film n’est pas une étude sociologique et que le but est essentiellement de faire rire, mais on peut reprocher aux frères Coen d’être un peu caricaturaux : cela fait un peu « les gens de la ville qui se moquent des ploucs » et il y a un bon nombre d’images d’épinal. Détail amusant : le film a été un formidable tremplin pour la musique bluegrass alors qu’elle y est largement ridiculisée voire totalement détournée (scène du KKK).
Note :
Acteurs: George Clooney, John Turturro, Tim Blake Nelson, John Goodman, Holly Hunter
Voir la fiche du film et la filmographie de Joel Coen sur le site imdb.com.
Voir les autres films des Frères Coen chroniqués sur ce blog…
J’apprécie beaucoup les films des frères Cohen et celui-ci ne déroge pas à la règle. 🙂
j’ai bcp aimé ce film, qu’il faut , je crois, prendre pour ce qu’il veut probablement être: une simple satire
Il me semble que, comme certains films des frères Cohen, O’Brother est un jeu de piste, un film à clefs… et pas un simple divertissement ou une simple satire (satire de quoi, d’ailleurs ?).
Un exemple : une légende urbaine américaine fait venir le terme « Pic-nic » (orthographe anglo-américaine) de l’expression Pick a Nigger (= « choisis un nègre », qui renvoyait au « jeu » macabre du Ku Klux Klan lorsqu’ils choisissaient un Noir au hasard pour le lyncher). C’est faux d’un point de vue étymologique car le terme est beaucoup plus ancien, mais c’est ce que croient beaucoup d’Étatsuniens — et, de toute façon, c’était probablement un terme utilisé par les assassins-racistes du KKK pour contracter de façon « plaisante » leur monstrueux « pick a Nigger ».
Or, dans O’Brother, que fait le cyclope (le borgne chef du KKK) ? Il invite les héros à un… pique-nique.
Je crois que tout est à l’avenant. Au jeu de piste un peu facile autour de l’Odyssée s’ajoute un jeu de piste autrement plus ésotérique et subtil, comme celui du chef du KKK qui va à un vrai pique-nique sur l’herbe. C’est donc un double jeu de piste, plus des références à l’histoire (le guitariste ayant obtenu son talent du Diable…), bref, un film extrêmement dense dont nous, Français peu au fait des légendes, jeux de mots, références historiques et clins d’œils ésotériques étatsuniens, ne comprenons sans doute qu’une toute petite partie !
Intéressante précision en effet… Je ne connaissais cette légende urbaine. Si effectivement, il y a d’autres allusions et références de ce style, nous risquons de passer à côté d’une bonne partie du film.