19 mai 2006

Hôtel du Nord (1938) de Marcel Carné

Hôtel du Nord Elle :
Très beau film populaire réaliste dans les magnifiques décors d’Alexandre Trauner aux éclairages noir et blanc contrastés. Le couple Jouvet / Arletty excelle grâce à ses dialogues gouailleurs et savoureux. Le couple Anabella / Jean-Pierre Aumont est très émouvant dans sa recherche d’un bonheur impossible. Les seconds rôles avec Bernard Blier, Paulette Dubost, François Périer contribuent fortement à mettre en avant cette atmosphère populaire et familiale. Une belle réussite qui parvient à traverser brillamment les générations.
Note : 5 étoiles

Lui :
C’est toujours un plaisir de voir ce petit bijou de Marcel Carné. Ses dialogues, notamment du couple Arletty/Jouvet, sont bien entendu mémorables mais aussi le scénario, l’équilibre global du film est exemplaire. Très complet, on y trouve aussi bien une étude de moeurs, qu’une intrigue policière ou encore une histoire d’amour. Marcel Carné, comme toujours, montre une très grande maîtrise de la mise en scène. Hôtel du Nord est un film qui ne vieillit pas.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Louis Jouvet, Arletty, Annabella, Jean-Pierre Aumont, Bernard Blier
Voir la fiche du film et la filmographie de Marcel Carné sur le site IMDB.

Voir les autres films de Marcel Carné chroniqués sur ce blog…

Les décors sont l’oeuvre du grand chef-décorateur Alexandre Trauner.

3 réflexions sur « Hôtel du Nord (1938) de Marcel Carné »

  1. si les méchants cyniques qui écument Paris avaient un brin de l’esprit de Paulo, on les aimerait quand même et on leur causerait volontiers!

  2. Il parait que le resto de l’Hôtel du Nord est sensas, je vais essayer de tester cela prochainement et je vous dirai mais avant je regarderai avec plaisir ce petit film mythique qui manque à mon répertoire

  3. GUEULE D’ ATMOSPHERE
    Révisons nos classiques. Arte vient de diffuser en prime-time et en format original carré ce film N&B d’il y a 83 ans tourné par un petit jeune qui la même année 38 en mai avait déjà présenté le fameux Quai des brumes au cinéma Marivaux, grand succès populaire malgré sa noirceur et sa poisse, qui lui ouvrait les mannes financières et lui assurait la construction en studio par Trauner du fameux hôtel, sa passerelle et son écluse sur le canal saint Martin. Certes l’hôtel est toujours là (retapé) 102 quai de Jemmapes ainsi que la passerelle et l’écluse de la grange aux Belles sur le canal, mais quant au reste, et bien ils sont tous morts
    Carné (anagramme d’écran), recueilli enfant par sa tante et sa grand-mère concierge du coté des Batignolles ne pouvait qu’être en affinité avec le petit peuple microcosme décrit par Eugène Dabit, lui-même fils de concierges propriétaires de l’hôtel du Nord où il faisait faction de portier de nuit, ce qui le plaçait au meilleur poste pour croquer l’atmosphère de son roman populaire (le célèbre dialogue sur l’atmosphère n’est pas dans le roman, c’est une invention du dialoguiste Henri Jeanson)
    Carné et son dialoguiste y entremêlent le réalisme avec le social mais aussi une poésie du lieu (d’aucun diraient un génie du lieu). Dès le générique sur fond d’eau du canal on est surpris que les premiers noms en vedette soient ceux d’Annabella et Jean-Pierre Aumont pas mal oubliés aujourd’hui et qui connurent pourtant leur heure de gloire, couple d’amants tragiques venus là avec l’intention de se suicider car la vie est trop moche, non pas noyés, mais par balle de revolver dans une sinistre chambre d’hôtel, celle de l’hôtel du Nord
    On pense alors à la célèbre rengaine immortalisée bien plus tard par Piaf:  » Moi j’essuie les verres au fond du café / J’ai bien trop à faire pour rêver / Et dans ce décor banal à pleurer / Je les vis arriver../ ils sont arrivés se tenant par la main… »
    Point de départ que le scénario va se charger de faire bifurquer
    Car ce que tout le monde retient du film c’est l’autre couple, « secondaire », et atypique, celui formé par Jouvet et Arletty, pas piqué des hannetons.
    Et puis toute la faune de l’hôtel (Paulette Dubost, Bernard Blier, François Périer, Andrex, Jane Marken and co) sorte de pension de famille où tout le monde connait les petits travers et misères de chacun (ça nous rappelle L’assassin habite au 21 de Clouzot, en moins noir)
    Carné élabore un découpage précis comme un cahier des charges, un story-board – on le visualise au fur et à mesure – tel gros plan avec la lumière irréaliste juste sur les yeux du personnage, tel profil, tel plan d’ensemble, tel temps muet d’observation, tel travelling accompagnateur, etc. Tout cela se devine, marque d’une époque magnifiant tout un travail d’équipe devant et derrière la caméra
    Comme chez René Clair,, autre chantre dix ans plus tôt du petit peuple parisien, dans l’explosion des pétards et feux d’artifices du bal de 14 juillet (et dans la retombée de l’euphorie du front populaire), un coup de feu s’y mêlera avant un faux happy-end, si l’on veut.
    A nouveau grand succès populaire du cinéma Marivaux pour Noêl 38
    Le dialogue surabondant incite parfois à une interprétation inégale et surjouée alors « à la mode » contribuant aussi à son succès d’alors
    « Que reste t’il de tout cela / Dites le moi » chantait Trénet… un goût perdu d’avant qui était alors le présent, qui nous semble pittoresque vu d’un certain côté, mais aussi attachant d’un autre. Ce goût ne vaut pas seulement pour ce qu’il décrit mais aussi par la façon dont il le fait
    Il y aura toujours des amants transis perdus et tragiques, des couples mal assortis, des solitaires relégués, des poètes en herbe, de la fantaisie qui rôde et de la malchance, il y aura toujours de faux happy-end
    Voir un Carné distille toujours un peu de cafard…
    Bon, Arletty, son parler faubourien, sa façon de vivre son personnage, de s’approprier les répliques, son regard sur le monde reste un régal. L’heure sombre des Visiteurs du soir approche

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