Lui :
Dans les premières minutes, le film m’est apparu plutôt pénible : monté comme un clip, avec des plans ultra-courts faits pour frapper le spectateur et une voix-off qui apparaît vite insupportable. Le rythme se calme quelque peu ensuite mais il reste cette débauche d’effets visuels, de reconstitutions grand format, d’images esthétisées… Tout paraît artificiel et procure une sensation d’overdose, jusque dans la profusion d’acteurs connus : on a l’impression de reconnaître tout le monde. L’histoire finit tout de même par prendre le dessus, cette quête obstinée et désespérée d’Audrey Tautou est fatalement touchante. Mais Jean-Pierre Jeunet semble plus intéressé par le monde qu’il recrée et les effets visuels que par l’histoire en elle-même. C’est dommage.
Note :
Acteurs: Audrey Tautou, André Dussollier, Ticky Holgado, Jodie Foster, Jean-Pierre Darroussin, Gaspard Ulliel, Chantal Neuwirth, Julie Depardieu
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean-Pierre Jeunet sur le site IMDB.
Voir les autres films de Jean-Pierre Jeunet chroniqués sur ce blog…
J’ai trouvé ce film fabuleux (dans tous les sens du terme).
Esthétiquement : rien à dire. De plus, je suis complètement rentré dans l’histoire.
ce film est long mais magnifique.Il est vraiment à voir ne serait ce que pour sa beauté…Je lui mets 4 étoiles 1/2 sur 5!
Pour Elle : parfois, il est bon de « résister » un peu avant « d’éteindre » l’écran.
Ce film ne mérite pas un « abandon rapide » ou alors il sera accompagné de beaucoup d’autres films aux interruptions rapides de l’image !
Pour Lui : bonne analyse ; ceci dit on a souvent reproché au cinéma français d’être trop intimiste ! Jeunet réussit dans ce film à l’être (pas trop) mais surtout, il défie le cinéma américain dans les scènes de « décor » et d’actions réalistes du « monde qu’il recrée ».
Trois étoiles aurait été ma « note ».
Merci pour ces commentaires.
Vous avez raison :
Autant je n’apprécie pas personnellement le film, autant je trouve très bien que de tels films existent, c’est à dire des films français qui sont capables d’attaquer le cinéma américain sur son terrain. Et c’est très bien qu’ils fassent beaucoup d’entrées.
J’espère ne pas paraître condescendant en disant cela… je le dis sans jugement de valeur. Le cinéma français a besoin de diversité pour survivre face aux colosses… mais cela ne m’empêche pas (personnellement) d’avoir mes préférences.
J’ai trouvé que c’était une jolie histoire,bien racontée et bien mise en scène.
Bref,j’ai passé un bon moment à suivre les enquètes d’Audrey Tautou pour retrouver son amoureux.
Les Finistériens cuisent sur un « bilig »,
large plaque de fonte fixée sur un trépied au dessus du feu:
Ils ne font pas sauter les crêpes comme à la chandeleur.
Même en famille.
Ciné-clichés. Du grain pour les ‘ricains…
Quant à « l’Albatros »…
Les fous ( de Bassan ) rigolent.
Si l’on peut souvent regretter que nombre de scénarios tiennent sur la surface d’un timbre poste, que maintes mises en scène soient d’une platitude absolue, il est sûr que l’on ne peut pas adresser ces reproches à Jean-Pierre Jeunet ! Je ne sais pas combien de séquences et sous-séquences comporte ce qui est mis en images ici, mais ça doit être impressionnant ! Et l’ensemble de cette oeuvre l’est effectivement, impressionnante ! Le point de départ est pourtant des plus simples : une jeune fille, naïve, légèrement handicapée (elle a eu la polio dans son enfance et en garde la paralysie partielle d’une jambe), tente de se persuader que celui qu’elle aime est toujours vivant. Mi-inspirée, mi auto-manipulatrice de ses croyances (si tel événement « x » se produit avant l’événement « y », c’est qu’il n’est pas mort…), elle entreprend une quête qui lui permet de survivre. Le réalisateur nous entraîne, dans un maelström de plans, dans un empilement de scènes temporellement mélangées, dans un fouillis de pièces dont les informations se télescopent, se superposent, se contredisent. C’est d’une virtuosité folle, d’une complexité constructive époustouflante, d’une richesse informative à donner le tournis. Le nombre des personnages qui peuplent cette fresque est incalculable, beaucoup d’entre eux se ressemblent (moustache d’époque oblige !) et plus d’une fois le spectateur peut perdre le fil ténu qui relie toutes ces séquences de vies brisées.
Dès les premières minutes, le style narratif et visuel profondément original de Jean-Pierre Jeunet se reconnaît. Assagi, atténué, pour certains aspects (la courte description de l’enfance de Mathilde rappelle grandement celle d’Amélie Poulain, dégraissée du caricatural baroque qui la caractérisait), mais d’une évidence absolue. Hyperdécoupage, plans courts, éclairs d’émotion fugitive, irruption de détails funambulesques, utilisation subtile des couleurs (on passe du noir et blanc à la couleur, puis au sepia…), personnages hauts en couleur, aux visages parfois déformés (on est loin tout de même des excès de « La cité des enfants perdus », heureusement !)… le réalisateur utilise avec maestria toutes les possibilités créatrices qu’offre le cinéma. Au final, paradoxalement, une impression mitigée émerge. Une telle multiplication des points de vue, des hypothèses, des espoirs brisés, des pressentiments, un brassage frénétique des éléments temporels, n’est-ce pas trop ? Cette quête pure, intime, d’un amour qui se veut absolu, se transforme en un parcours haché, parfois fantaisiste, ponctuellement clinquant, souvent harassant. Et les moments d’émotion pure, fragile, sont toujours interrompus, cassés par un passage soudain au léger, à l’impromptu, comme si le réalisateur craignait de s’enfoncer dans le poignant et de s’y laisser submerger.
La trame narrative est, intellectuellement, d’une richesse fabuleuse, et deux ou trois visions ne seront pas superflues pour engranger toutes les informations qui, à la première vision, passent à la trappe. L’histoire est un puzzle passionnant, même si l’overdose des données guette parfois. Sur le plan purement cinématographique, l’oeuvre est d’une luxuriance incomparable : découpage savant, décors impressionnants, écriture habile… Il serait possible d’appliquer la moitié des superlatifs de la langue française à cette réalisation. Et cependant, au milieu de cette débauche de qualités visuelles, auditives et créatives, une pensée me revenait souvent comme un leitmotiv : dans la simplicité réside la pureté…
Bonjour à tous!
Concernant le film « Un long dimanche de fiançailles » de Jean-Pierre Jeunet, je viens de lire plusieurs critiques de votre part.
Certaines sont acides, d’autres plus douces. La mienne sera principalement cadrée sur un seul personnage, celui du paysan joué par Clovis Cornilhac.
En effet, si l’ensemble du film m’a un peu échappé bien que j’ai suivi agréablement le fil du scénario, c’est plutôt une histoire dans l’histoire qui m’a plu. A tel point que c’est le passage qui traite de ce paysan que j’ai vu et revu encore.
Le récit de cet homme accroché à sa survie est pour moi très touchant. Il s’est fait trouer la main par une balle allemande pour être réformé, il fait ainsi partie des quelques hommes condamnés à mort pour trahison (dont le fiancé de l’héroïne). Il est ainsi envoyé dans le no man’s land, sous les balles ennemies. La façon dont il se plaque derrière un bout de muret pour échapper aux tirs est pour moi très réaliste. En effet, j’ai appris que c’était ce que faisaient les hommes entraînés lors de fusillades ou de bombardements, ils cherchent des écrans protecteurs pour leur corps.
Condamné par l’armée, il ne répond pas à l’appel de son nom pour savoir s’il est toujours vivant au petit matin. Coinçé entre une condamnation à mort et l’hostilité ennemie, il ne compte que sur lui même et son intelligence pour son salut. Je trouve que ça traduit bien le caractère indépendant et farouche du personnage,ce qui va se confirmer par la suite.
Lorque les bombes commencent à pleuvoir, il est soulevé de terre par l’explosion de l’une d’entre elles. Il n’est pas blessé, mais la bombe a fait s’entrebailler une trappe qui devait être la cave d’un ancien bâtiment que les bombardements avaient rasé. Il s’y faufille et s’y cache. Cette trappe entrouverte symbolise pour moi le mince espoir de survie qui existe souvent dans une situation désespérée pour qui veut survivre malgré tout et dans lequel on se jette corps et âme.
Il souffle, mange, fume et dors histoire de se requinquer puis sort de la cave voûtée lorqu’il estime qu’il peut le faire sans trop de risque.
Pour le sauvetage du jeune homme blessé, il utilise la même technique de travestissement d’identité que pour lui même en mettant son bandage tâché de sang à la main d’un mort. Cet acte de solidarité lui donne d’ailleurs son passport pour la suite lorsqu’il croise les deux brancardiers et utilise le pretexte de mener le jeune homme à l’hôpital pour s’éloigner. Il leur donne aussi de faux noms, ce qui prouve qu’il a une grande présence d’esprit.
Le passage de l’explosion de l’hôpital dans le hangar à dirigeables est aussi pour moi très marquante. Quand la bombe coincée dans la toiture est sur le point de faire exploser le gaz inflammable du dirigeable, on voit tout le monde courir vers la porte, la bloquer sous la poussée et ainsi se condamner à une mort atroce. Le seul qui va à contre-courant, c’est notre homme qui anticipe l’explosion et cours se cacher sous une pile de grosses toiles protectices. Il sauve ainsi une fois de plus sa vie par son intelligence.
Ce personnage et son histoire, plus que le reste du film, m’ont interpellé. J’ai toujours été très attiré par les histoires de survivants, pas forcément durs à cuire, mais malins (lire à ce propos ma critique du film Terminator III sur ce même site), et celle là m’a particulièrement touché.
Voilà, c’était ma « critique » du film « Un long dimanche de fiançailles » qui ne portait, je m’en excuse que sur une partie du film. J’espère ne pas vous avoir trop ennuyer.
Bonne journée à tous!
Boudhi’s Friend
Merci bien pour vos commentaires qui sont particulièrement intéressants et qui apportent une vision complémentaire assez riche.
Sincerement ce film est magnifique.
Il m’a pris a la gorge pendant les 129 minutes.
Ce commentaire ne sera certainement pas pris en compte, meme peut etre pas lu, mais peu importe, je veux dire ce que je ressens.
Je trouve le jeu d’acteurs incroyable, epoustouflant !De toute façons le métier d’acteur est un des plus impressionants à mes yeux …
Un fois de plus j’ai adoré Audrey Tautou ; elle ne parle peut etre pas enormément mais son visage , son regard , sa demarche suffisent pour nous plonger dans l’histoire. C’est ca que j’appelle du VRAI talent ! Elle m’impressionne . . . et d’un coté je l’envie.
D’autre part l’histoire en elle même est frappante.Il me semble impossible de ressortir de ce film sans une « marque » , petite soit-elle…
Me concernant, j’ai éteins l’écran et j’ai sauté sur internet pour aller sur le site du film.J’ai tout lu , tout regardé , TOUT! (meme la bande annonce… ce qui entre nous, après avoir vu le film en question , n’a normalement AUCUN interet ! peu importe … ) Le contexte historique est « passionnant », l’horreur de la geurre est bien dénoncé , l’histoire d’amour est magnifique et …si romantique! j’adore! Comme le dit si bien Jean Pierre JEUNET, « Ils forment un couple parfait » .
En tout cas, ce film confirme dans mon esprit , une chose.
Le cinema , c’est vraiment un Art , avec un grand A .
Merci (avec un grand M )
@ Kerlizou.
Votre remarque est elle même un cliché : pour vous, les Bretons font des crêpes !
Intéressant !
N’avez-vous pas remarqué que la Bretagne décrite ici est une Bretagne « de carte postale », et je pense que cela est totalement voulu ! Il aurait pu s’appeler « Loïc » (prénom même pas Breton), mais ce sera « Manech » (encore moins Breton).
Ils n’utilisent pas de « billig » (avec 2 ll, mar plij !)… mais pas de langue bretonne non plus (cet aspect semble vous échapper, il est vrai que les crêpes, c’est plus vendeur !).
Bref, cette Bretagne est aussi artificielle que l’image que vous en avez…
et cela participe au charme du film.
« Amélie Poulain dans les tranchées ».
C’est joli, mais fade et rapidement très ennuyeux.
Comme pour Amélie, on ne s’attache ni à l’histoire (totalement rocambolesque) ni surtout aux personnages, qui sont même franchement antipathiques.
Reste l’esthétisme très original de Jeunet, auquel je ne suis pas insensible. Mais on a la désagréable impression que la forme est privilégiée au fond, dans le cadre d’une démonstration de virtuosité assez égotique.