Elle :
Ce film de Godard fut tourné la même année que Le Mépris. Quelle différence de qualité entre ces deux films ! Les Carabiniers n’est en effet pas son film le plus abouti, réalisé avec des bouts de ficelle et en trois semaines seulement. Il traverse assez mal le temps. La bande-son frise parfois le ridicule. Seul le manifeste anti-guerre reste intéressant. Sous la forme d’une fable satirique et absurde, il met en scène deux hommes auxquels les carabiniers promettent mille merveilles s’ils partent faire la guerre. Ceux-ci se comportent comme des sauvages et rentrent avec des centaines de cartes postales comme trésor de guerre.
Note :
Lui :
Cette dénonciation de la guerre, sous la forme d’une pseudo farce ubuesque, est vraiment bâclée. La bande son et l’image sont épouvantablement rudimentaires, Godard l’a d’ailleurs tourné en moins de trois semaines. Sur le fond, Jean-Luc Godard dénonce bien les méfaits de la guerre et de l’attirance vers l’argent, mais il le fait vraiment sans nuance… Tout sent la précipitation et la rapidité, y compris quand il rend un hommage aux Frères Lumière. Si ce film pouvait avoir un rôle de trublion à jouer au moment de sa sortie en 1963, il revêt beaucoup moins d’intérêt 40 ans plus tard.
Note :
Acteurs: Albert Juross, Marino Massé, Catherine Ribeiro, Geneviève Galéa
Voir la fiche complète du film et la filmographie de Jean-Luc Godard
Voir les autres films de Jean-Luc Godard chroniqués sur ce blog…
pourquoi discuter uniquement des premiers films de j-l godard ?
il est toujours vivant et continue de faire des films (le dernier: notre musique)…
Les carabiniers ? Un des plus beaux films de Godard, un noir et blanc superbe, un misérabilisme assumé, la guerre démystifiée…
je viens de le voir pour la 1ère fois, suis sous le choc. Les moyens sont peut-être rudimentaires et alors ? Je ne dis pas que le film est intouchable… Vous déplorez la bande son : par exemple est-ce qu’une gamme chromatique (ici « bêtement » ascendante puis descendante) jouée sans réelle interprétation au piano est obligatoirement moins intéressante et à sa place qu’un orchestre rutilant et une partition élaborée ? Il y a une idée, claire, ça me semble être l’essentiel
Je ne sais pas quoi dire, mais, pour moi aussi, la vision des « Carabiniers » de Godard fut une révélation véritable. Ce fut la découverte d’un langage libre et libéré qui se faisait au même temps qu’il se montrait. J’ai fait un saut sur ma chaise quand je l’ai vu, dans une petite salle universitaire, à Padoue, à la fin des années soixante. C’est à ce moment même que j’ai découvert la Nouvelle vague. C’est sans doute un film qui a un côté « inachevé », mais qui transforme cet aspect en art (Michel Ange enseigne). Il sais jouer avec les langages du cinéma, il a du sarcasme et de l’ironie, il est dur et doux à la fois. C »est finalement un film qui appartient à une autre planète, un monde disparu.
Je comprends parfaitement votre réaction.
Mais notre commentaire ci-dessus s’applique à une vision récente et le côté « langage libre » ne joue plus aujourd’hui avec autant de force. De plus, certains films déclenchent quelque chose en nous à une certaine période de notre vie, mais cela ne peut se reproduire ensuite.
Autant que je me souvienne, j’avais déjà vu ce film dans les années 70 et je l’avais bien plus apprécié. Il y a comme cela beaucoup de films que nous avons beaucoup aimés dans les années 70 dont une nouvelle vision 30 ans plus tard me fait très peur…
J’aime bien ce film militant qui a vieilli, comme nous …
Les deux femmes sont joués par Catherine Ribéro (la mère je crois) et Geneviève Galea (la fille donc) qui est, dans la vraie vie, la maman d’Emmanuelle Béart.
justement !
cette liberté que l’on sent encore
ces moyens ridicules qui suffisent à faire un film
cette dénonciation franche, naïve et entière
sont ce que nous voyons rarement dans les salles ….
Pourquoi penser qu’il est dépassé, alors qu’il est vrai,simple et percutant sans montrer des trucages dégoulinants, sans chercher la belle image, l’action parfaitement réglée… qui nous empêche souvent de voir et entendre au cinema mais ne fait que nous bloquer, car pris par les sensations nos pensées sont tétanisées…
Vive le cinéma qui nous parle, qui rigole, trottine, boîte, crachote et livre un message qui peut porter et faire grandir
A bas celui qui à force d’être trop policé, disparaît aussitôt le mot fin affiché et nous laisse un vague mauvais arrière goût