Lui :
Un éminent biologiste développe une théorie pour faire adopter l’insémination artificielle afin de faire progresser la race humaine. Nénette, déçue de l’amour après une expérience malheureuse, désire se porter volontaire. La jeune fille descend de son mas isolé de Provence alors que le guindé scientifique organise un déjeuner sur l’herbe pour officialiser ses fiançailles avec sa cousine… Parfois jugé réactionnaire quand il est sorti en 1959, le film de Jean Renoir prend une nouvelle résonnance aujourd’hui : il s’agit d’une fable assez poétique qui fustige le développement scientifique aveugle et prône le rapprochement à la nature. Avec le recul, le film peut paraître étonnamment visionnaire sur certains points. Le titre est bien entendu une référence au tableau homonyme de Manet qui mêle, tout comme le film, nature, sexualité et intellectualisme. L’influence ou hommage à l’impressionnisme est d’ailleurs présente dans le film sous plusieurs formes, ne serait-ce que par cette glorification de la nature que son père, Auguste Renoir, a si souvent peinte (1). Catherine Rouvel peut aussi évoquer certains modèles du peintre. Le déjeuner sur l’herbe est un film plein de fraîcheur et de simplicité, avec une certaine naïveté attachante. Les personnages sont admirablement typés, volontairement avec excès pour certains. Paul Meurisse excelle dans ce style de personnage guindé, pompeux et maniéré ; le film regorge de seconds rôles hauts en couleur. Constamment, de petits détails relance l’humour, la satire. Le Déjeuner sur l’herbe est un film qu’il faut regarder avec un certain abandon pour se laisser gagner par sa grande fraîcheur.
Note :
Acteurs: Paul Meurisse, Catherine Rouvel, Fernand Sardou
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean Renoir sur le site IMDB.
Voir les autres films de Jean Renoir chroniqués sur ce blog…
Remarques :
(1) Le film a été tourné dans la propriété familiale des Renoir, « Les Collettes » à Cagnes-sur-Mer, où Auguste Renoir a vécu les vingt dernières années de sa vie. Jean Renoir était alors enfant.
Si les images sont remarquables, Jean Renoir a été probablement handicapé par le nouveau procédé qu’il testait, celui de filmer avec plusieurs caméras (de 3 à 8). Si ce système permettait effectivement de jouer des scènes avec une certaine continuité, évitant les interruptions et les reprises pour changer de plan, il était trop contraignant sur le placement des caméras car il fallait éviter que chacune ne soit dans le champ des autres. Il avait utilisé ce même procédé sur Le testament du Docteur Cordelier.
* Le berger à la flute est une figuration provençale du dieu Pan, le dieu de la nature et de la fécondité. Il peut être vu comme une façon pour Renoir de se représenter lui-même.
En comparaison avec les véritables chefs d’œuvre antérieurs de Jean Renoir
Celui ci laisse développer un sentiment d’ennui.
Les acteurs ne sont pas au mieux de leur forme difficile de faire autrement car c’est surtout le scénario qui ne tient pas la route
Le burlesque rejoint le grotesque.
Ce film ressemble à un songe,ou l’on frôle le surréalisme mais renoir n’est pas Bunuel.
Il faudrait regarder ce film sans le son, les images de la nature sont particulièrement réussies .
Grésivaudan, ce 9 juillet 2019.
Je suis triste ce soir.
Motif : j’anime depuis déjà plusieurs années un ciné-club pour personnes « d’un certain âge » dans le foyer logement de ma commune.
Ce mardi là, j’avais choisi « Le Déjeuner sur l’Herbe » de ce cher Jean RENOIR, fils d’Auguste et Aline.
Aïe ! Les temps ont diablement changé, et ma mémoire m’a joué un mauvais tour …
Quelle déception !
Scénario, thématique et situations simplistes à l’extrême, dialogues indigents, personnages caricaturaux, interprétation à la limite du ridicule (à l’exception de Paul Meurisse, Catherine Rouvel et Fernand Sardou qui assument sans démériter) !
Et dire que, 50 ans plus tôt, j’avais aimé ce petit film du grand RENOIR ! …
Révision déchirante. Ni la première, ni la dernière sans doute.
Sans remettre en question vos impressions, je pense qu’il est normal de ne pas apprécier de la même façon un film à différentes époques. J’ai pu le vérifier moi-même de nombreuses fois…
De plus, notre état du moment peut influencer notre jugement : par exemple, dans votre cas, vous aviez la pression d’avoir un public et vouliez leur présenter quelque chose de parfait, qui les enchante autant qu’il vous avait enchanté le jour où l’avez vu pour la première fois. Peut-être que si vous aviez regardé le film seul, sans pression, vous auriez eu un jugement différent.
Je ne pense pas qu’il faille en tirer tristesse ou regrets. Faire découvrir des films de tels cinéastes n’est jamais inutile, cela apporte toujours quelque chose à certaines personnes.
En tous cas, moi, je vous félicite d’animer un ciné-club. C’est une noble tâche dont vous pouvez être fier…