Titre original : « No down payment »
Autre titre (Belgique) : « L’homme d’en face »
Lui :
Il faut mieux le préciser d’emblée : regarder Les Sensuels après avoir été attiré par le titre français risque de générer une certaine déception. Cette « traduction » est probablement le fait d’un distributeur qui a pris ses désirs pour la réalité… car il n’y a pas une once de sensualité à l’horizon. S’il est indéniablement moins affriolant, le titre original est au moins plus explicite. Il fait référence au système des ventes à crédit : « No down payment » signifie « sans apport initial ». Car c’est bien de cela qu’il s’agit : le film est une peinture sociale de la bourgeoisie moyenne de l’Amérique des années 50, celle qui adhérait si fortement à cet american way of life reposant sur le crédit, où tout est proposé avec no down payment. Nous observons ainsi quatre couples qui viennent de s’installer dans l’une de ces petites villes résidentielles de bon standing qui poussent comme des champignons. Le film montre bien leurs valeurs, leur désir de progression sociale, la pression de l’argent et des conventions, leurs frustrations en cas d’échec et l’impact sur leurs vies personnelles. Il en est presque documentaire, tout en sachant rester prenant et vivant car remarquablement bien interprété par ses huit acteurs principaux. Un peu maladroitement, Martin Ritt ajoute une note dramatique trop appuyée en fin de film, elle semble bien inutile. No Down Payment est un film étonnamment peu connu, une superbe peinture sociale qui ne manque pas d’intensité.
Note :
Acteurs: Joanne Woodward, Sheree North, Tony Randall, Jeffrey Hunter, Cameron Mitchell, Patricia Owens, Barbara Rush, Pat Hingle
Voir la fiche du film et la filmographie de Martin Ritt sur le site IMDB.
Voir les autres films de Martin Ritt chroniqués sur ce blog…
Remarque :
L’affiche américaine ci-dessus aurait tendance à montrer que cette volonté de sensualiser l’ensemble viendrait aussi des distributeurs américains. Ce qui est amusant, c’est que le producteur aurait demandé à Martin Ritt d’écarter tous les passages trop intimes du roman de John MacPartland… c’est toute l’ambivalence des studios hollywoodiens.
Je ne connais pas ce film de martin ritt, mais en général j’aime beaucoup ce qu’il faisait particulièrement « The molly maguires » ou encore « Stanley et Iris »
Autre recommandation concernant Martin Ritt : l’excellent The Front, avec Woody Allen et Zero Mostel (un de ses derniers films), sur les effets du Mac Carthisme…