Titre original : « Steamboat Bill Jr. »
Lui :
Ayant terminé ses études, le jeune William rejoint son père, capitaine un peu rustre d’un bateau à aubes sur le Mississippi. Plutôt chétif d’apparence, il ne semble pas vraiment à sa place dans ce monde rude. Pour ne rien arranger, il est amoureux de la fille du principal concurrent de son père. Si la scène finale du cyclone de Cadet d’eau douce est inscrit dans les mémoires de tous les cinéphiles, le début du film est aussi très amusant : il faut voir, par exemple, comment Keaton arrive à faire d’une simple séance d’essayage de chapeau une petite merveille d’humour. Les scènes sur le streamer sont aussi pleines de bonnes trouvailles qui permettent à Keaton de montrer tout son talent. Mais le morceau de choix est effectivement cette terrible tempête, qui soulève et emporte tout sur son passage, avec la cascade probablement la plus dangereuse de toute l’histoire du cinéma : alors que toute une façade de maison lui tombe dessus, le jeune William ne doit son salut qu’à la présence d’une lucarne pacée juste au bon endroit. Saisissant! Toute la tempête a été filmée sans trucage (1). Le film n’eut que très peu de succès à son époque. Ce n’est que lorsque Keaton fut redécouvert, dans les années cinquante et soixante, qu’il fut considéré à sa juste valeur. Cadet d’eau douce est le dernier film de la meilleure période de Buster Keaton, celle où il a écrit et réalisé ses films (2).
Note :
Acteurs: Buster Keaton, Tom McGuire, Ernest Torrence, Marion Byron
Voir la fiche du film et la filmographie de Buster Keaton sur le site imdb.com.
Voir les autres films de Buster Keaton chroniqués sur ce blog…
Remarques :
(1) Au départ, Keaton avait prévu une inondation pour la fin de Cadet d’eau douce plutôt qu’un cyclone mais les producteurs refusèrent : après les récentes inondations de 1927, il était malvenu d’en faire un sujet d’humour. Il opta donc pour un cyclone.
Le vent était produit par quatre ou six gros moteurs d’avion, capables à plein régime de soulever un camion. Une gigantesque grue soulevait les maisons. Le pan de maison qui bascule pour tomber sur Buster Keaton était bien réel, en matériaux lourds, et une bonne partie de l’équipe quitta le studio, refusant d’assister à une cascade qui pouvait le tuer : la marge d’erreur était de dix ou vingt centimètres aux épaules (de plus, du fait de ses problèmes personnels et professionnels, ses collaborateurs pensaient qu’il prenait, par dépit, des risques insensés). Il avait déjà utilisé ce gag (mais avec des murs beaucoup plus légers et une marge d’erreur plus grande) dans son court-métrage La maison démontable (One week, 1920) et précédemment avec Fatty Arbuckle dans Back Stage (Fatty cabotin, 1919).
(2) Joseph Schenck, son beau frère, avait annoncé à Buster Keaton qu’il ne produirait plus ses films. Il lui conseillait de continuer de tourner ses films au sein de la MGM. Hésitant, Keaton consulta ses amis Chaplin et Harold Lloyd qui lui déconseillèrent tous deux catégoriquement de signer à la MGM. Et pourtant, il signa et détruisit sa carrière car il perdit toute indépendance : plus question de tout écrire lui-même et d’improviser sur le plateau. Il perdit en outre ses meilleurs collaborateurs que la MGM s’empressa d’assigner à d’autres réalisateurs plus en vue. Keaton fera encore un film comparable aux précédents, Le caméraman, puis sombrera dans l’oubli. En outre, Keaton avait de très gros problèmes personnels.
Le meilleur film de Buster Keaton, là où il est le plus touchant je trouve. Les scènes de tempête sont très spectaculaires.
Je ne sais pas si c’est le meilleur, mais en tous les cas, c’est un de mes préférés avec « le figurant » et « Sherlock junior ».
C’est un vrai chef d’oeuvre qui n’a pas pris une ride et qui en remontre à tous les faiseurs de films qui ne vivent que par effets spéciaux interposés. Je pense à l’inventivité de la scène de la tempête.