Titre original : « The General »
Lui :
Buster Keaton a toujours aimé les trains. Il nous l’avait déjà montré dans Les lois de l’hospitalité, mais avec Le mécano de la « General », il va encore plus loin puisque, cette fois, une locomotive est au centre de tout le film. L’histoire est authentique : pendant la Guerre de Sécession, un commando d’espions nordistes s’empare d’un train en Georgie. Le conducteur, n’appréciant guère qu’on lui vole ainsi sa locomotive, part seul à sa poursuite. Très tôt dans le film, le rythme est particulièrement soutenu ; il ne faiblit à aucun moment par la suite. Les évènements sont nombreux et Keaton est particulièrement inventif pour mettre en place des situations amusantes tout en ne gommant nullement la tension dramatique qui est très forte. La situation s’inverse à mi-film et, loin de répéter, Keaton enrichit encore la poursuite. Le film est à la fois burlesque, dramatique, historique. La solidité de la mise en scène et la façon d’occuper l’espace sont remarquables, les scènes de bataille sont épiques. Toutes les situations et cascades ont été réalisées en grandeur réelle avec un vrai train, pas question pour Buster Keaton d’utiliser des miniatures, y compris dans la fameuse scène de l’écroulement du pont (1). Le film ne rencontra pas tout de suite le succès (2). Ce n’est qu’avec le recul que Le Mécano de la « General » est apparu comme étant bien le plus grand film de Buster Keaton.
Note :
Acteurs: Buster Keaton, Marion Mack, Glen Cavender, Jim Farley, Frederick Vroom
Voir la fiche du film et la filmographie de Buster Keaton sur le site imdb.com.
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(1) Cette scène est dite être la plus chère de tout le cinéma muet. Une seule prise était possible. Keaton utilisa plusieurs caméras. La locomotive est restée de longues années au fond d’une rivière de l’Oregon. Ses restes étaient même devenus une attraction touristique. Elle ne fut extirpée que pendant la seconde guerre mondiale pour récupérer le métal.
(2) Une célèbre critique de l’époque, du journal Motion Picture Classics, le décrit comme une comédie anodine (« a mild Civil War comedy »). Ce jugement est tout de même surprenant mais apparemment assez général.
Autre adaptation de la même histoire réelle :
L’infernale poursuite (The great locomotive chase) de Francis D. Lyon (1956), film d’aventures des Studios Walt Disney
ce film, (musique JOE hISAISHI, de 2004),a été applaudi à sa reprise !
un chef-d’oeuvre
Oui, c’est avec cette musique que je l’ai revu et il est vrai qu’elle est parfaite car elle elle complète le film (sans chercher à s’imposer) : une belle osmose.
Film passionnant, en effet, que ce « General » – je l’ai revu encore récemment et y ai trouvé d’éléments qui ne m’avaient pas frappé à la première vision bien des années auparavant ; notamment la cinématographie particulièrement riche et inventive, dans la façon de filmer les mouvements de foule, par exemple. Je pense sans doute à la même scène que vous (celle de la bataille finale puis du déraillement du train) qui, je trouve, évoque rien moins que « Birth of a Nation » de Griffith, avec une ambition visuelle semblable.
Parmi les scènes et cascades mémorables figure aussi celle où Keaton/Johnnie est assis sur le piston mobile de la locomotive alors qu’elle démarre très lentement, avant de reculer et de le ramener à sa position de départ… La chose était apparemment extrêmement risquée car il était très difficile à un mécanicien, même expérimenté, de faire tourner tout doucement les roues d’une locomotive.
Et comme vous l’écrivez, le film dans son ensemble est particulièrement réussi et ne se limite pas à ces seuls moments. Le personnage indéfectible de Keaton y est vraiment attachant.
Ai revu ce soir Le Mécano de la General (qui a été récemment diffusé sur Arte dans sa nouvelle version restaurée) avec toujours autant de plaisir. Une merveille !
Six ans plus tard, je viens de le revoir une nouvelle fois… 🙂