10 novembre 2009

L’homme qui n’a pas d’étoile (1955) de King Vidor

Titre original : Man without a star
Autre titre  : L’homme sans destin (Belgique)

Man Without a StarElle :
(pas vu)

Lui :
Tourné très rapidement, L’homme qui n’a pas d’étoile n’en est pas moins un western assez fort : King Vidor parvient à donner à une histoire somme toute assez simple une vraie dimension de tragédie. Il y parvient  par son personnage principal, tenu brillamment par un Kirk Douglas qui semble survolté, à la limite d’en surjouer les côtés picaresques et joyeux. Nous sommes en plein Ouest, au moment précis où les premières clôtures barbelées ont fait leur apparition : sur les terres qui n’étaient alors à personne (« open land »), L'homme qui n'a pas d'étoile si ce n’est à l’Etat, certains éleveurs ont commencé à vouloir préserver des pâturages pour leurs énormes troupeaux. Kirk Douglas incarne un personnage comme Vidor les aime, c’est-à-dire un individualiste avec une forte personnalité, sans attache (d’où le titre, l’étoile dont il est question est une étoile du ciel et non une étoile de sheriff), d’abord rétif à toute organisation de la société mais qui devra s’adapter, lui aussi. L’homme qui n’a pas d’étoile est un western qui garde encore aujourd’hui beaucoup de sa force.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Kirk Douglas, Jeanne Crain, Claire Trevor, William Campbell, Richard Boone
Voir la fiche du film et la filmographie de King Vidor sur le site IMDB.
Voir les autres films de King Vidor chroniqués sur ce blog…

Remarques:
* Dans son autobiographie, King Vidor raconte qu’il voyait le film comme un pari : Kirk Douglas n’était libre que pour quatre semaines et il fallut concevoir et tourner le film très rapidement. Le tournage fut bouclé en 22 jours seulement !
* Il raconte aussi qu’il du abandonner le film (il partait en Europe pour tourner Guerre et Paix) avant de tourner la scène de l’emballement du bétail. Il fut très déçu du résultat (il est vrai que la scène n’est pas très forte et tourne court). C’est probablement pour cela qu’il n’a jamais considéré L’homme qui n’a pas d’étoile comme faisant partie de ses meilleurs films. Le film eut toutefois beaucoup de succès, à la fois populaire et critique.

Remake :
Un colt nommé Gannon (A man called Gannon) de James Goldstone (1968), film généralement peu estimé.

6 réflexions sur « L’homme qui n’a pas d’étoile (1955) de King Vidor »

  1. Ce qui est sympa, avec vos chroniques de vieux films, c’est qu’on peut souvent voir que le phénomène des remakes ne date pas d’aujourd’hui. Je ne sais pas si c’est rassurant ou inquiétant. Les deux, c’est possible ?

    Pas vu ce western, mais le titre me dit quelque chose. Merci pour la précision sur l’étoile: ce n’était effectivement pas si évident.

    Bonne journée.

  2. Un film de Vidor ne laisse jamais indifférent ! Et Douglas ne s’est jamais enfermé dans les stéréotypes à la Wayne (avant Ford).
    Ceci dit, je trouve que parfois Douglas en rajoute un peu trop dans le rôle du révolté-ivre-de-liberté-néanmoins-picaresque-et-jouant-de-la-guitare !
    Film intéressant, mais pas inoubliable à mon avis.

  3. J’aime beaucoup ce film, notamment pour le personnage que Kirk Douglas joue avec beaucoup d’énergie (sans avoir peur d’en faire beaucoup, c’est vrai, mais cela s’inscrit bien dans l’atmosphère du film), sans qu’il soit totalement sans gravité, d’ailleurs, mais aussi pour le propos plus approfondi qu’il n’y paraît: le personnage individualiste de Douglas est cependant obligé de passer outre son rejet viscéral (littéralement) des enclaves et des clôtures (et que l’on comprend pourtant) pour aider à la construction de quelque chose, et reconnaît en définitive son côté inadéquat à l’époque. C’est peut-être aller un peu loin, mais ce n’est pas sans annoncer un peu, me semble-t-il, son personnage de « Lonely Are the Brave » de David Miller.
    Et à côté de cela il y a des scènes de comédies très drôles.
    Votre blog est en tout cas toujours intéressant !
    Cordialement.

  4. Complètement d’accord avec Marceau : « L’homme qui n’a pas d’étoile » annonce bien « Seuls sont les indomptés ». « L’homme qui n’a pas d’étoile » est d’abord un projet de Kirk Douglas avant que d’être un film de King Vidor. Sur le tournage les relations entre les deux hommes furent sanglantes et c’est bien Kirk Douglas qui imposa sa patte au film. Douglas a été très tôt « indépendant » vis à vis des studios, ce qui lui a permis de choisir très bien les films qu’il tournait.
    Récemment on a ressorti ces deux films dans un coffret DVD avec en prime « El Perdido », autre western majeur de Douglas qui reprend, mais dans un contexte autrement dramatique la thématique de la liberté et des grands espaces.

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