Titre original : Land of the Pharaohs
Lui :
La décennie des années cinquante à Hollywood fut entre autres celle des péplums. Howard Hawks produisit et réalisa donc le sien. Il a choisi de faire revivre le pharaon Khéops (Khufu en anglais), pharaon dont on ne sait que très peu de choses si ce n’est par ses réalisations architecturales. Dès les premières minutes, où l’on assiste à son retour victorieux de la guerre, le ton est donné : nous avons sous les yeux un grand spectacle avec des milliers de figurants. C’est d’ailleurs sur ce point que Terre des Pharaons est le plus réussi : les scènes de construction de la Grande Pyramide sont grandioses, magiques, à classer parmi les scènes les plus époustouflantes de péplum. Hélas, côté scénario, le film paraît plus faible, l’histoire paraissant trop commune. Il faut attendre la fin pour trouver une certaine tension qui s’achève de façon étonnante et poignante. Hawks n’eut pas la main plus heureuse avec le casting puisque si l’anglais Jack Hawkins est un excellent acteur, il n’a pas tout à fait le physique que l’on attend pour un pharaon, et on ne peut pas vraiment dire que Joan Collins soit une grande actrice. Malgré ses faiblesses de scénario, Terre des Pharaons est toutefois un film qui vaut la peine d’être vu pour ses scènes de construction de la Grande Pyramide. Voir ces scènes ainsi re-imaginées et recréées, grouillantes de monde, est assez magique.
Note :
Acteurs: Jack Hawkins, Joan Collins, Dewey Martin, Alex Minotis, James Robertson Justice, Sydney Chaplin
Voir la fiche du film et la filmographie de Howard Hawks sur le site IMDB.
Voir les autres films de Howard Hawks chroniqués sur ce blog…
Remarques :
1) Près de 10 000 figurants (9787 pour être précis) ont été utilisés dans Terre des Pharaons pour l’une des scènes de construction de la Grande Pyramide.
2) William Faulkner a participé à l’écriture du scénario mais sa contribution est paraît-il extrêmement limitée (à noter que l’écrivain avait déjà écrit plusieurs fois pour Hawks).
3) D’après le site IMDB, l’une des doublures de Joan Collins dans ce film serait la toute jeune Dalida…!
4) Howard Hawks a lui-même critiqué assez durement son film, estimant avoir fait l’erreur de ne proposer aucun personnage qui puisse attirer la sympathie du public. Il est vrai que les seuls qui auraient pu jouer ce rôle (l’architecte et son fils) ne sont que très secondaires. Terre des Pharaons fut un échec commercial et Howard Hawks ne tournera son film suivant (Rio Bravo) que quatre ans plus tard.
5) En réalité, Khéops eut quatre femmes et onze enfants. C’est la seule erreur historique que l’on puisse lister puisque l’on ne sait pratiquement rien de son règne.
Je l’ai déjà dit plusieurs fois sur mon propre blog: j’aime beaucoup ce genre de films et leur charme suranné. 10.000 figurants ! C’est tout de même prodigieux ! Aujourd’hui, on en aurait une poignée, qu’on démultiplierait grâce au numérique. Tout ça n’a quand même pas le même charme…
C’est vrai que c’est dommage que le scénario passe au second plan. Mais j’ignorais que Hawks avait lui aussi donné dans le péplum. Combien de temps celui-ci dure-t-il ?
votre court avis donne vraiment envie de voir le film! je découvre votre blog aujourd’hui, bravo pour tout le travail effectué!
@Martin K : Terre des Pharaons dure 1h30 environ.
Donc, même si le scénario est un peu faible, on n’a pas le temps de s’ennuyer… J’ai hésité entre mettre 3 et 4 étoiles.
@sofie : Merci pour ce gentil commentaire.
Je ne sais pas d’où me vient ma très grande bienveillance à l’égard de ce film, vu plusieurs fois. Un vieux souvenir de « Dernière séance » ? une diffusion télévisuelle un après-midi oisif de semaine ? Quoiqu’il en soit, il a toujours représenté pour moi l’archétype du cinéma hollywoodien, du plaisir du cinéma à l’état pur, l’art d’aller au fin fond des règles d’un genre.
A moins que ça ne soit grâce à l’histoire du tournage relatée dans « Hollywood sur Nil » par Sidney Chaplin (fils-de… et je crois co-scénariste du film), franchement désopilante 🙂 Elle était (est ?) publiée chez Rivage Cinéma en poche.
J’ai recherché le livre : en fait, c’est apparemment un livre de Noël Howard, assistant réalisateur sur le film, c’est bien chez Rivages Cinema Poche.
Merci du renseignement, je crois que je vais l’acheter…
Merci pour votre réponse. J’ai l’habitude des péplums qui prennent leur temps, du type Ben Hur, Quo Davis et autres Chute de l’empire romain.
Mais je verrais volontiers celui-là si l’occasion se présente.
Fourvin m’a pris de vitesse, mais j’allais l’écoquer également: je ne saurais trop recommander la lecture d' »Hollywood sur Nil » de Noel Howard, récit proprement hilarant du tournage du film (mais pas seulement) avec de nombreux moments d’anthologie (les premiers pas de l’auteur dans le monde du cinéma qui font irrésistiblement penser à ceux du personnage de Gene Kelly dans « Chantons sous la pluie », les divagations alcoolisés des scénaristes en mal d’inspiration pour trouver une fin à leur histoire en réutilisant des classiques de films, les figurants scandant « F… Warner Bros » pour tirer les blocs de pierre factices en rythme).
Au delà de cela, il y a un côté réaliste dans la fantaisie dégagée par ce film: je pense notamment à la description du mécanisme de clôture de la Pyramide qui m’avait fasciné étant gamin. Bref, s’il ne s’agit pas du plus grand film de Hawks, ni même d’un chef-d’œuvre, j’aime beaucoup ce film et partage votre analyse!
Autant pour moi : Sydney Chaplin n’est qu’acteur dans le film, je ne sais pas d’où provient ma confusion ! Et l’éditeur est Ramsay Poche Cinéma. Il est à environ 8,50 EUR sur les sites en ligne.
Il faut lire absolument les mémoires écrites par l’un des participants à ce film. Je n’ai plus le titre en tête désolé, mais c’est à mourir de rire ! A un moment, pour faire en sorte que les figurants soient dans la même rythme, il fallait leur faire répéter des phrases (qu’ils ne comprenaient sans doute pas vu que le film a été tourné en Egypte je crois), et un jour Hawks est arrivé alors que des milliers de figurants scandaient des trucs genre « Coca Cola est de la Merde » ou bien « J’emm.. la Warner Brother ».
Quant au film, il est assez spectaculaire, mais les personnages sont un peu palots et le scénario un tantinet vide.
Evidemment quand on regarde le film, on a l’impression que Howard hawks était plus intéréssé à l’idée de montrer les foules de figurants qui construisent la pyramide, plus que tout autre chose. On dirait que dans son esprit, il tentait d’égaler un peu Cecil B. Demille. Mais étant donné qu’il ne s’était jamais approcher du genre peplum, il est normal que le resultat de Terre des pharaons soit ainsi. Si Hawks s’était dès le depart assuré d’avoir des spécialistes scénaristes du genre, Terre des pharaons aurait certainement ressemblé à un Ben-hur ou a un.docteur jivagho où on alterne scenes intimistes et scenes à grands spectacles. Sinon le film de Hawks n’est visuellement pas désagréable à regarder, c’est même un délice visuel incroyable. Mais si seulement les personnages avaient été mieux construits et élaborés, cela aurait donné un film époustouflant!