Elle :
(En bref) Film probablement destiné aux adeptes de Star Trek. Quelques passages amusants.
Note :
Lui :
Galaxy Quest est une variation amusante autour le thème de Star Trek et une façon très originale d’utiliser le fait que cette série télévisée a généré une véritable dévotion chez ses fans (surtout aux Etats-Unis ceci dit, car la série a eu moins d’impact en France). Dean Parisot va nous faire passer « de l’autre côté du miroir »… mais à l’envers : on pénètre dans le rêve. Les acteurs de la série se retrouvent en effet propulsés dans le monde imaginaire devenu réalité. L’humour est très présent tout au long du film, un humour qui joue bien entendu beaucoup sur le décalage et qui retourne beaucoup de situations, un humour qui a le mérite de ne jamais sombrer dans la facilité. Pas besoin d’être familier avec la série Star Trek pour apprécier Galaxy Quest, d’ailleurs bon nombre de grands fans de la série (les Trekkies) n’ont guère apprécié le tableau présenté ; il faut avouer qu’ils ne sont pas vraiment montrés à leur avantage dans leurs conventions. En tout cas, nous, on passe un bon moment.
Note :
Acteurs: Tim Allen, Sigourney Weaver, Alan Rickman, Tony Shalhoub, Sam Rockwell
Voir la fiche du film et la filmographie de Dean Parisot sur le site IMDB.
Voir les autres films de Dean Parisot chroniqués sur ce blog…
Complètement d’accord avec lui ! C’est largement au dessus de Tonnerres sous les Tropiques qui lui délaisse rapidement la parodie pour se transformer en véritable film d’action. Galaxy Quest fait la pari de jouer sur un humour beaucoup plus présent. Dommage que l’acteur principal se prenne légèrement pour Chuck Noris ….
Une excellente comédie qui peut se savourer à plusieurs niveaux.
Comme vous le soulignez, « pas besoin d’être familier avec la série Star Trek pour apprécier Galaxy Quest« . Je l’avais vu il y a… oula, longtemps… et, sans avoir alors vu le moindre épisode de Star Trek, j’avais apprécié sans réserves l’humour parfois burlesque qui parvient malgré tout à se dérouler sur un schéma de réel film d’action ! La deuxième moitié est particulèrement remarquable, dans le sens où l’on finit par se prendre aux situations et à « entrer » réellement dans un enchaînement d’actions et de suspens — tout en gardant un léger décalage humoristique.
Je vais même jusqu’à dire qu’il y a dans Galaxy Quest un petit quelque chose de To be or not to be. Si si. Pas au même niveau de maîtrise, de finesse et d’audace, mais quand même. Car comme dans le chef-d’œuvre de Lubitsch, le sous-texte du film est une ode au métier d’acteur, et met très littéralement des acteurs dans une situation où ils vont véritablement « incarner » leurs personnages et prendre conscience de la beauté de leur art. Car ici, il est vraiment très intéressant de voir comment une troupe d’acteurs ringards et désabusés (vraiment ringards, et vraiment désabusés quant au ridicule du rôle qui les a rendus célèbres, notamment le personnage interprété par Alan Rickman) va progressivement s’investir dans leurs rôles devenus réels et prendre conscience que tout cela reste utile, que ce n’est pas si ridicule, qu’ils ont réellement transformé des vies.
À ce titre, deux scènes clefs doivent être mises en exergue :
— celle de la mort de Quellek, où le Thermien arrive à émouvoir le personnage d’Alan Rickman en lui disant à quel point il a inspiré sa vie ; la réalité culbute alors le cynisme de l’acteur et les répliques-cultes qu’il déteste deviennent émouvantes ;
— la scène finale bien sûr, où la troupe d’acteurs est ovationnée par les fans et savoure ce triomphe non plus en tant que vieux acteurs en tournée ringarde mais en tant que groupe de héros venant de vivre une aventure extraordinaire et de sauver une civilisation (ce qu’ignorent les fans qui les ovationnent — à part quelques-uns — mais peu importe pour eux) ; ce n’est pas un hasard si le film commence avec une troupe cynique et désabusée et s’achève avec la même troupe heureuse et convaincue que ce qu’elle fait est utile. Cette dimension du film dépasse l’humour (pourtant ultra-présent bien sûr, il est au centre du film), elle lui donne une signification profonde et réellement réussie.
Pour tout cela, point besoin de connaître Star Trek.
Mais en revoyant Galaxy Quest après avoir dégusté l’intégralité des deux séries canoniques de Star Trek (la « série originelle » et « The next generation » abrégée TNG), j’y découvre des délices supplémentaires. Car les clins d’œils aux deux séries sont nombreux, vâchards parfois mais toujours tendres en même temps.
Le capitaine est une excellente caricature de James T. Kirk, celui de la série originale — jusque dans les moindres détails, des plus anecdotiques (sa manie de toujours jouer au séducteur, de se battre avec un alien lors des scènes sur le sol d’une planète, de « se débrouiller pour se retrouver torse-nu » [ce qui est ici une éxagération mais qui résume bien le personnage]) aux plus cinglants (le narcissisme, la prétention et les aspects réellement antipathiques de William Shatner, l’interprète de Kirk).
Le scientifique extraterrestre est une synthèse entre Spock de la série originale (pour l’essentiel) et Worf de TNG (pour le physique très différent d’un humain et le régime alimentaire… particulier), et parodie avec audace la période où Leonard Nimoy regrettait d’être réduit à son rôle de Spock (le parallélisme est total, puisque Nimoy lui-même a fini par changer d’avis et revendiquer Spock comme partie intégrante de sa vie, comme en témoignent les deux titres diamétralement opposés de ses deux autobiographies successives).
Même le conflit entre Shatner et Nimoy est reproduit sans complexe (chacun des deux acteurs du film accusant l’autre de tirer la couverture à lui).
Le « pilote » enfant parodie évidemment les saisons 2 et 3 de TNG. L’officier femme qui « ne sert à rien » parodie l’assistante de Kirk dans la première moitié de la première saison de la série originale (et peut faire référence à d’autres pesonnages féminins des deux séries, mais dans ce cas en exagérant beaucoup car, à part Janice Rand au début de la série originelle, aucun personnage féminin n’est à ce point « inutile » dans les vraies séries).
Mais c’est surtout tout un ensemble de détails qui suscitent des éclats de rire chez les habitués de Star Trek. Les décors carton-pâte et les scènes d’action simplistes sur la planète extraterrestre (malgré une animation 3D des aliens eux-mêmes) parodient parfaitement la série originale, dont le kitsch était parfois risible au premier degré. La scène où le capitaine fait le geste de se couper le cou pour demander au personnage de Sigourney Weaver de couper le son fait référence aux premières saisons de TNG — et cette parodie-là n’est, de fait, compréhensible et drôle que si l’on a vu cette série, c’est l’une des « private jokes » qui échappent à celleux n’ayant pas cet arrière-plan culturel. Le cheminement dans les entrailles du vaisseau moque joliment un « ressort » récurrent de TNG (et les coursives à parcourir à quatre pattes). Bref, une foule de détails qui sont pour la plupart amusants au premier degrés, mais encore plus lorsque l’on connaît leur inspiration des deux séries canoniques de Star Trek.
En tout cas, il faut croire que les « Trekkies » manquent terriblement d’humour puisqu’ils n’ont en génral pas aimé ce film. Car pour ma part, c’est précisément parce que j’apprécie Star Trek (sans en ignorer les défauts !) que je trouve cette parodie remarquablement réussie. Elle se moque, oui, mais à bon escient (tout ce qui est moqué ici mérite vraiment de l’être) et avec tendresse.