Elle :
Un cinéaste que j’aime bien, de bons acteurs, un sujet a priori intéressant et original, une bonne réalisation et pourtant, je ne parviens pas à entrer dans le film. Le montage haché et confus finit par m’irriter.
Note :
Lui :
Un héros très discret est adapté du livre homonyme de Jean-François Deniau : en 1944, un jeune provincial part à Paris où il s’invente un passé de résistant. Il parvient à être promu dans l’armée et à jouer un rôle dans l’après-guerre. Au-delà de la spectaculaire imposture, Un héros très discret est une réflexion sur le mensonge et sur la reconstruction. Que peut-on bâtir sur le mensonge ? Pour traiter cette histoire surprenante, Jacques Audiard utilise une construction particulièrement brillante et enlevée qui alterne entre scènes de l’époque et témoignages actuels de personnes qui ont croisé ce prétendu héros de la Résistance. Ces témoignages donnent un parfum de réalité à l’ensemble alors que (bien entendu) ce personnage n’a jamais existé… Deux niveaux de mensonges donc. Au centre du film, Mathieu Kassovitz livre une interprétation à la fois fragile et puissante de cet imposteur brillant.
Note :
Acteurs: Mathieu Kassovitz, Anouk Grinberg, Sandrine Kiberlain, Jean-Louis Trintignant, Albert Dupontel
Voir la fiche du film et la filmographie de Jacques Audiard sur le site IMDB.
Voir les autres films de Jacques Audiard chroniqués sur ce blog…
Pour ma part, j’ai vraiment trouvé ce film excellent. Mathieu Kassovitz traduit bien, à chaque instant, l’ambiguité de son personnage. Et le phrasé de Jean-Louis Trintignant se passe de commentaires, arrivant à donner au personnage une consistance dans le temps. Finalement, on ne s’ennuie pas, et Audiard arrive à faire passer un très bon moment au spectateur sans utiliser d’artifices techniques ! Un « vrai » très bon film français, (un peu) critique, ce qui avec les années, devient de plus en plus rare il me semble…
Ce film me fascine toujours, pour l’avoir vu au moins 20 fois… l’imaginaire vs le réel, l’abîme du mensonge permanent qui finit par explorer les limites de l’humanité du personnage (lorsqu’il doit commander l’exécution de soldats traîtres),et son basculement jusqu’à l’insupportable… On pense à l’histoire vraie et ahurissante de Jean Claude Romand qui fit croire à sa famille, ses proches, des professionnels, qu’il était médecin chercheur à l’OMS et qui épuisé, finit par assassiner sa famille. Ou à Dupont de Ligonnès…Le désir d’être quelqu’un de bien au point d’aboutir à l’impasse insupportable : avouer que l’on est un imposteur. Ici, la narration, ponctuée de flashs pseudo-historiques, musicaux, chorégraphiques, et narratifs avec les commentaires du subtil Jean-Louis Trintignant, est tranchante, jamais redondante. On peut noter que la période d’après-guerre qui permit d’habiles retournements de veste tant le soulagement d’en avoir fini avec le chaos, est pertinente. Mais peut-on évoquer, avec les précautions qui s’imposent, que Michel Audiard, le père de Jacques, était, dit-on, antisémite, et penser que Jacques s’il ne le savait pas, l’a peut-être compris et nous livre, sur l’histoire écrite par Deniau, sa vision du miroir à deux faces, et, peut-être de l’imposture (sans la portée tragique d’évènements réels évoqués plus haut) ?