Titre original : « The Godfather, part III »
Lui :
C’est contraint et forcé que Francis Ford Coppola s’attelle, 15 ans plus tard, à filmer un troisième film sur le thème du Parrain de Mario Puzo : ses difficultés financières des années 80 ne lui laissent guère d’autre choix. Sur le plan du scénario, ce 3e volet est plutôt plus intéressant que les deux précédents car il montre un homme qui cherche à échapper à son destin, qui tente par-dessus tout d’inverser le cours des choses. Hélas, pour faire bonne figure à côté des deux premiers Parrain, Coppola étire le récit au maximum et nous sommes presque pressés d’en finir alors qu’arrive la plus belle scène, la scène finale de l’opéra, réglée comme du papier à musique (!) La mise en scène est assez fastueuse sans que ce soit, cette fois, de façon trop ostensible. Le fond du propos s’ancre dans le thème de la « conspiration occulte » (des hommes puissants et invisibles tirent les ficelles), théorie qui est devenue très en vogue depuis, mais il faut reconnaître qu’elle ne l’était pas autant en 1990 ; on ne peut accuser les scénaristes d’avoir cédé à la mode. C’était certainement pour Coppola un moyen de donner à la mafia un adversaire à sa mesure et de lancer au passage des piques bien appuyées à l’Eglise. Sur le plan des acteurs, on peut noter la présence au premier plan de la sœur de Coppola, Talia Shire, et de sa fille, Sofia Coppola. Mais le rôle en or, le rôle du jeune protégé que tant d’acteurs convoitaient, c’est Andy Garcia qui le décrocha et il fait là une belle prestation, pleine de vigueur et de colère contenue. Le succès populaire du Parrain 3 fut moindre et le film n’eut donc cette fois aucun Oscar… C’est toutefois, à mes yeux du moins, le meilleur des 3 volets.
Note :
Acteurs: Al Pacino, Andy Garcia, Eli Wallach, Diane Keaton, Talia Shire
Voir la fiche du film et la filmographie de Francis Ford Coppola sur le site imdb.com.
Voir les autres films de Francis Ford Coppola chroniqués sur ce blog…
La trilogie du Parrain de Francis Ford Coppola :
Le Parrain (1972) avec Marlon Brando et Al Pacino
Le Parrain 2 (1974) Avec Al Pacino et Robert De Niro
Le Parrain 3 (1990) Avec Al Pacino et Andy Garcia.
Il est assez difficile de justifier que ce volet soit le meilleur des 3, mais après tout c’est votre avis comme vous le dites très justement.
Par contre les problèmes financiers de Coppoal ne viennent pas de l’échec d’Apocalypse Now (qui fut rentable il me semble), mais de celui de One from the Heart (« Coup de cœur » en français).
Et on ne peut pas dire que le Parrain 3 n’a pas reçu d’Oscars à cause d’un succès moindre au box-office…
Je me permets enfin une remarque: cette trilogie est selon Coppola moins un film sur la mafia qu’un film sur la famille, ce qui la rapproche (toute proportions gardées) des tragédies grecques comme le montre le dénouement de la saga.
Merci pour votre commentaire.
Vous avez instillé le doute dans mon esprit : il me semble que les difficultés financières de Coppola ont débuté avec Apocalypse Now dont le dépassement a englouti toute sa fortune personnelle, « Coup de Coeur » n’ayant fait que l’enfoncer encore plus, le forçant à vendre son studio. Mais, dans le doute, j’ai changé ma formulation.
Pour les Oscars, c’était une petite note d’humour… Pour moi, les Oscars, c’est surtout une soirée mondaine où le tout-Hollywood s’auto-congratule de ses succès commerciaux de l’année écoulée… mais bien entendu, je ne force personne à partager mon avis. 🙂
Bonsoir,
J’ai pu voir les deux derniers volets que je ne connaissais pas. Je souhaitais juste faire quelques remarques sur ce qu’ils m’ont évoqué.
Je me suis demandée ce que le parallèle entre deux époques dans le Parrain 2 apportait à la compréhension de la gestion de la famille : confronter deux styles et donc deux hommes, Vito et Michael?
Une des scènes de famille à la fin du Parrain 2 révèle que Michael, jeune homme, avait d’autres projets; est-ce pour cette raison (il n’avait pas ce plan de succéder à son père) qu’il a été opté par ce dernier? Justement parce qu’il s’était dessiné un avenir – les autres frères semblant quant à eux s’être moins détachés de la famille. Michael semblait donc le plus fort : à savoir prendre et garder la maîtrise des choses.
Le Parrain 3 quant à lui, révèle que l’élimination collective des chefs mafieux (moment récurrent dans les trois volets) répondait au besoin de Michael de défendre sa famille, lui qui a toujours séparé affaires et famille. Ces meurtres étaient-ils donc commis au nom des affaires (ce que je pensais dans les volets 1 et 2) ou pour préserver sa famille?
Ce qui est frappant dans le Parrain 1 et 2 (jeunesse et vieillesse de Vito), c’est cet amour de la famille, qui tranche tant avec le meurtre commandité ou exécuté de manière froide.
En revoyant le Parrain, j’ai compris que la mafia était une organisation importée d’Italie, et non une organisation née aux Etats-Unis dans un contexte particulier. Ils ont importé leur tempérament, leur sens de la famille et de l’honneur, leur manière de faire des affaires. Au grand dam de Michael Corleone, meurtre et honneur/famille sont-ils indissociablement liés?
Enfin, quelle belle histoire d’amour, magnifiquement interprétée par Sofia Coppola et Andy Garcia.
Qu’en est-il de la filiation à l’issue du Parrain 3? Est-ce la fin des Corleone? (je n’ai pas lu le livre).
Merci.