Titre original : « Die Bergkatze »
Lui :
La Chatte des Montagnes n’est autre que Pola Negri, actrice polonaise alors en pleine ascension grâce à plusieurs films dirigés par Lubistch. Elle est le pivot central de cette comédie dite « grotesque ». Dans les montagnes enneigées d’un pays imaginaire, une sauvageonne est à la tête d’une petite bande de brigands qui font la guéguerre à une garnison proche. Un jeune lieutenant, Don Juan notoire, vient juste d’y être muté. Cette situation de départ permet à Lubitsch de partir dans une frénésie burlesque. Il joue beaucoup avec les décors, des décors de poupée assez stylisés et extravagants ; il joue aussi avec la multiplication d’objets ou de personnages (il faut voir la foule de milliers de femmes transies venues dire au revoir au bourreau des coeurs!) Il utilise de façon importante des caches (en rond, en zigzag,…) pour se libérer du cadre carré et l’inventivité est quasi permanente. Il pousse à fond la caricature, appuyant très fort sur l’humour, il ridiculise la guerre de façon vraiment étonnante pour l’époque (au lendemain de la guerre de 14-18) : les soldats se relèvent après avoir pris une balle mais une gifle ou une boule de neige les met en déroute. Tout cela a un petit côté anarchiste ou du moins franchement libertaire ; et c’est sans compter les nombreuses petites notes de sensualité quasi-fétichisante, centrée sur Pola Negri bien entendu. Les cinéastes avaient alors une totale liberté, une liberté qu’ils ne retrouveront jamais plus par la suite. Il n’est donc guère étonnant que, vu aujourd’hui après presque un siècle, La Chatte des Montagnes nous apparaisse comme une comédie totalement débridée.
Note :
Acteurs: Pola Negri, Paul Heidemann
Voir la fiche du film et la filmographie de Ernst Lubitsch sur le site imdb.com.
Voir les autres films de Ernst Lubitsch chroniqués sur ce blog…
Merci pour ce regard juste, sensible et intéressant posé sur ce film incomparable!
Commentaire très pertinent, concis, précis, qui évitant la critique impressionniste dégage bien l’originalité et la liberté incroyable de ce film explosif que n’auraient certes pas renier les dadaïstes et surréalistes, s’ils l’avaient connu !