Elle :
L’émouvante Marie Trintignant interprète avec talent cette jeune mère de famille alcoolique, rejetée par la famille bourgeoise de son mari. Chabrol dépeint avec cruauté les tourments de ces deux riches femmes seules pour qui plus rien ne compte sauf l’alcool et la cigarette. Le conformisme bourgeois, l’hypocrisie, le culte de l’apparence sont mis en pièces. Stéphane Audran et Marie Trintignant forment un duo de choc efficace, bien que parfois un peu poussé.
Note :
Lui :
Ce film de Chabrol m’a plutôt déçu sans doute par ce que tout y est poussé à l’extrême, ce qui empêche de s’attacher aux personnages : Betty est trop alcoolique, trop volage, trop tout ; sa belle-famille est trop caricaturale, tous les personnages (et même les lieux) semblent irréels, hors du temps. Tout ceci met une grande distance entre le film et le spectateur, et gâche le mystère habilement placé autour du personnage principal.
Note :
Acteurs: Marie Trintignant, Stéphane Audran
Voir la fiche du film et la filmographie de Claude Chabrol sur le site imdb.com.
Voir les autres films de Claude Chabrol chroniqués sur ce blog…
Fan de Chabrol et issu de cette bourgeoisie lyonnaise, ce film est remarquable de justesse malgre la satire sévère. Christine Minazzoli comme grande bourgeoise du quartier d’Ainay est plus vraie que nature. Marie Trintignant endosse avec brio l’emploi d’une héroïne chabrolienne: tantôt victime pathétique qui se noie dans uin milieu de faux-semblants mais aussi adversaire redoutable et sans remors dans cette dérive alcoolique dont Stéphane Audran fait les frais. Je me souviens de ce face à face caméra particulièrement poignant du personnage interprété par Stéphane Audran. C’est la confession d’une alcoolique mondaine, veuve sans enfant, qui boit son ennui dans un hotel de luxe, être vain et vide qu’on confond avec le décor et le personnel. Dans un rire désespéré, avant de finir son verre, à la fois ravagée et dans son attitude digne et raide de grande bourgeoise, elle dit à Marie Trintignant: « Ma vie vous savez pour moi elle n’a plus d’importance ». Je me souviens d’ avoir été bouleversé par cette scène qui finit par éclipser la performance de Marie Trintignant dont « Betty » fut pourtant son meilleur film.
Chabrol,apparemment caricatural , semble bien nous dire :si vous ne voulez pas devenir des caricatures n’entrez pas dans le monde ou Betty s’est égarée,mais il ajoute ,finement: ce monde des apparences peut vous révéler ce que vous ne pouviez imaginer de vous-meme.Betty est plus forte que les bourgeois qui l’entourent puisqu’elle rompt avec eux( avec leur assistance économique…)et aussi plus faible puisqu’elle sombre dans l’alcoolisme et la dépression.Elle ne sort de son marasme que par une forme de meurtre:au jeu tragique des chaises musicales,c’est Laure la bienfaitrice qui perd,sans savoir qu’elle jouait ou bien voulant éprouver la fidélité de son amant?Bourgeois ou pas vous ne pourrez pas faire l’économie de votre egoisme si vous voulez simplement vivre.Chabrol ne moralise pas ,il fait le moraliste au sens du dix-septième siècle.
Avant d’analyser ce film et d’en attribuer à Claude Chabrol tous les mérites, il serait bon de se souvenir qu’il n’a fait que transposer en images et de manière très fidèle l’ambiance et la psychologie des personnages de l’excellent roman de Georges Simenon !