Titre original : «Ba wang bie ji »
Lui :
Palme d’Or au festival de Cannes, ce film retrace l’histoire de deux acteurs, très proches dans la vie et partenaires sur scène, sur une période de 50 années qui ébranlèrent la Chine. Chen Kaige joue sur l’ambiguïté de leur relation (ce fut le premier film chinois à parler, à demi-mot, de l’homosexualité), ambiguïté qui vient ainsi former un pendant à l’incertitude politique et aux soubresauts de l’Histoire. La photographie est assez belle, avec toutefois un petit voile brumeux un peu apprêté. La mise en scène est assez académique et tend, du moins en ce qui me concerne, à nous laisser éloigné des personnages.
Note :
Acteurs: Leslie Cheung, Gong Li, Zhang Fengyi
Voir la fiche du film et la filmographie de Chen Kaige sur le site imdb.com.
je trouve votre jugement bien trop tranché,je crois les personnages fort attachants et les couleurs purement merveilleuses et, si je suis ouverte à tous les avis, je trouve néanmoins outrant une critique aussi arbitraire, radicale, brève, voire baclée.
Ce surtout si elle concerne un film de cette catégorie.
Il faudrait que vous m’expliquiez en quoi vous trouvez mon commentaire sur Adieu Ma Concubine « arbitraire » ou encore « radical ».
« Bref », je l’accepte volontiers : c’est l’un des principes de ce blog.
Je suis mitigé également quant à la qualité de ce film. Sans être mauvais – ma photographie et l’ambiance créée empêchent une trop importante critique -, je doute qu’il méritais cet récompense qui marque inévitablement la vie d’un film. Certains le rangent au rang de « chef d’oeuvre », je n’irais pas jusque là, loin s’en faut. Les personnages sont trop peu travaillés, ou plutôt trop facilement cernés, sous quelques astuces qui visent à le rendre compliqué.
Je ne peux pas donner de cote sur 5, et je ne suis pas là pour ça. Mais il faut relativiser cet Palme d’Or, qui n’est pas toujours gage de la plus grande qualité.
Palme d’or ou non, Adieu ma concubine reste un des films les plus forts que j’ai vus. Ces avis mitigés et contrariés me laissent perplexe. Le mien est simple: il n’y a pas de film parfait, il n’y a que des oeuvres qui touchent. Ce film de Chen Kaige fut pour moi (enseignante de lettres et de théâtre) une expérience bouleversante. Et je reprendrai ce qu’écrit le romancier M. G. Dantec (à propos de la fiction en général) : « une oeuvre qui nous fait partager des états limites, où la vie et la mort, le haut et le bas, le bien et le mal, le rêve et la réalité coexistent et se confondent », tel le destin de ce chanteur d’opéra qui est troublé par le personnage qu’il incarne…
Dérangeant, touchant, exquis… Malgré un sentiment de mal aise qui s’installe progressivment, la fin magistrale, à la fois émouvante et cruelle (mélange de jouissance et de souffrance), démontre une fois de plus la fantastique et la remarquable capacité des réalisateurs chinois (auxquels j’ajouterais évidemment Zhang Yimou) à cerner l’intensité des relations (transférentielles) humaines. Un film de toute beauté, jusque dans les sentiments, nobles et purs. Les acteurs (dont Gong Li que j’affectionne particuilèrement), surtout la concubine (incarnée par Leslie Cheung), sont saisissants. Un bel hymne à la tolérance.